De Oulan-Oude : L’âme de la Sibérie, la Russie éternelle

11 mai 2018
Ainsi avons-nous ressenti palpiter l’âme russe.
Quelques tableaux :
• L’amour d’un pays

La Perle de la Sibérie

• La Russie Eternelle

à suivre …

Depuis le Lac Baïkal

«La vie, ce n’est pas seulement respirer, c’est aussi avoir le souffle coupé »

Le 7 mai 2018

Nous voilà arrivés au lac Baïkal. Nous en rêvions, nous avions vu des reportages, lu des histoires de voyageurs ou de touristes bien organisés qui planifient le moindre détail, la moindre visite. Dire que nous ne pensions pas arriver jusqu’ici sans encombre ! Sûr que les dieux ou les esprits sont avec nous.
 

 

Nous logeons dans une guest house un peu de bric et de broc, un peu miteuse dont le propriétaire qui semble bourru de prime abord se révèle bien sympa.
 

C’est pour les russes, l’inter saison mais pour nous tout semble magique.

Ici, nous sommes en pays  bouriate, une ethnie mongole. Les bouriates disent que ce lac est la mer sacrée. On l’appelle aussi « la perle de la Sibérie ».

Il est immense comme toute la Sibérie finalement. 680 km de long, 80 de large, c’est la plus grande réserve d’eau douce au monde, plus que les cinq grands lacs américains réunis. 25 îles sur cette immensité et l’une d’elle nous attire tout spécialement. C’est l’île d’Olkhon, le cœur du chamanisme sibérien, le centre sacré du monde des chamans du Nord, reconnu comme un haut lieu du spiritualisme asiatique.

On dit que l’île est l’habitat des esprits. Khan Hoto Babaï serait venu sous la forme d’un aigle royal (emblème de l’île) et son fils serait le premier chaman. Les mythes et légendes abondent.

Alors au matin, le nez au vent (en fait bien cachés sous l’anorak, les bonnets et les gants) il fait -2 mais le soleil nous réchauffera jusqu’à, au moins 11, sans aucune idée du fonctionnement du bac traversier, du moyen de se déplacer dans l’île, nous allons jusqu’au débarcadère. On nous avait dit qu’il commençait ses rotations le 6 mai et ça tombe bien, le 6 mai c’est aujourd’hui !
 

Il n’y a pas d’engin flottant de notre côté de la rive, mais enfin, un bateau vient d’en face, fendant la glace.

Il débarque une armada de Coréens, presque tous un masque sur le nez. Tiens, on dirait que l’information selon laquelle l’eau et l’air du Baïkal sont très purs n’est pas arrivée partout !


Ce sont ceux annoncés par les deux russes (chauffeurs de bus) qui ont mangé avec nous hier soir.

Un spectacle à lui tout seul. Le traversier fend la glace qui craque sous sa force. Il faut de la patience quand on n’organise rien, mais du temps, nous en avons puisque nous nous reposons ici quelques jours.
 

 

 

 

En 10 minutes de traversée, émerveillés du spectacle nous sommes sur l’île. Il traverse à l’extrémité sud de l’île, « les Portes d’Olkhon » et on aimerait aller à Khoujir où il a des trucs à voir parait-t-il.
Oui, et comment fait-on maintenant ?
Comme on voit plusieurs UAZ, des fourgonnettes soviétiques réputées increvables et qui servent de taxi collectif, on monte dans l’une d’elles.
 


Mais niet, il faut descendre, celle-là est réservée pour un groupe de touristes. La guide du groupe nous dit qu’elle peut nous en envoyer un et nous acceptons l’offre. Mais quand, comment, on ne sait pas ! Ecole de patience vous dis-je. Un bouriate nous fait monter dans une autre et on attend. Le blizzard secoue la fourgonnette, nous sommes à l’abri relativement au chaud et Jean-Luc en profite pour piquer un roupillon.
Après une autre rotation de traversier, un homme au volant de la même fourgonnette que celle où nous patientions, attendant je ne sais quoi, nous prend à son bord et c’est parti pour 40 km de pistes chaotiques, de steppe jaunie après l’hiver, de chevaux sauvages, de maigres troupeaux de vaches.
 

 

 

On descend à Khoujir le village le plus habité de l’île là où vit le roi des chamanes des Pays du Nord qui reste bien caché derrière ses palissades, ce n’est pas la saison des cérémonies.
 

 

Dans le chamanisme il existe trois mondes. Le supérieur, peuplé des dieux, le médian, peuplé des hommes et l’inférieur peuplé des âmes des morts. Les esprits vivent dans les trois mondes et donnent au chaman sa force. Les esprits, ne sont ni bons, ni mauvais et il faut composer avec eux. Un chaman fait ce qu’il veut : maudire ou soutenir mais en aucun cas, il ne peut refuser l’aide qu’on lui demande.

On se croirait en Inde du Sud, hors la largeur des rues sablonneuses. Les vaches cherchent dans les poubelles, les chiens dorment, truffe au soleil et quelques voitures filent soulevant la poussière.
 

On trouve facilement le rocher sacré, le Chamanka, enchâssé dans la baie et dans la glace. D’un côté une plage caillouteuse et de l’autre côté de la baie une longue plage de sable blond où le froid a statufié les vagues sur le rivage. C’est un site d’une exceptionnelle beauté.
 

 

 

Des piliers, comme des totems, enrubannés de couleurs vives, parfaitement alignés appellent au calme et même à la méditation. Ce lieu si solitaire, sur la colline battue par le vent, regardant le lac pris dans sa glace aussi bleue que le ciel, transporte l’âme. On dit, qu’ici les esprits sont si présents que l’on peut leur parler même en l’absence d’un chaman. Je l’ai fait …

Tout semble magique et hors du temps. On nous a dit que juillet et aout était la saison où la foule de touristes était dense. On imagine facilement au regard du nombre d’échoppes (fermées) d’étals à souvenirs (vides) et de restaurants (fermés). Tant mieux tout n’est que plus mystérieux.

C’est très frustrant de ne jamais voir les maisons de bois ou les yourtes. Elles sont toutes, de la plus grande à la plus petite, entourées de haute palissades de bois ou de tôle colorée. On n’aperçoit que le sommet arrondi des yourtes. Sauf la yourte restaurant, fermée, bien sûr.

Nous avons marché sur l’herbe rase, mis les pieds sur la glace. C’était comme une intense respiration.

On trouve une « cantine » open et après un bortch bien chaud et des pelminis, après avoir rencontré un jeune russe de Kazan qui a reçu en cadeau pour ces 40 ans, un séjour sur l’île avec des amis, nous reprenons le chemin du débarcadère, grâce à lui qui nous a trouvé un chauffeur avec un vrai 4×4 et qui a pris des pistes improbables, nous secouant comme des paquets fatigués. C’était tellement mieux que la piste en tôle ondulée de l’aller.

Nous rentrons fourbus et profondément heureux de cette journée.

Ravitaillement à la petite épicerie du village et nous dînons à la table commune. Deux russes mangent aussi et offrent l’oumul, le poisson du Baïkal. Je veux bien croire qu’il est prisé dans toute la Russie mais là, si fumé, si salé, si sec, ce fut dur, très dur …

Les bouriates ont leur propre culture, étonnant mélange de chamanisme, de bouddhisme tibétain, de christianisme orthodoxe, mélange aussi de nomadisme et de sédentarisation.

Ici, au tour du lac, ils sont pêcheurs et bergers. J’ai lu, que, en 1930 sous Staline, ce fut une purge épouvantable, laissant le peuple bouriate exsangue.

J’ai lu (oui, je sais, je lis toujours après avoir vu, ainsi on part vierge de toute connaissance et j’aime bien) que les ethnographes ont découvert que le mot chamane au féminin est beaucoup plus ancien que le mot chaman au masculin. Il apparaît donc comme certain que les premiers chamanes furent des femmes. Super hein ? J’ai lu aussi que leur chant qu’on appelle joiks ressemble au bel canto.

Mais nous n’avons entendu que le sifflement du vent, le son cristallin de la glace qui fond sur les berges, le fracas des plaques heurtées par le bateau, le cri des mouettes et notre cœur est rassasié.
 

 

 

 

J’ai cru que la steppe était comme un espace sans vie, que les arbres, rares, que l’on aperçoit étaient morts, brûlés par le feu et par le gel.

Pourtant aujourd’hui notre grande randonnée nous menant sur un autre versant et où l’on voit le lac dans son immensité m’apprend que la steppe est bien vivante. Des fleurs sauvages mauve ressemblant aux colchiques, des lichens, des minuscules fleurs blanches et jaunes, parsèment l’herbe jaune. Elle sera verte dans plus d’un mois. Et ces arbres aux minuscules bourgeons, portant des petites pommes de pins et des fleurs ou fruits, je ne sais pas, me disent qu’eux aussi sont plein de vie.
 

 

 

 

 

 

 

 

Nous avons adoré marcher. Ça vous épate ? Nous aussi.

A l’heure où j’écris ces lignes, la journée touche à sa fin. Jean-Luc ronfle paisiblement. La révision de la moto attendra, parce que de toute façon, s’il y a un mécanicien, il n’y a pas d’huile. On fera ça plus tard, parce que plus tard est un autre jour …

Ce que Jean-Luc a aimé :

  • Filmer la glace qui se rompt sous la force du bateau et le son puissant que l’on entend si bien
  • Ecouter le son infime et cristallin, comme un léger tintement, de la glace qui fond sur la plage
  • Rire en comprenant que le vieil homme mongol au visage buriné comme du vieux cuir nous avait observé crapahuter des heures jusqu’au sommet de la colline nous souhaitait de bien dormir. Je crois que des dizaines d’yeux nous ont vu derrière les palissades. Ce n’était pas difficile de repérer deux bonnets rouges dans le désert absolu de la steppe.
  • Voir ce petit cimetière posé sur la steppe avec des tables de pique-nique et sur les tombes, des assiettes et des verres

 

Ce que Dominique a aimé

  • Marcher sur la glace, quelques pas.

 

  • Croire que les esprits m’ont écouté
  • Découvrir la vie de la végétation
  • Me perdre dans mes rêves en regardant le lac glacé
  • Imaginer le même paysage durant l’été si court
  • Faire bonne figure devant les présents de nourriture offerte à la table commune.

 

  • Photographier n’importe quoi

 

 

Ce que nous n’avons pas aimé

  • Se sentir curieux et avoir le regard « empêché » à cause des palissades
  • Ne pas savoir quels animaux vivent dans tous ces trous creusés dans la steppe. Rongeurs ? Marmottes ? Lièvres ?
  • Ne pas voir de phoques dont la légende dit qu’ils sont arrivés par un canal souterrain venant de l’océan Arctique et en règle générale pas d’animaux en dehors des chevaux et des vaches. Ni grue de Sibérie, ni tigre de Sibérie, ni ours de Sibérie et pas la queue d’un mouflon des neiges.

La suite, la prochaine fois et comme toutes les fois, nous vous remercions pour vos messages de tendresse, d’encouragement. Quand le découragement est là, ça arrive, nous y pensons et ça nous porte.

A bientôt.

 

Depuis Irkoutsk

  « Le voyageur voit ce qu’il voit, le touriste voit ce qu’il est venu voir »

Le 04 mai 2018.

Effet du climat continental, hier la chaleur était vive avec ses 30° et ce matin, le thermomètre peine à atteindre les 7° à Kansk.
 

Il pleut des cordes. On charge la moto sous la pluie et quand, enfin prêts, nous voulons partir : niet ! la clé de contact refuse de tourner dans sa serrure. On essaie les 3 clés dont celle de sécurité et toujours niet. Nous sommes déjà trempés, et surtout désemparés. Allez, Jean-Luc met de l’huile sur la clé, dans la serrure du démarreur et après moult essais et nettoyages, ouf ça fonctionne. Comme l’étape est de 400 km puisque c’est le désert total entre ici et Touloun, que nous allons prendre 1 h de fuseau horaire en plus et que nous avons perdu 1 heure à ramer, ça promet d’être du sport!

Et bé, non, journée superbe et passées les trois heures de pluies diluviennes, on savoure le spectacle. 400 km de forêt boréale ou ce qu’on appelle en Russie, la taïga. C’est comme si nous allions de Lyon à Paris sur une route parfaite entourée à perte de vue de forêt. Sapins, épicéas, aulnes et bouleaux, le parfum des pins se glisse sous le casque, les nuages roulent dans le ciel, c’est absolument magique.
 

 

La nuance des troncs ambrés des pins et celle argentée des bouleaux sont un ravissement.

Tous les 100 km, une station-service toute seule puis les rivières d’arbres reprennent.
Il y a aussi des châteaux restaurant routiers qui poussent juste à côté.
 

Nous arrivons à Touloun, dans notre logis du soir, ravis et à peine las. Et heureusement qu’on ne sait jamais à l’avance ce qui va arriver sinon nous n’avancerions plus …

Parce que la route du lendemain, a été un peu, beaucoup, un cauchemar.

Touloun – Irkoutsk

Il ne pleut plus, le thermomètre frôle les 9°, c’est parfait, et même le ciel se permet des nuances de bleu.

Nous partons confiants. Nous savons que les entrées et sorties de ville sont piégeuses avec leurs nids de poule et leurs ornières et, en effet, en reprenant la transsibérienne, tout va bien, sauf que ça ne dure pas longtemps et même si les travaux de réfection sont en cours, ce sont des dizaines et des dizaines de kilomètres de pistes puis de route « peignée ». Le blizzard souffle en bourrasque et le jeune mongol de la station-service nous prévient que ça va durer trois jours. Merci bien !
  

Jean-Luc est un pilote d’exception, moi, j’vous l’dis. Il maintient et réadapte la moto à chaque bourrasque, on roule entre 30 et 60 km/h en fonction de la chaussée et on avance.

La forêt boréale est derrière nous. Ici durant les 400 km, ce sont des champs cultivés de terre encore brune où apparaissent comme un duvet des pousses vertes.
 

 

 

Je ne suis pas marseillaise hein les enfants ! Jean-Luc est témoin et c’est bien 400 km de champs, à l’ouest et à l’est à l’infini, tout comme au nord et au sud.

De temps en temps, tous les 50 km surgit un village rural, un enchevêtrement de toits d’isbas, noircies, encloses derrière les palissades. La vie des moujiks n’a guère changé depuis des lustres. Ils sont passés de la férule des tsars à celle des kolkhozes, puis à la privatisation donnant la terre si durement travaillée sous cette latitude à de gros consortium aux yeux plus rivés sur les tableaux de rentabilité que sur la réalité tant écologique qu’humaine. Nous avons appris qu’il reste encore quelques kolkhozes dont l’un immense appartient à l’opposant politique communiste du parti unique du président actuel et qui ne l’a pas emporté lors des dernières élections, mais ça, vous le saviez.

Dans les années 1775, la guerre des paysans, jacquerie des cosaques de l’Oural a atteint aussi la Sibérie; rejointe par les popes et les moines et après une féroce répression, le noms des villages et des régions a été changé (on met tout sous le tapis, y’a rien eu) . Ceux qui le souhaitent peuvent lire le bouquin de Pouchkine « Histoire de la révolte de Pougatchev »

Bref, après y’a eu les kolkhozes (économie collective) où les kolkhozniks étaient payés en part de production et avaient droit à 4 000 m2 de terre pour eux et du bétail, bien mieux que les sovkhoses lancés par Staline où les paysans étaient salariés.

Autrefois moujiks, donc libres et pas esclaves, peu à peu, ils deviennent asservis malgré tout et ce sera le tsar Alexandre II  qui abolira le servage en 1800 et quelques.

Beaucoup plus tard, les paysans, au moment de la Révolution russe de 1917 attendaient beaucoup du nouveau pouvoir bolchevique et ensuite en URSS les moujiks sont considérés comme « des petits bourgeois  au pire sens du terme, sans aucune culture, sans aucun sens de l’état » (phrase de Maxime Gorki)

Bref, z’avez vu, j’apprends tous les jours….

Dans la Fédération de Russie actuelle, le terme moujik est péjoratif et désigne le russe moyen.

Nous, ce que nous avons vu, c’est que, finalement, les conditions de vie des paysans n’ont pas beaucoup changé quand on voit leurs villages si pauvres perdus au milieu du gigantisme des champs. Des isbas branlantes, des palissades qui s’écroulent, quelques vaches étiques qui paissent dans l’herbe jaune, gardées par des cow-boys ou des gauchos ou le terme russe que je ne connais pas, quelques moutons et parfois des poulaillers géants qui, à mon avis, n’appartient pas aux personnes du village.
 

 

Bref, la journée arrive à sa fin et c’est complètement rétamés que nous arrivons à Irkoutsk, fiers et heureux parce que le nom de cette ville résonnait comme une victoire d’aller à 10 000 km de chez nous si près du lac Baïkal mythique à plus d’un titre.

Je vous raconterais quand nous y serons, je dis juste que si l’on dit à un russe : « Lac Baïkal » il répond « Baïkal ! Amour toujours !» (sic !).

Place à Irkoutz

Prenez Wikipedia, le Lonely Planet et vous serez sûrement mieux informé.

Mais, je vous l’assure pour le voir avec nos yeux, c’est un coup de cœur total.
 

 

  

 

 

 

 

 

Irkoutsk est une ville de Sibérie orientale dont l’emblème est un tigre. D’ailleurs, j’ai oublié de dire que chaque ville à son emblème, un cheval volant (non pas Pégase), un lion, un phoque etc. … Ses collines sont couvertes de taïga et elle a été fondé en 1652 avec le commerce de zibeline puis les mines d’or. Ville prospère puis théâtre de combats affreux entre les « blancs » et les « rouges », elle nous semble paisible aujourd’hui. Elle a un climat subarctique et est couverte de neige 160 jours de l’année, ce n’est pas beaucoup en rapport à d’autres villes sibériennes mais paraît que ça caille dur (-45°). Pour nous, il fait beau et tiède et on adore l’ambiance, l’architecture des maisons en bois, en brique, de l’ancien et du moderne.

On dirait qu’ici les gens sont nonchalants. Les nombreux visages asiatiques sont maintenant bien présents. Mongols, chinois, coréens et japonais.

Les touristes européens ne sont pas arrivés, mais ils doivent être nombreux en juillet-aout parce que les panneaux indicateurs des lieux à voir sont écrits en russe, en anglais et en chinois ou japonais, on ne sait pas. D’ailleurs, c’est peut-être du Coréen !

Nous nous baladons dans le centre historique classé au patrimoine de l’Unesco, on traverse un parc au bord du fleuve, tiens ! la statue de Youri Gagarine (enfin juste sa tête, pas le buste !). On mange des pelmenis (j’ai retenu le nom des raviolis russes dont je raffole), des salades d’ici avec du chou et de la betterave, coupés en fines lamelles.
Le vent souffle et à pied, en dehors d’avoir les cheveux ébouriffés, ce n’est pas trop gênant.

L’art a une grande place en Russie et ici comme dans toutes les villes, les théâtres abondent et, en plus, les édifices sont beaux comme le théâtre dramatique.
Saviez-vous que le danseur étoile Rudolf Noureev était né ici ?
Sans oublier les églises orthodoxes russes. Des bulbes, parfois des flèches dont l’or semble fondre au soleil.
  

 

Oublions Lénine, voici le tsar Alexandre III
Youri et sa collerette de scaphandre

  

 

Une ville où nos pieds ont bien marché, heureux de flâner sans se presser.

Ce que Jean-Luc et moi avons aimé :

  •     La forêt boréale
  •     La solitude sur la route et même la pluie
  •     Le subterfuge de Jean-Luc pour contrer le judas sur la porte, où l’on peut voir des deux côtés ! (Faut prendre de la cire à moustache, un morceau de PQ et le problème est réglé)
  •     La ville d’Irkoutsk
  •     Déguster une draniki et un bœuf Stroganoff
  •     Photographier n’importe quoi.

 

 

 

 

 

Ce que nous n’avons pas aimé

  • Les vendeurs d’ours empaillés (c’était il y a quelques jours et j’avais oublié d’en parler), les vendeurs de renards empaillés.
  • La route infernale et se faire dépasser par la droite sur une piste « champ de trous » où maintenir l’équilibre de la moto est un défi à chaque seconde.
  • Quand en plus le blizzard s’en mêle, « mais qu’est-ce qu’on fait là ! »

La suite bientôt, de la « Perle de la Sibérie », le Lac Baïkal, magique, étonnant, déroutant, imprévisible, du pays des Bouriates …

Depuis Touloun à propos de Novossibirsk

2 mai 2018

Voilà, je prends le temps de vous raconter Novossibirsk parce que ce moment restera pour nous inoubliable.
C’est la capitale de la Sibérie à 2 800 km à l’est de Moscou. C’est la 3ème plus grande ville de Russie et la principale métropole russe à l’est de l’Oural. Ville de contrastes.
 

 

 

  

Vous nous demandez comment avons-nous fait pour passer cette journée en langue française.

L’année dernière dans notre Bourgogne et dans le Morvan est venue Natalia et un groupe d’élèves du Gymnasium 16.

Nous étions allés voir leur spectacle. Une dentelle d’art, de danse et de poésie dans notre belle langue. Nous avions rencontré Natalia et elle nous avait donné son adresse mail et l’adresse du Gymnasium lorsque nous lui avions parlé de notre projet.

Durant le voyage vers Susdal nous lui avons écrit et elle était ravie.

Mais impossible de lui dire 4 000 km avant, le jour précis de notre arrivée. Natalia nous dit qu’elle repart pour une tournée de spectacle du 26 avril au 6 mai …  chez nous ! Nous sommes arrivés le 27 avril … chez elle.

Mais, mais, mais c’était sans compter sur Olivier, professeur de français au Gymnasium qui, au pied levé, a pris le relai! Il vit en Russie depuis 7 ans, sa femme est une scientifique et il n’a nulle intention pour l’heure de revenir en France sauf pour les vacances d’été.

Un grand merci à Olivier qui nous suit fidèlement. Il est venu nous chercher à notre hôtel. Et voilà le gymnasium 16

Nous avons passé la matinée à l’école qui accueille les enfants de l’équivalent du CP jusqu’en troisième. Olivier a organisé une mini conférence où nous avons raconté notre voyage et répondu aux questions des élèves.
 

 

Nous étions heureux et les jeunes étonnés et ravis.

Je suis épatée et ébahie de la qualité du français, de l’aisance que l’on ressent chez eux et au sein de l’école.
 

Tellement de différences avec nos écoles.

Quand les élèves arrivent, ils vont au vestiaire (tout comme dans les autres lieux d’importance, les théâtres, la bibliothèque) et changent de chaussures. Ils ont cours soit le matin, soit l’après-midi et le reste du temps, soit le matin, soit l’après-midi est du temps consacré aux arts, au sport. Nous avons suivi un instant un cours de français d’enfants de dix ans. Il étaient 9 en classe et je comprends pourquoi l’enfant append vite et bien.

Un mot sur Kostia, ce jeune garçon qui s’entraîne 6 jours sur 7 au biathlon, il m’a émue et je ne saurais dire pourquoi. Son sourire, son regard plein de force, je ne sais pas. J’avais une p’tite tour Eiffel porte-clé dans la poche, je lui ai donné, il a mis les mains sur son cœur et a semblé bouleversé autant que moi.

Nous sommes allés au musée de l’école fait par les enfants. Et tout un groupe d’élèves a expliqué le musée Normandie-Niemen à la gloire de l’escadron éponyme. C’était des français. Les élèves récoltent tous les témoignages de cette époque, ils sont exposés dans les vitrines. Je n’imagine même pas un élève français s’impliquer au sein de son école à la création d’un musée !
 

 

 

 

Invités ensuite à la cantine où nous avons déjeuner avec d’autres professeurs, nous en sommes encore tout étonnés.

Le Gymnasium compte 1 500 élèves et la cantine semble petite. On apprend ainsi que la cantine est ouverte dès 9 h du matin et les enfants viennent manger quand ils le veulent, durant les inter cours ou avant de commencer l’école. Les parents peuvent venir manger avec eux s’ils le souhaitent, du reste, il y avait des mamans qui étaient là avec leurs petits.

Puis et encore merci Olivier sans oublier Alice en stage FLE en Sibérie pour 6 semaines, nous nous sommes promenés dans la ville. Le parc de la Victoire où des allées parfaitement rectilignes sont plantés de sapins. Un par héros décoré de l’équivalent de la Croix de guerre. Il y avait un camion avec sa rampe porte missile qu’on appelle « orgues de Staline » (sans les missiles), un avion, un char et c’était surprenant de voir tous ces gamins qui jouaient dessus.
 

Le 9 mai, la fête sera immense, comme dans toute la Russie, avec des parades et des défilés des descendants et parents qui portent la photo en pancarte de ceux tombés à la guerre. Ils sont 25 millions en Russie à être morts ainsi durant la deuxième guerre mondiale et ça me peine de m’apercevoir que l’on parle toujours de l’aide américaine, du débarquement et quasiment jamais de l’aide Russe sur le front de l’Est. Je le savais pour l’avoir appris, mais comme ça, si brièvement.

Et l’après-midi continue. Hop le métro.

Nous nous laissons porter par notre guide chaleureux. Nous avons rendez-vous à la bibliothèque régionale de Sibérie avec le groupe de conversation française.

Un bonheur. Autour de la table plusieurs femmes et un homme et nous bavardons à bâtons rompus, de notre voyage, de notre ressenti. Un débat très ouvert et une véritable curiosité. Du thé, des gâteaux, du chocolat, des rires, des sourires, des questions, les leurs, les nôtres.

 

 

Et l’après-midi court, court. Nous récupérons les anoraks au vestiaire et partons découvrir la ville. Olivier, Alice, Tatiana et deux autres dames du groupe. On a admiré le grand théâtre bien plus majestueux que le Bolchoï, les statues de Lénine et guerrier de la révolution, immenses, massives, un parc d’agrément et de manèges, ainsi que le théâtre où se joue des comédies.

Et n’oublions pas Lénine.

 

 

 

            

 

 

 

J’ai beaucoup parlé avec Tatiana. Son grand-père était un ancien déporté au goulag. Il a rencontré sa grand-mère et depuis la famille s’est construite en Sibérie.

Les gens restent très secrets sur leur vie privée et peu racontent même leur quotidien. Comme si c’était des restes liés à leur Histoire. Cette attitude commune à tous ceux que nous avons rencontré explique en partie, à mon sens, pourquoi d’un prime abord, les russes peuvent sembler froids ce qui n’est pas du tout le cas passé le cap des premiers instants.

C’est volontairement que je ne livre pas ce que l’on m’a confié devant le tombeau des bolcheviques, peut-être que la personne ne souhaite pas que ce soit sur un blog et en tout cas, par respect je ne le dirais pas ici.

En fin de journée nous avons repris le métro et quand Olivier s’est bien assuré que nous retrouverions notre chemin, nous nous sommes séparés.

Une journée superbe grâce à un homme d’une incroyable gentillesse et qui nous a offert tout son temps.

Une bulle de bonheur

Merci Olivier …

Depuis Krasnoïarsk, de Kazan à Novossibirsk

Lundi 30 avril 2018

« Voyager, c’est l’aventure, celle qui laisse des traces dans l’âme »

Et aujourd’hui, c’est ton anniversaire Rémy !

Que de jours passés depuis les tatars.

Alors je repars quelques jours en arrière.

Nous avons quitté le Tatarstan sous un froid sec de -2° à 4° mais nous sommes contents parce que le soleil est de retour.

Nous roulons vers Naberezhnyc Chely au bord du fleuve Kama. C’est fou tous ces larges fleuves dans ce pays. C’est une ville sans charme, là où sont fabriqués les camions Kamaz. C’est un bassin d’emploi énorme et donc la ville est énorme.

Mais divine surprise nous trouvons un mini-hôtel de trois chambres. Etonnant concept très agréable et économique. Notre chambre est lumineuse, d’une propreté incroyable. Le nom doit y être pour quelque chose « Swiss Hôtel » et c’est suisse jusqu’aux prises de courant.

Nous refilons dès le lendemain vers “Y Obarré A”, lire Ufa, la capitale de la Bachkirie, encore une petite république restée dans le giron de la fédération de Russie.

Une route aux allures de piste. On saute, sursaute, tressaute sur une chaussée gondolée et trouée. Ce ne sont plus des nids de poule mais des marmites.
 

On s’arrête grand luxe ce soir tant nous sommes épuisés. L’Holiday Inn au prix d’un Formule 1 de chez nous.
 

En Bachkirie deux langues officielles, le russe et le bachkir et comme nous ne comprenons ni l’une ni l’autre ce n’est pas vraiment gênant.

Entre l’Oural et la Volga, c’est une petite république de collines et de plaines au sous-sol riche en pétrole si l’on en juge par ces pompes qui, inlassablement lèvent et baissent leurs bras. Peintes de couleurs vives comme les maisons aux toits rouge ou vert pétant et c’est une bonne idée de colorer ainsi la terre brune riche des récoltes à venir. Les labours et semis sont faits avant la neige qui reste encore en large plaques épaisses.
 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ufa a son  goum  comme dans presque toutes les grandes villes. Un lieu immense, plein de boutiques et un supermarché. C’est là que nous nous ravitaillons.

Choisir légume ou fruit en lettres de Cyril …

Nous dînons souvent en posant une serviette sur le lit. Pique-nique quoi !

Ce soir-là, à Ufa, nous assistons à une course poursuite d’un jeune par la sécurité. Les hommes de la sécurité ont un flingue et le casque, Outchhh! Il faisait hyper froid, j’ai eu hyper chaud tout d’un coup.

Nous avons maintenant 3 h de décalage avec la France.

Il faut repartir et c’est un défi, une lutte contre nous même. Il fait froid, si froid et la route est décourageante.

Si j’ai le moral en berne, Jean-Luc dit : « eh ! on est là pour notre plaisir » et je me sens mieux. Quand c’est lui qui est brisé de fatigue je dis « eh ! on est là pour notre plaisir » et ça va mieux.

Le mieux c’est de s’arrêter pour alimenter la chaudière pour mieux lutter contre le froid. Un café américano (il y en a partout) et une saucisse chaude ou une soupe et en route …
 

Les distances entre les villes sont gigantesques et c’est parfois compliqué de trouver un logis pour l’étape mais quand on coupe le moteur, quel ouf et quel enthousiasme renouvelé.

Ainsi nous quittons l’Oural méridional sous la pluie, quelle barbe et dès lors nous quittons la Russie européenne.

400 km de désert absolu, comme nous aimons.

Le ciel s’éclaircit, des hautes herbes jaune courbées par le vent, des lacs et des lacs bleus de glace. Il fait 8 ° et des gens pêchent dans le trou de glace.

Et il repleut, pleut sans discontinuer.

Voilà enfin Kargan, une autre ville géante. On tourne, on cherche l’hôtel salvateur. Voie sans issue.
 

Nous sommes dans le quartier des hôpitaux, cliniques, labo, bref que du médical.

Deux jeunes russes, l’un avec des béquilles en bois sous les aisselles et son copain venu le chercher nous viennent en aide.

Je fais le geste dodo les deux mains jointes sur la joue. « Da, da ». Je monte dans leur voiture, Jean-Luc suit à moto. Je me retourne sans cesse pour voir s’il est bien derrière nous.

Et nous voilà à l’hôtel. Accolé à un centre de radiologie et dans la cour d’un vendeur de fauteuils roulants et accessoires, on aurait pu chercher longtemps.

A sent le médicament mais c’est tout propre.

Demain est un autre jour.

Voilà la Sibérie

Dès Ischim nous entrons en Sibérie. C’est la fin de la route européenne 22 qui commence en Grande-Bretagne, passe au Pays-Bas en Allemagne et termine sa vie d’Europe.

A la station-service qui me sert aussi de pause clope (oui, je sais, j’aurais dû profiter du voyage pour arrêter de fumer.) surgissent comme des diables hors de leur boîte des grands gaillards bardés de cuir avec un poignard attaché à la cuisse.
Eh Jean-Luc, tu me vois ? J’ai une trouille terrible. Ah, voilà, je vois mon homme et les gaillards aussi. Ils s’étreignent en frères d’arme et finissent avec des tapes dans le dos. L’un parle anglais.

« Vous êtes crazy, nous sommes aussi motards mais pas maintenant, fait trop froid » « Bravo les français, vous aimez les russes ? »

Et on bavarde ainsi, on sort la carte routière, Jean-Luc montre la route.

Les gars n’en peuvent plus d’étonnement, ils rient. Super moment.

Ils offrent le béret du Che à Jean-Luc qui se doit de le coiffer illico, une bouteille de vodka et un drapeau. Ils disent qu’ils sont les loups de la nuit et nous souhaitent bonne route, grâce à Dieu.

J’ai fait des recherches, c’est un groupe de motards actif en Crimée, politisés depuis 2014. Leur chef est très proche du président et ils sont patriotes orthodoxes et communistes. Vaste mélange.

Et ainsi coulent les jours. Rencontres insolites, éphémères ou rencontre avec nous-mêmes.

La Sibérie dépasse l’imaginaire et il faut voir pour comprendre.

Quand les russes parlent de Russie éternelle, je ressens aussi cela. Un monde d’une solitude et d’un silence si grand qu’il semble figé dans le temps.

Taïga, steppes, bouleaux et l’horizon inaccessible. Oui, c’est ça l’infini…

On comprend pourquoi nul ne s’échappait des goulags. Comment faire ? Il n’y a rien qu’une mer de bouleaux et d’herbes et de neige durant le si long hiver. Tatiana m’a dit : « En Sibérie, si tu survis, si tu t’adaptes, après tu restes. Ainsi, des anciens du goulag ont fait souche, des allemands déportés, des russes dissidents, des ukrainiens déportés etc…puis les ponts sur les fleuves ont été construits, la voie ferrée transsibérienne était là, et d’autres sont venus s’installer.

Ce que Jean-Luc a aimé :

  •  Les shishi fir (?) des minuscules pommes de pins de la taille d’un dé à coudre confites dans sa sève et sucrées
  • Les routes entretenues par la DDE locale
  • Les pains aux raisins parce qu’en roulant un peu le r, en russe on dit pareil
  • Toutes les rencontres magnifiques avec ceux de Novossibirsk (mais j’y reviendrai)
  • Recevoir un échange de fraternité avec les bikers.
  • Les gens qui viennent spontanément lui serrer la main en faisant le signe pouce en l’air de l’autre main.
  • La disparité évidente entre la Russie Européenne et celle que l’on découvre maintenant, très Asiatique !
  • La sensation d’être au ‘Far Est’, des villes qui poussent très vite et maintenant (pour les dernières constructions) de façon harmonieuse.

Ce que Dominique a aimé

  • Quand il faut mettre du carburant, s’arrêter dans une station Gazprom, elles sont propres, y’a des banquettes orange et je peux enlever mes blousons, ma ceinture, mon tour de cou et … aller aux toilettes (je sais c’est prosaïque mais c’est le quotidien !)
  • Discuter à bâtons rompus en français avec ceux et celles de Novossibirsk
  • Manger des saucisses chaudes mais pas au petit-déjeuner.
  • Comprendre, enfin, que culturellement, les gens restent discrets et peuvent sembler réfrigérants sans un sourire (ça ne se fait pas) et voir que lorsque la glace est rompue ils se mettent en quatre pour nous aider et échanger.
  • Et bien sûr, photographier n’importe quoi.
    Les premières fleurs en bord de route
    Les premiers bourgeons
    Pilotis en béton de 10 m de long enfoncés au marteau-pilon.
    Poteau en bois sur pieds en béton.

     

  •  
  • Une berline de luxe d’un autre temps mise sur une stèle

Ce que nous n’avons pas aimé

  • Les stations services où il n’y a que Kacca (une caisse). On glisse 500 roubles dans la boîte à kacca, on se sert, on s’en va. Le préposé derrière sa grille ne dit ni drasvichié, ni dasvidania, ni spassiba. Je ne dis plus rien non plus.
  • Les trous énormes aux sorties des villes, la chaussée défoncée.
  • Etre pris pour des abrutis dans un hôtel miteux au milieu de nulle part, où la dame nous a littéralement claqué la porte de la chambre parce que nous ne comprenions rien de rien. Expérience très désagréable. Revenir un peu plus tard et dire « miam-miam », montrer l’heure et c’est tout de suite ou nada.

Ainsi nous arrivons à Novossibirsk

Et pour ici j’ai mille choses à raconter. Ce sera plus tard parce qu’il est tard ! 5h de décalage avec la France, bientôt 6

 

 

Depuis la République du Tatarstan

« Cela rend modeste de voyager, on voit quelle petite place on occupe dans le monde »

Vendredi 20 avril 2018

Un mois que nous sommes partis ! Déjà !

Quand on ne s’appelle pas Tesson, Brugiroux ou Bouvier, des voyageurs-écrivains qui me font rêver, c’est un peu difficile de raconter notre vie quotidienne.

Les heures qui coulent sont faites de mille instants passant de l’enthousiasme au découragement, de l’exaltation des découvertes à la fatigue qui brise les forces, de l’émerveillement des lieux à la laideur pluvieuse des endroits que nous traversons. Nous sommes secoués d’émotions constantes.

Nous avons quitté Moscou sous un chaud soleil et le froid revient avec la pluie, ici à Kazan.

Kazan et son dragon emblème.
Cà, c’est une entrée de métro.

Avant d’écrire sur cette ville où nous faisons halte, voilà en vrac des réponses aux questions qui sont posées dans messages et courriels

La vie quotidienne :

En roubles tout est moins cher. 1 euro c’est plus ou moins 70 roubles. Je dis donc tout en euro, ça vous évitera de convertir.

–          L’essence : 55 centimes d’euros
–          Une nuit hôtel ou habitant entre 20 et 40 euros avec le p’tit déj. et le parking (le parking comme pour notre voyage en Inde est la priorité)
–          Le pique-nique dans la chambre : 3 euros pour nous deux
–          Le pectopah (contents quand on a compris que ça voulait dire restaurant, parce que de l’extérieur, on ne peut pas savoir (sauf à St Pétersbourg ou Moscou bien sûr) :10 à 12 euros avec bière ! pour deux.
–          Rien n’est onéreux . Un concombre, quelques centimes, des bananes (d’équateur !) idem.
–          – une soupe (borsh, orthographe ?) 1 euro.

Bref, on tient facilement notre budget. Parfois l’hôtel est très soviétique surtout dans des villes où ne passe aucun touriste parce qu’il n’y a rien à voir, mais alors là, rien de rien. Mais nous on aime bien et c’est là que les gens sont plus ouverts et curieux et topent la main. Dans ces hôtels on a l’impression d’être fliqué. Ils gardent le passeport des plombes pour l’enregistrement, demandent pourquoi il manque des feuilles d’enregistrements entre telle date et telle date (euh, on était chez l’habitant… Non, on ne dit rien, parce que d’abord on ne comprend rien !)

Les bouleaux :

 

Pour les russes, le bouleau fait partie de la vie. Il est partout, des millions, des milliards de bouleaux aux troncs blancs scintillants. C’est le symbole de la Russie et ce qui est le cœur de la terre natale.

C’est un arbre généreux, il sert à construire les maisons, à se chauffer en faisant peu de cendres, à fabriquer des souliers, comme médicament énergisant et diurétique en pressant l’écorce. Au printemps, on recueille sa sève. Un bouleau donne 40 l de sève par jour et ça peut aller jusqu’à 60 L sans meurtrir l’arbre. Voyez, on a creusé la question ! Cet arbre au tronc si blanc (plus il vieillit plus il se tache de noir) vit 150 ans quand, dans nos contrées il peine à atteindre l’âge de 50 ans.

On utilise ses feuilles dans le sauna pour se fouetter car les feuilles libèrent un truc qui agit sur la circulation. Ça, je l’ai lu et le sauna c’est niet, j’ai l’impression que la chaleur arrête mon cœur et il a trop envie de battre encore…

Durant des centaines de kilomètres, les bouleaux sont nos compagnons, comme une barrière blanche protectrice le long de la transsibérienne. C’est propice à la rêverie tant pour moi derrière Jean-Luc que pour lui qui nous mène à bon port.

 

Souzdal, une halte de beauté :

Un enchantement

 

 

Une toute petite ville tellement paisible, tellement élégante. Elle est dans la ronde de l’anneau d’or, bien connue des touristes qui vont à Moscou et en excursions. On a aimé le couvent et ces bâtiments blancs, ces maisonnettes de nonnes en bois, l’atmosphère quasi mystique et le silence qui régnait. Des plaques de neige immaculée et des ruches sous les poiriers ou abricotiers, je ne sais jamais reconnaître un arbre aux branches nues dont les bourgeons sont si minuscules qu’on peine à imaginer les fruits à venir.

 

 

On a aimé la cathédrale orthodoxe sur la colline dont les bulbes d’un bleu marine profond étaient émaillés d’étoiles dorées.

 

 

 

On a marché, longtemps, très longtemps, fait le tour du kremlin, redescendu la pente raide jusqu’à la passerelle enjambant la rivière et rejoins notre logis où la propriétaire charmante nous avait préparé un repas.

La transsibérienne

Chacun a sûrement entendu parler des montagnes russes. Je connais aussi l’expression mais peut-être qu’on pourrait appeler cette route ainsi.

 

 

 

Nous montons, nous descendons sans fin. Une cote raide ou arrondie et une descente vertigineuse ou lente. Parfois la chaussée est aussi lisse que le crâne d’un chauve puis, d’un coup, elle devient rapiécée et cahotante, puis redevient parfaite puis constellée de trous. De temps en temps à quatre voies, le plus souvent à deux voies.  Jean-Luc maîtrise si bien que je ne serre plus les fesses ! Elle traverse des villages désolés, des villes énormes qui semblent surgir de nulle part et, quand on a roulé une centaine de kilomètres entourés des bouleaux, l’impression est bizarre.

Et on s’étonne de lire, loin de la ville, posés là, on ne sait comment Castorama, Leroy-Merlin, en cyrillique et en français. De vastes parking encore blancs de neige et si peu remplis, à se demander comment ces géants du bricolage tirent leur épingle du jeu.

On aperçoit un KFC, un supermarché Attac ! très peu de McDonald et c’est tant mieux, même si on aime bien l’Ecosse.

Puis tout redevient calme et la route reprend. Nous sommes seuls ou entourés de camions, à chaque instant tout change.

 

On bavarde en roulant, on se réjouit de l’étape du soir, on s’étonne de la douceur de l’air, de cette neige épaisse qui ne fond pas sous le soleil.

ET…. Arrêt total. Durant deux heures, avançant mètre par mètre, on ne sait pas pourquoi nous sommes bloqués et la file des camions s’étire sur plusieurs kilomètres. Sur l’autre voie ça file par groupes. On pense accident mais non, c’est un pont en construction ! Après deux heures sans quasiment bouger, nous repartons et pfuuuuuuit, il n’y a plus personne. Où sont les camions et les voitures ? Mystère non élucidé.

Tout ça pour dire que les montagnes russes existent pour de vrai et c’est la même chose pour nos émotions !

Le moral remonte en flèche, quand, longuement nous longeons la Volga d’un bleu laiteux, encore prise dans la glace.

 

 

Et Kazan

Le printemps n’est pas encore arrivé ici. Une pluie fine à la bretonne et un petit 4 ° ne nous empêche pas de partir nous balader. Cette ville peuplée à l’origine par des turcs autour de l’an 1000 est la capitale de la République du Tatarstan. Ne pas confondre avec les tartares (pas le fromage). Elle est restée dans le giron de la Fédération de Russie et avait été annexée par Ivan Le Terrible en l’an 1500 quelque chose. Pour plus de précision y’a qu’à aller sur wikipédia.

 

 

 

 

C’est une ville de contrastes où cohabitent chrétienté et islam. Le magnifique kremlin englobe dans son enceinte cathédrale orthodoxe et mosquée aux fins minarets. C’est le centre religieux musulman de Russie. Dans les rues abondent les restos tatars modernes et restos russes. L’ensemble est surprenant d’autant que l’empreinte soviétique est très forte. On s’est amusé à prendre des photos « it’s so viétik ». Peu de femmes voilées et si elles le sont ce sont de foulards rouges ou fleuris. Le marché ressemble aux souks et flotte un parfum d’épices. Nous voilà au Moyen-Orient ou en Inde ! Sauf que le froid est là.

 

 

Beaucoup d’autres mosquées ou d’autres cathédrales mais stop. Il nous fallait une carte Sim parce que le WiFi ne nous est pas autorisé. On en a trouvé un libre dans la rue pour écrire aux enfants que tout allait bien.

On dit de Kazan que c’est l’Istamboul de la Volga. Et elle est là, prise dans l’étau de glace qui se desserre à peine.

Bref, on a une carte Sim russe, un numéro de téléphone russe mais nous n’avons pas pensé à la faire activer.

Quand vous lirez ces lignes, nous aurons donc trouvé la solution.

Ce que Jean-Luc a aimé :
–          Les brochettes de viande
–          Les samossas
–          La conduite des russes alors qu’on dit qu’ils roulent mal.
–          Les centaines de kilomètres de nature ponctués de petites stations-service où l’on paye derrière une grille comme en Iran. Se demander où vit la personne et si quelqu’un, parfois, bien prendre la relève.
–          La civilité qui veut que les jeunes cèdent facilement leur place dans le métro aux vieillards.

        Ce que Dominique a aimé :
–          L’immensité vertigineuse de la taïga sous un ciel lourd de pluie (même la Patagonie me parait plus petite, c’est dire).
–          La ou les centaines de kilomètres sans âme qui vit et le bruit seul du vent dans le casque. Ce sentiment intense de mélancolie devant cet infini.
–          Enlacer Jean-Luc en roulant pour lui dire comme je suis bien.
–          Trouver l’épicerie ou le supermarket et découvrir des produits inconnus et…du hareng dont je ne me lasse pas.
–          Prendre à la volée des photos ratées mais à 100km/h l’exercice est périlleux. On garde tout, tant pis…
–          Et bien sûr, photographier n’importe quoi

 

 

 

 

Ce que nous n’avons pas aimé :
–          L’accueil parfois glacial dans les hôtels tout laids
–          Oublier d’acheter de l’eau (pas potable en Russie)
–          Avoir le wifi bloqué et qu’il ne soit autorisé qu’aux russes.

On vous envoie des baisers à tous, parents, enfants, petits-enfants, famille, amis et à bientôt sur la route, au pied de l’Oural, aux portes de la Sibérie …

 

Moscou underground

Dimanche 15 avril 2018

On ne peut pas quitter Moscou sans avoir flâné dans ses palais souterrains.
Voici une petite visite des stations de métro les plus remarquables que nous a proposé le Lonely Planet :

C’est simple pour s’y retrouver quand on a compris que ‘OK R à l’envers 6’ est la station Oktober, ouf on aura la bonne direction!

Komsomolskaya
A la gloire des jeunes volontaires qui ont aidé aux premières constructions.

 

 

Prospekt Mira
Station élégante avec ses porcelaines blanches en macaron.

 

 

Novoslobodskaya
Voilà de l’Art Nouveau avec ses 32 vitraux !

 

 

Belorusskaya
A la gloire de la culture, de la puissance économique et de l’histoire des russes.
 

 


Mayakovskaya
La pièce maitresse de l’ouvrage, prisée à New York en 1936.
Dans chaque dôme, un médaillon représentant 24 h en terre de soviet.
La station la plus profonde, à 86 m sous terre. A servi d’abri anti-bombardement, antiatomiques.
 

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Teatralnaya
Ici, à la gloire du théâtre avec habits traditionnels et habits de scène lyrique en porcelaine.
 


Ploshchad Revolyutsii
Ici, on rend hommage aux acteurs de la révolution et ils sont tous représentés en statue.
Toucher le museau du chien donne de la chance aux examens. Nous avons vu des fervents nostalgiques de la révolution faire ainsi une caresse à chaque statue.
 

 
Arbatskaya
Restaurée après les désastres de la guerre en 1941
 

 
Nous avons zappé Kievskaya et Park Pobedy qui nous éloignaient trop.

La sortie du métro Kurskaya
 

Après deux heures sous terre, nous jaillissons à l’air libre et profitons de la rue Arbat.
 

Moment sympa avec des bikers du dimanche !

Nous avons terminé la journée en faisant du repérage pour le prochain film de Batman !
 

 

 

 

 

De Moscou

Samedi 14 avril 2018

« La vie ce n’est pas seulement respirer, c’est aussi avoir le souffle coupé »

Et voilà nous sommes à Moscou et c’est un plaisir de prendre le clavier pour fixer nos mémoires et pour partager avec vous ce périple qui ne cesse de nous surprendre.

St Pétersbourg-Moscou c’est plus de 700km, alors on a pris notre temps.

D’abord à Novgorod dont on dit que c’est une des plus anciennes villes de la naissance de la Russie.

Une ville que, tous les deux, avons encore plus aimé que St Pétersbourg. Une ville emplie de romantisme. Un très vieux Kremlin, le fleuve qui peu à peu retrouve sa liberté. L’accordéoniste qui joue une mélopée si russe, les gens qui flânent et qui parlent avec nous, l’air clair et bleu et si doux, sa cathédrale dans l’enceinte du Kremlin et quand on s’éloigne loin de là, nos pas qui nous conduisent par hasard vers cette vieille église orthodoxe toute décrépie aux fresques à moitié effacées. Un moment de pur bonheur.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

N’oublions pas Lénine!
Mille ans d’histoire sur ce monument

 

 

 

 

 

On the road again

Et tout est étonnement.

Des fumeroles alignées en bord de route dans l’air glacé et ce sont des successions de samovars posés sur des braseros. Puis des énormes têtes d’ours à vendre, puis, encore des peaux d’ours suspendues à des perches de bois.

Plus loin encore, des marchandes de pommes de terre et des marchandes de miel et des marchandes de fruits (?) en gros bocaux.

Et la route se déroule et si je ne cesse d’observer, de me régaler, Jean-Luc se concentre aussi sur les nids de poules imprévisibles. La succession de ces villages dont les vieilles isbas sont posées là, sur un seul rang, est très émouvante. Certaines déjà écroulées et d’autres que l’on a repeint. Toutes ou presque ont un jardinet avec une petite serre pour les légumes.

On choisit de s’arrêter à Torzhok. Une étape dont on a apprécié la vie locale. Nous sommes descendus à pied jusqu’au fleuve avec la vue sur un monastère.

 

 

 

 

Nous avons fait nos achats dans une petite épicerie et bien rit du quiproquo au tabak. Les bureaux de tabac contrairement à chez nous sont très protégés. On ne voit pas les cigarettes qui sont cachées derrière des volets basculants et la grosse affichette « interdit -18 ans » est bien compréhensible ! Nous demandions à la vendeuse où l’on pouvait voir les ateliers de broderie au fil d’or et la conversation était surréaliste :

  • Moi pointant le doigt sur nous deux : « français »
  • La vendeuse arborant un tee-shirt avec un dessin énorme doré : « Moi, Irma »
  • Moi montrant l’extérieur et la ville d’un geste ample, puis touchant son tee-shirt doré avec un regard interrogatif.
  • Irma ne comprend pas, on s’en doute, alors Jean-Luc montre l’or de son alliance et j’effleure de nouveau le haut du dessin doré.
  • Irma rit et nous dit en russe mais on a bien compris : non, non, je ne suis pas mariée.
  • Bon on laisse tomber et j’ai bien eu l’impression qu’elle imaginait que je lui fourguais mon mari.

On n’a pas trouvé d’atelier.

Depuis, on utilise Google-trad et ça plait beaucoup à tous. Les russes font de même.

Dans la campagne, la neige rendait tout virginal, maintenant, avec la fonte, apparaissent, les plastiques, bouteilles et cochonneries jetées abîmant les abords immédiats des maisonnettes. Nous avons souvent vu, à la campagne, en bord de route des larges panneaux avec le dessin explicite, ne pas jeter, utiliser la poubelle. Ce n’est pas gagné…

Bon, c’est pas l’tout mais nous sommes à Moscou alors sans faire le guide de voyages on vous livre nos impressions presque à chaud, et oui, il fait beau et chaud.

Une ville géante d’une propreté remarquable, on dirait qu’elle fait sa toilette. Les rues sont débarrassées des tas de sable et neige mêlée (les routes et rues ne sont pas salées durant ce long hiver mais sablées), les bancs repeints, les rénovations et restaurations vont bon train. Des machines en nombre lavent les larges trottoirs. Pas un mégot, pas un papier, pas une crotte de chien.

La magnificence d’une capitale.

 

J’imagine ma fille qui a marché sur la Place Rouge, qui s’est promenée au Goum quand elle avait 15 ans et vécu ici durant une année scolaire et je me sens bouleversée. Puis ma petite fille qui était là en novembre.

Nous marchons toute la journée les yeux levés vers les coupoles, les flèches, les façades et rions de ces multitudes de faux cerisiers qui il faut le reconnaître sont du plus bel effet et mieux que les palmiers en plastique ornant les entrées d’oasis en Iran.

 

 

 

 

  

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N’oublions pas Lénine!

 

Ce que Jean-Luc a aimé :
–          Le surdimensionnement en diamètre des descentes de chéneaux et le fil chauffant qui en sort en façade de chaque immeuble. Ça laisse imaginer l’importance du gel et dégel.
–          L’échange avec un motard qui avait rallié St Pétersbourg-Moscou en 10 h sur sa KTM enduro, sans craindre la multitude de radars parce que lui, comme beaucoup d’autres motards a perdu sa plaque. Ce jeune père de famille a vigoureusement serré les mains parce que le lac Baïkal est le lieu de Russie qu’il préfère.
–          Le jeu de piste dans le métro pour trouver la Place Rouge et que c’est pas écrit comme ça!
–          Les jeunes femmes qui se font photographier sous les arbres en plastique.


–          Voir les gens qui, maintenant qu’il n’y a plus de neige, plus de verglas, dévorent des glaces !

Lui, c’est une pâtisserie!

Ce que Dominique a aimé
–          Toutes les coupoles qui brillent.
–          Choisir des plats en questionnant avec Google-trad et recevant les réponses avec le même procédé. Que de rires.
–          Ce couple âgé parlant quelques mots d’anglais et dont la femme nous étreint et nous offre une minuscule icône puis nous bénit d’un signe de croix pour protéger notre voyage.
–          Ces petits qui nous entoure, à peine arrivés, ne parlant que russe et pas nous et voulant tout savoir.  On arrive bien finalement à s’expliquer…
–          Ce week-end les gens ont enlevé les pneus à clous alors, p’têtre que, au moins pour l’oblast (région) de Moscou, la neige est finie ! On verra pour la Sibérie…
–          Surtout pas, descendre dans les entrailles de la terre par des descalator géants dans le métro.


–          Mais surtout photographier n’importe quoi !

 

 

 

Ce que nous n’avons pas aimé :
–          Les préjugés tenaces que nous avions, comme beaucoup sur la Russie :

  • La route est bonne presque partout et en tout cas, comme chez nous.
  • La M10, cette longue route qui relie ces deux grandes villes se fait très facilement et avec plaisir. Les camions ne sont pas plus nombreux qu’ailleurs et sur le tronçon d’autoroute que nous avons emprunté, je n’ai compté que … 10 voitures. (4 euros les 120 km, sont peut-être trop cher pour les russes, no sait !).
  • Il est impressionnant de voir que les piétons sont prioritaires, que les signalisations sont respectées. En fait il n’y a que les motards cacous qui foncent comme des fous.
  • Les feu piétons sont sonores et s’il n’y a pas de feu, mais des zébras au sol, le piéton est prioritaire et ça fonctionne ! (Dans les mégalopoles, c’est le plus souvent passage souterrain)
  • Nous avons vu beaucoup de gays qui se baladaient sans souci (on m’avait tellement dit de trucs sur l’homosexualité vue par les russes), ils ont des boîtes, des clubs et des bars, comme chez nous.

–          Je n’ai pas aimé être dans un bouchon monstrueux sur une quatre voies en arrivant à Moscou. Nous avancions mètre par mètre et la moto chauffait et tout ça parce qu’une camionnette était arrêtée, qu’aucune voiture ne pouvait sortir à droite, que la route, donc, rétrécissait et tout ça parce que deux barbus avaient coupé le moteur, mis leur tapis de prière devant la camionnette et priaient parce que c’était l’heure.

 

Allez ! enfants, familles, amis, on se retrouvera dès qu’on le pourra, (le Wifi est bien capricieux) et nous aurons alors débuté la véritable transsibérienne en passe de devenir aussi célèbre que la route 66 ou la careterra australe.

Et comme je vous le dis à chaque fois, lire vos messages est une vraie joie. Encore merci d’être là.

 

Sur la route

Tout le monde ne vit pas dans des palais de prince ni dans les maisons de Dieu.
Nous voudrions partager l’émotion du chemin avec ces photos prises à la volée …

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

   

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

« Bons Baisers de Russie »

P’tit clin d’œil pour ce vieux James Bond des années 60

De Petrograd, Leningrad, Saint Pétersbourg, le mardi 10 avril 2018

« Qui veut aller loin ménage sa monture »

Nous avons bien appliqué l’adage et la monture aussi puisqu’au 6ème jour, voulant reprendre la route, bien ragaillardis et le genou de Jean-Luc fonctionnel, c’est la moto qui refuse de démarrer. Batterie à plat. Jean-Luc sort les câbles-pinces.

Qu’à cela ne tienne, juste là, garé au bord du trottoir, un jeune homme téléphone. Dès qu’il a terminé sa conversation, je lui demande s’il peut nous aider. (C’est fou comme mon anglais basique est compris, je n’en reviens pas)

« Mais oui, j’avance ma voiture »

« Merci vraiment »

« C’est un plaisir d’aider des touristes français »

Jean-Luc pose les pinces et hop, c’est bon.

Nous quittons Tallinn et prenons la direction de Narva, frontière entre Estonie et Russie.

Narva, petite bourgade silencieuse et paisible.

 

 

 

Quelques rues vides, et des immeubles bien soviétiques comme un campement militaire et notre petit hôtel d’un soir, tout jaune dans la grisaille.

Nous déchargeons, enfilons nos vêtements « civils » et comme à notre habitude, nous faisons un tour pour nous dérouiller et sentir l’atmosphère. De l’autre côté de la rivière, c’est la Russie. On voit des piétons qui marchent sur une route grillagée, d’un côté et de l’autre de la frontière. Des russes qui font leurs courses de samedi en Estonie et rentrent sacs en plastique chargés dans chaque main.

Au milieu de tous ces immeubles identiques, tout d’un coup, anachronique, apparait une petite maison, une vieille église, une maison de la culture.

 

 

Et le soleil se couche…

Quelques provisions pour manger ce soir, vite achetées au « Rimi » (supermarché estonien) du coin et nous nous installons pour remplir l’administratif.

D’abord et obligatoirement s’inscrire en ligne sur le site de l’administration estonienne. On obtient un numéro valide pour aller dans un vaste parking d’attente de douane (il était vide). A l’heure indiquée, nous devons retraverser la ville (c’est tout petit) et nous mettre en position devant la barrière. Pour notre numéro, c’était 11h et si nous n’y étions pas, l’heure suivante possible était 21h !

Le portail métallique télécommandé s’ouvre, on passe la frontière Estonienne en cinq minutes.

Nous prenons cette route entre les grilles et arrivons côté russe.

Et là !  Passeport : ok. Visa : ok

Deuxième étape : la moto et le document rempli en anglais que nous avions imprimé avant de partir de France.

La douanière parle, parle et on ne comprend rien. Tatillonne, elle montre à Jean-Luc une case puis montre la carte grise et dit : niet, niet.

Euréka Jean-Luc comprend. Il a indiqué la cylindrée : 1200 et ben, niet, c’est 1199 en position P.1 sur la carte grise et il faut recommencer la totalité du document. Souffler, garder le sourire et rester calme. C’est bon !

Une autre jolie douanière, ravissante avec sa chapka bleue marine vient vérifier les bagages. Je sors mon sésame, la liste du contenant de chaque bagage, traduite en anglais, en russe, en japonais. Merci Google.

Elle rit et nous fait à peine entrouvrir la sacoche de réservoir.

Elle nous dit que nous pouvons entrer en Russie !

Spassiba !

On a tellement lu d’épopées sur cette frontière, des gens qui ont mis trois jours pour passer, d’autres huit heures, d’autres refoulés et redirigés sur une autre frontière cent km au sud, que nous sommes ravis.

En 2 h tout est fait, on range soigneusement notre minuscule papier de migration obligatoire pour ressortir et « à nous la Russie !». Il est  13 h et nous allons directement à St Pétersbourg qui n’est qu’à 160 km.

Saint Pétersbourg

Quand on arrive par le ciel, au milieu des petits nuages blancs, qu’on prend le taxi ou un bus depuis l’aéroport et le centre-ville, tout doit paraître joli, gai, soigné et raffiné.

La route entre Narva et St Pétersbourg est parfaitement rectiligne et sèche avec de temps à autre des nids de poule. Même si nous voulons nous arrêter, c’est impossible ou alors possible  pour des 4×4 ou des camions ou même des voitures équipées neige. Les accotements ne sont que boue ou neige, alors, on roule…

Pauvre, pauvre campagne désolée. Des isbas de bois humide et noir encloses dans des jardinets détrempés, grands comme des mouchoirs de poche. Et la plaine immense couverte de neige et d’étangs gelés. Parfois, au milieu de cette solitude glacée, jaillit une église d’un bleu si vif qu’on ressent une pointe de soulagement. Exactement comme je l’imaginais.

Saint-Petersburg: 39 km. Super on arrive bientôt, c’est rien 39 km…

Ce sont les faubourgs et ce sont 39 km de tours, de barres d’immeubles, partout aussi loin que porte le regard. Tours-barres, barres, tours. La route est bordée d’arbres dénudés, c’est dimanche et peut-être que les gens sont restés blottis au chaud. Comment savoir, tout est vide de circulation.

Barres-tours-autopont-barres-tours et brusquement, le revêtement devient bon, les barres d’immeubles disparaissent, la route devient avenue avec des lampadaires élégants, la circulation s’amplifie et on a l’impression d’entrer en trombe dans la ville, pour de bon.

Nous sommes bien à la vitesse autorisée (50km) mais les autres sont des fous, qui foncent, slaloment et filent avant de freiner net au feu rouge.

Et le miracle s’accomplit. On trouve notre hôtel avec parking. Bien situé, tout près de l’Ermitage, de la perspective Nevsky.

 

 

Jean-Luc, t’es vraiment un champion !

Place aux photos de cette ville raffinée, majestueuse et si belle que j’en ai rarement vu de telle dans ma vie. Palais, cathédrales, églises, musées, avenues, fleuve, canaux, tout est beau.

Le palais de l’Ermitage

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La Basilique Saint Sauveur

 

L’immeuble Singer devenu Grande Librairie

 

Les canaux, certains encore gelés

 

 

Le Palais Yusupof ( là ou s’est fait dézinguer Raspoutine en décembre 1916)

 

La Cathédrale Saint Nicolas
(Dostoïevski a habité juste à côté et a situé Crime et Châtiment dans ce quartier)

 

La Cathédrale de Kazan

Et la Cathédrale Saint Isaac
Avec comme beaucoup de bâtiments en rénovation, un Spoutnik au sommet!

Les arcades de la rue de Rivoli !

Le Théâtre Mariinsky
Pour les mélomanes

 

Depuis plus de deux jours nous sommes des randonneurs urbains. Il fait un temps magnifique et que dire de plus…

Ce que nous avons aimé :

–          Toute la ville…

–          Regarder dériver les plaques de glace sur les canaux, au soleil et observer la facilité qu’avaient les mouettes pour éviter les gros glaçons.

–          La Neva si bleue

 

–          Les gens, hommes et femmes confondus, tous si élégants, pommettes hautes, regard clair ou sombre, bien vêtus, si branchés que, tous les deux, villageois de Savenay, sommes vraiment des touristes-ploucs, c’est drôle.

–          Ne strictement rien comprendre, ni ce qui est dit, ni ce qui est écrit.

–          Découvrir des mets inconnus au nom imprononçable.

–          Pour Jean-Luc boire une bière Baltika n°7, parait que la meilleure est la 3.

–          Prendre des photos de n’importe quoi.

 

 

Pneus à clous !

–          L’impression furtive d’une ressemblance avec Buenos Aires (la chaleur en moins), due sans doute à l’époque de construction de certains palais.

–          Dire fièrement : spassiba et zdrassvouitié et dassvidania et dobre et paca et même que paca, ça fait beaucoup rire. On va tenter de s’améliorer !

 

Ce que nous n’avons pas aimé :

–          Trouver une sacoche latérale vidée et tout bien déposé sur la selle, dans le parking privé (vol des fameuses clés que nous avions peiné à trouver en Lituanie pour la béquille de la moto)

–          Prendre l’ascenseur (pour Dominique) avec trois immenses gaillards qui, au petit matin, empestaient la sueur et l’alcool. Quel haut le cœur !

–          La vitesse ahurissante de certaines voitures sur les avenues

 

PS : Merci Marie pour la traduction de la boîte de paracétamol et du nom sous la statue via WhatsApp : Mikhaïl Ivanovic Glinka (compositeur russe, fondateur de l’école musicale russe moderne, mort en 1857).