Depuis la République du Tatarstan

« Cela rend modeste de voyager, on voit quelle petite place on occupe dans le monde »

Vendredi 20 avril 2018

Un mois que nous sommes partis ! Déjà !

Quand on ne s’appelle pas Tesson, Brugiroux ou Bouvier, des voyageurs-écrivains qui me font rêver, c’est un peu difficile de raconter notre vie quotidienne.

Les heures qui coulent sont faites de mille instants passant de l’enthousiasme au découragement, de l’exaltation des découvertes à la fatigue qui brise les forces, de l’émerveillement des lieux à la laideur pluvieuse des endroits que nous traversons. Nous sommes secoués d’émotions constantes.

Nous avons quitté Moscou sous un chaud soleil et le froid revient avec la pluie, ici à Kazan.

Kazan et son dragon emblème.
Cà, c’est une entrée de métro.

Avant d’écrire sur cette ville où nous faisons halte, voilà en vrac des réponses aux questions qui sont posées dans messages et courriels

La vie quotidienne :

En roubles tout est moins cher. 1 euro c’est plus ou moins 70 roubles. Je dis donc tout en euro, ça vous évitera de convertir.

–          L’essence : 55 centimes d’euros
–          Une nuit hôtel ou habitant entre 20 et 40 euros avec le p’tit déj. et le parking (le parking comme pour notre voyage en Inde est la priorité)
–          Le pique-nique dans la chambre : 3 euros pour nous deux
–          Le pectopah (contents quand on a compris que ça voulait dire restaurant, parce que de l’extérieur, on ne peut pas savoir (sauf à St Pétersbourg ou Moscou bien sûr) :10 à 12 euros avec bière ! pour deux.
–          Rien n’est onéreux . Un concombre, quelques centimes, des bananes (d’équateur !) idem.
–          – une soupe (borsh, orthographe ?) 1 euro.

Bref, on tient facilement notre budget. Parfois l’hôtel est très soviétique surtout dans des villes où ne passe aucun touriste parce qu’il n’y a rien à voir, mais alors là, rien de rien. Mais nous on aime bien et c’est là que les gens sont plus ouverts et curieux et topent la main. Dans ces hôtels on a l’impression d’être fliqué. Ils gardent le passeport des plombes pour l’enregistrement, demandent pourquoi il manque des feuilles d’enregistrements entre telle date et telle date (euh, on était chez l’habitant… Non, on ne dit rien, parce que d’abord on ne comprend rien !)

Les bouleaux :

 

Pour les russes, le bouleau fait partie de la vie. Il est partout, des millions, des milliards de bouleaux aux troncs blancs scintillants. C’est le symbole de la Russie et ce qui est le cœur de la terre natale.

C’est un arbre généreux, il sert à construire les maisons, à se chauffer en faisant peu de cendres, à fabriquer des souliers, comme médicament énergisant et diurétique en pressant l’écorce. Au printemps, on recueille sa sève. Un bouleau donne 40 l de sève par jour et ça peut aller jusqu’à 60 L sans meurtrir l’arbre. Voyez, on a creusé la question ! Cet arbre au tronc si blanc (plus il vieillit plus il se tache de noir) vit 150 ans quand, dans nos contrées il peine à atteindre l’âge de 50 ans.

On utilise ses feuilles dans le sauna pour se fouetter car les feuilles libèrent un truc qui agit sur la circulation. Ça, je l’ai lu et le sauna c’est niet, j’ai l’impression que la chaleur arrête mon cœur et il a trop envie de battre encore…

Durant des centaines de kilomètres, les bouleaux sont nos compagnons, comme une barrière blanche protectrice le long de la transsibérienne. C’est propice à la rêverie tant pour moi derrière Jean-Luc que pour lui qui nous mène à bon port.

 

Souzdal, une halte de beauté :

Un enchantement

 

 

Une toute petite ville tellement paisible, tellement élégante. Elle est dans la ronde de l’anneau d’or, bien connue des touristes qui vont à Moscou et en excursions. On a aimé le couvent et ces bâtiments blancs, ces maisonnettes de nonnes en bois, l’atmosphère quasi mystique et le silence qui régnait. Des plaques de neige immaculée et des ruches sous les poiriers ou abricotiers, je ne sais jamais reconnaître un arbre aux branches nues dont les bourgeons sont si minuscules qu’on peine à imaginer les fruits à venir.

 

 

On a aimé la cathédrale orthodoxe sur la colline dont les bulbes d’un bleu marine profond étaient émaillés d’étoiles dorées.

 

 

 

On a marché, longtemps, très longtemps, fait le tour du kremlin, redescendu la pente raide jusqu’à la passerelle enjambant la rivière et rejoins notre logis où la propriétaire charmante nous avait préparé un repas.

La transsibérienne

Chacun a sûrement entendu parler des montagnes russes. Je connais aussi l’expression mais peut-être qu’on pourrait appeler cette route ainsi.

 

 

 

Nous montons, nous descendons sans fin. Une cote raide ou arrondie et une descente vertigineuse ou lente. Parfois la chaussée est aussi lisse que le crâne d’un chauve puis, d’un coup, elle devient rapiécée et cahotante, puis redevient parfaite puis constellée de trous. De temps en temps à quatre voies, le plus souvent à deux voies.  Jean-Luc maîtrise si bien que je ne serre plus les fesses ! Elle traverse des villages désolés, des villes énormes qui semblent surgir de nulle part et, quand on a roulé une centaine de kilomètres entourés des bouleaux, l’impression est bizarre.

Et on s’étonne de lire, loin de la ville, posés là, on ne sait comment Castorama, Leroy-Merlin, en cyrillique et en français. De vastes parking encore blancs de neige et si peu remplis, à se demander comment ces géants du bricolage tirent leur épingle du jeu.

On aperçoit un KFC, un supermarché Attac ! très peu de McDonald et c’est tant mieux, même si on aime bien l’Ecosse.

Puis tout redevient calme et la route reprend. Nous sommes seuls ou entourés de camions, à chaque instant tout change.

 

On bavarde en roulant, on se réjouit de l’étape du soir, on s’étonne de la douceur de l’air, de cette neige épaisse qui ne fond pas sous le soleil.

ET…. Arrêt total. Durant deux heures, avançant mètre par mètre, on ne sait pas pourquoi nous sommes bloqués et la file des camions s’étire sur plusieurs kilomètres. Sur l’autre voie ça file par groupes. On pense accident mais non, c’est un pont en construction ! Après deux heures sans quasiment bouger, nous repartons et pfuuuuuuit, il n’y a plus personne. Où sont les camions et les voitures ? Mystère non élucidé.

Tout ça pour dire que les montagnes russes existent pour de vrai et c’est la même chose pour nos émotions !

Le moral remonte en flèche, quand, longuement nous longeons la Volga d’un bleu laiteux, encore prise dans la glace.

 

 

Et Kazan

Le printemps n’est pas encore arrivé ici. Une pluie fine à la bretonne et un petit 4 ° ne nous empêche pas de partir nous balader. Cette ville peuplée à l’origine par des turcs autour de l’an 1000 est la capitale de la République du Tatarstan. Ne pas confondre avec les tartares (pas le fromage). Elle est restée dans le giron de la Fédération de Russie et avait été annexée par Ivan Le Terrible en l’an 1500 quelque chose. Pour plus de précision y’a qu’à aller sur wikipédia.

 

 

 

 

C’est une ville de contrastes où cohabitent chrétienté et islam. Le magnifique kremlin englobe dans son enceinte cathédrale orthodoxe et mosquée aux fins minarets. C’est le centre religieux musulman de Russie. Dans les rues abondent les restos tatars modernes et restos russes. L’ensemble est surprenant d’autant que l’empreinte soviétique est très forte. On s’est amusé à prendre des photos « it’s so viétik ». Peu de femmes voilées et si elles le sont ce sont de foulards rouges ou fleuris. Le marché ressemble aux souks et flotte un parfum d’épices. Nous voilà au Moyen-Orient ou en Inde ! Sauf que le froid est là.

 

 

Beaucoup d’autres mosquées ou d’autres cathédrales mais stop. Il nous fallait une carte Sim parce que le WiFi ne nous est pas autorisé. On en a trouvé un libre dans la rue pour écrire aux enfants que tout allait bien.

On dit de Kazan que c’est l’Istamboul de la Volga. Et elle est là, prise dans l’étau de glace qui se desserre à peine.

Bref, on a une carte Sim russe, un numéro de téléphone russe mais nous n’avons pas pensé à la faire activer.

Quand vous lirez ces lignes, nous aurons donc trouvé la solution.

Ce que Jean-Luc a aimé :
–          Les brochettes de viande
–          Les samossas
–          La conduite des russes alors qu’on dit qu’ils roulent mal.
–          Les centaines de kilomètres de nature ponctués de petites stations-service où l’on paye derrière une grille comme en Iran. Se demander où vit la personne et si quelqu’un, parfois, bien prendre la relève.
–          La civilité qui veut que les jeunes cèdent facilement leur place dans le métro aux vieillards.

        Ce que Dominique a aimé :
–          L’immensité vertigineuse de la taïga sous un ciel lourd de pluie (même la Patagonie me parait plus petite, c’est dire).
–          La ou les centaines de kilomètres sans âme qui vit et le bruit seul du vent dans le casque. Ce sentiment intense de mélancolie devant cet infini.
–          Enlacer Jean-Luc en roulant pour lui dire comme je suis bien.
–          Trouver l’épicerie ou le supermarket et découvrir des produits inconnus et…du hareng dont je ne me lasse pas.
–          Prendre à la volée des photos ratées mais à 100km/h l’exercice est périlleux. On garde tout, tant pis…
–          Et bien sûr, photographier n’importe quoi

 

 

 

 

Ce que nous n’avons pas aimé :
–          L’accueil parfois glacial dans les hôtels tout laids
–          Oublier d’acheter de l’eau (pas potable en Russie)
–          Avoir le wifi bloqué et qu’il ne soit autorisé qu’aux russes.

On vous envoie des baisers à tous, parents, enfants, petits-enfants, famille, amis et à bientôt sur la route, au pied de l’Oural, aux portes de la Sibérie …

 

Moscou underground

Dimanche 15 avril 2018

On ne peut pas quitter Moscou sans avoir flâné dans ses palais souterrains.
Voici une petite visite des stations de métro les plus remarquables que nous a proposé le Lonely Planet :

C’est simple pour s’y retrouver quand on a compris que ‘OK R à l’envers 6’ est la station Oktober, ouf on aura la bonne direction!

Komsomolskaya
A la gloire des jeunes volontaires qui ont aidé aux premières constructions.

 

 

Prospekt Mira
Station élégante avec ses porcelaines blanches en macaron.

 

 

Novoslobodskaya
Voilà de l’Art Nouveau avec ses 32 vitraux !

 

 

Belorusskaya
A la gloire de la culture, de la puissance économique et de l’histoire des russes.
 

 


Mayakovskaya
La pièce maitresse de l’ouvrage, prisée à New York en 1936.
Dans chaque dôme, un médaillon représentant 24 h en terre de soviet.
La station la plus profonde, à 86 m sous terre. A servi d’abri anti-bombardement, antiatomiques.
 

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Teatralnaya
Ici, à la gloire du théâtre avec habits traditionnels et habits de scène lyrique en porcelaine.
 


Ploshchad Revolyutsii
Ici, on rend hommage aux acteurs de la révolution et ils sont tous représentés en statue.
Toucher le museau du chien donne de la chance aux examens. Nous avons vu des fervents nostalgiques de la révolution faire ainsi une caresse à chaque statue.
 

 
Arbatskaya
Restaurée après les désastres de la guerre en 1941
 

 
Nous avons zappé Kievskaya et Park Pobedy qui nous éloignaient trop.

La sortie du métro Kurskaya
 

Après deux heures sous terre, nous jaillissons à l’air libre et profitons de la rue Arbat.
 

Moment sympa avec des bikers du dimanche !

Nous avons terminé la journée en faisant du repérage pour le prochain film de Batman !
 

 

 

 

 

De Moscou

Samedi 14 avril 2018

« La vie ce n’est pas seulement respirer, c’est aussi avoir le souffle coupé »

Et voilà nous sommes à Moscou et c’est un plaisir de prendre le clavier pour fixer nos mémoires et pour partager avec vous ce périple qui ne cesse de nous surprendre.

St Pétersbourg-Moscou c’est plus de 700km, alors on a pris notre temps.

D’abord à Novgorod dont on dit que c’est une des plus anciennes villes de la naissance de la Russie.

Une ville que, tous les deux, avons encore plus aimé que St Pétersbourg. Une ville emplie de romantisme. Un très vieux Kremlin, le fleuve qui peu à peu retrouve sa liberté. L’accordéoniste qui joue une mélopée si russe, les gens qui flânent et qui parlent avec nous, l’air clair et bleu et si doux, sa cathédrale dans l’enceinte du Kremlin et quand on s’éloigne loin de là, nos pas qui nous conduisent par hasard vers cette vieille église orthodoxe toute décrépie aux fresques à moitié effacées. Un moment de pur bonheur.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

N’oublions pas Lénine!
Mille ans d’histoire sur ce monument

 

 

 

 

 

On the road again

Et tout est étonnement.

Des fumeroles alignées en bord de route dans l’air glacé et ce sont des successions de samovars posés sur des braseros. Puis des énormes têtes d’ours à vendre, puis, encore des peaux d’ours suspendues à des perches de bois.

Plus loin encore, des marchandes de pommes de terre et des marchandes de miel et des marchandes de fruits (?) en gros bocaux.

Et la route se déroule et si je ne cesse d’observer, de me régaler, Jean-Luc se concentre aussi sur les nids de poules imprévisibles. La succession de ces villages dont les vieilles isbas sont posées là, sur un seul rang, est très émouvante. Certaines déjà écroulées et d’autres que l’on a repeint. Toutes ou presque ont un jardinet avec une petite serre pour les légumes.

On choisit de s’arrêter à Torzhok. Une étape dont on a apprécié la vie locale. Nous sommes descendus à pied jusqu’au fleuve avec la vue sur un monastère.

 

 

 

 

Nous avons fait nos achats dans une petite épicerie et bien rit du quiproquo au tabak. Les bureaux de tabac contrairement à chez nous sont très protégés. On ne voit pas les cigarettes qui sont cachées derrière des volets basculants et la grosse affichette « interdit -18 ans » est bien compréhensible ! Nous demandions à la vendeuse où l’on pouvait voir les ateliers de broderie au fil d’or et la conversation était surréaliste :

  • Moi pointant le doigt sur nous deux : « français »
  • La vendeuse arborant un tee-shirt avec un dessin énorme doré : « Moi, Irma »
  • Moi montrant l’extérieur et la ville d’un geste ample, puis touchant son tee-shirt doré avec un regard interrogatif.
  • Irma ne comprend pas, on s’en doute, alors Jean-Luc montre l’or de son alliance et j’effleure de nouveau le haut du dessin doré.
  • Irma rit et nous dit en russe mais on a bien compris : non, non, je ne suis pas mariée.
  • Bon on laisse tomber et j’ai bien eu l’impression qu’elle imaginait que je lui fourguais mon mari.

On n’a pas trouvé d’atelier.

Depuis, on utilise Google-trad et ça plait beaucoup à tous. Les russes font de même.

Dans la campagne, la neige rendait tout virginal, maintenant, avec la fonte, apparaissent, les plastiques, bouteilles et cochonneries jetées abîmant les abords immédiats des maisonnettes. Nous avons souvent vu, à la campagne, en bord de route des larges panneaux avec le dessin explicite, ne pas jeter, utiliser la poubelle. Ce n’est pas gagné…

Bon, c’est pas l’tout mais nous sommes à Moscou alors sans faire le guide de voyages on vous livre nos impressions presque à chaud, et oui, il fait beau et chaud.

Une ville géante d’une propreté remarquable, on dirait qu’elle fait sa toilette. Les rues sont débarrassées des tas de sable et neige mêlée (les routes et rues ne sont pas salées durant ce long hiver mais sablées), les bancs repeints, les rénovations et restaurations vont bon train. Des machines en nombre lavent les larges trottoirs. Pas un mégot, pas un papier, pas une crotte de chien.

La magnificence d’une capitale.

 

J’imagine ma fille qui a marché sur la Place Rouge, qui s’est promenée au Goum quand elle avait 15 ans et vécu ici durant une année scolaire et je me sens bouleversée. Puis ma petite fille qui était là en novembre.

Nous marchons toute la journée les yeux levés vers les coupoles, les flèches, les façades et rions de ces multitudes de faux cerisiers qui il faut le reconnaître sont du plus bel effet et mieux que les palmiers en plastique ornant les entrées d’oasis en Iran.

 

 

 

 

  

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N’oublions pas Lénine!

 

Ce que Jean-Luc a aimé :
–          Le surdimensionnement en diamètre des descentes de chéneaux et le fil chauffant qui en sort en façade de chaque immeuble. Ça laisse imaginer l’importance du gel et dégel.
–          L’échange avec un motard qui avait rallié St Pétersbourg-Moscou en 10 h sur sa KTM enduro, sans craindre la multitude de radars parce que lui, comme beaucoup d’autres motards a perdu sa plaque. Ce jeune père de famille a vigoureusement serré les mains parce que le lac Baïkal est le lieu de Russie qu’il préfère.
–          Le jeu de piste dans le métro pour trouver la Place Rouge et que c’est pas écrit comme ça!
–          Les jeunes femmes qui se font photographier sous les arbres en plastique.


–          Voir les gens qui, maintenant qu’il n’y a plus de neige, plus de verglas, dévorent des glaces !

Lui, c’est une pâtisserie!

Ce que Dominique a aimé
–          Toutes les coupoles qui brillent.
–          Choisir des plats en questionnant avec Google-trad et recevant les réponses avec le même procédé. Que de rires.
–          Ce couple âgé parlant quelques mots d’anglais et dont la femme nous étreint et nous offre une minuscule icône puis nous bénit d’un signe de croix pour protéger notre voyage.
–          Ces petits qui nous entoure, à peine arrivés, ne parlant que russe et pas nous et voulant tout savoir.  On arrive bien finalement à s’expliquer…
–          Ce week-end les gens ont enlevé les pneus à clous alors, p’têtre que, au moins pour l’oblast (région) de Moscou, la neige est finie ! On verra pour la Sibérie…
–          Surtout pas, descendre dans les entrailles de la terre par des descalator géants dans le métro.


–          Mais surtout photographier n’importe quoi !

 

 

 

Ce que nous n’avons pas aimé :
–          Les préjugés tenaces que nous avions, comme beaucoup sur la Russie :

  • La route est bonne presque partout et en tout cas, comme chez nous.
  • La M10, cette longue route qui relie ces deux grandes villes se fait très facilement et avec plaisir. Les camions ne sont pas plus nombreux qu’ailleurs et sur le tronçon d’autoroute que nous avons emprunté, je n’ai compté que … 10 voitures. (4 euros les 120 km, sont peut-être trop cher pour les russes, no sait !).
  • Il est impressionnant de voir que les piétons sont prioritaires, que les signalisations sont respectées. En fait il n’y a que les motards cacous qui foncent comme des fous.
  • Les feu piétons sont sonores et s’il n’y a pas de feu, mais des zébras au sol, le piéton est prioritaire et ça fonctionne ! (Dans les mégalopoles, c’est le plus souvent passage souterrain)
  • Nous avons vu beaucoup de gays qui se baladaient sans souci (on m’avait tellement dit de trucs sur l’homosexualité vue par les russes), ils ont des boîtes, des clubs et des bars, comme chez nous.

–          Je n’ai pas aimé être dans un bouchon monstrueux sur une quatre voies en arrivant à Moscou. Nous avancions mètre par mètre et la moto chauffait et tout ça parce qu’une camionnette était arrêtée, qu’aucune voiture ne pouvait sortir à droite, que la route, donc, rétrécissait et tout ça parce que deux barbus avaient coupé le moteur, mis leur tapis de prière devant la camionnette et priaient parce que c’était l’heure.

 

Allez ! enfants, familles, amis, on se retrouvera dès qu’on le pourra, (le Wifi est bien capricieux) et nous aurons alors débuté la véritable transsibérienne en passe de devenir aussi célèbre que la route 66 ou la careterra australe.

Et comme je vous le dis à chaque fois, lire vos messages est une vraie joie. Encore merci d’être là.

 

Sur la route

Tout le monde ne vit pas dans des palais de prince ni dans les maisons de Dieu.
Nous voudrions partager l’émotion du chemin avec ces photos prises à la volée …

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

   

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

« Bons Baisers de Russie »

P’tit clin d’œil pour ce vieux James Bond des années 60

De Petrograd, Leningrad, Saint Pétersbourg, le mardi 10 avril 2018

« Qui veut aller loin ménage sa monture »

Nous avons bien appliqué l’adage et la monture aussi puisqu’au 6ème jour, voulant reprendre la route, bien ragaillardis et le genou de Jean-Luc fonctionnel, c’est la moto qui refuse de démarrer. Batterie à plat. Jean-Luc sort les câbles-pinces.

Qu’à cela ne tienne, juste là, garé au bord du trottoir, un jeune homme téléphone. Dès qu’il a terminé sa conversation, je lui demande s’il peut nous aider. (C’est fou comme mon anglais basique est compris, je n’en reviens pas)

« Mais oui, j’avance ma voiture »

« Merci vraiment »

« C’est un plaisir d’aider des touristes français »

Jean-Luc pose les pinces et hop, c’est bon.

Nous quittons Tallinn et prenons la direction de Narva, frontière entre Estonie et Russie.

Narva, petite bourgade silencieuse et paisible.

 

 

 

Quelques rues vides, et des immeubles bien soviétiques comme un campement militaire et notre petit hôtel d’un soir, tout jaune dans la grisaille.

Nous déchargeons, enfilons nos vêtements « civils » et comme à notre habitude, nous faisons un tour pour nous dérouiller et sentir l’atmosphère. De l’autre côté de la rivière, c’est la Russie. On voit des piétons qui marchent sur une route grillagée, d’un côté et de l’autre de la frontière. Des russes qui font leurs courses de samedi en Estonie et rentrent sacs en plastique chargés dans chaque main.

Au milieu de tous ces immeubles identiques, tout d’un coup, anachronique, apparait une petite maison, une vieille église, une maison de la culture.

 

 

Et le soleil se couche…

Quelques provisions pour manger ce soir, vite achetées au « Rimi » (supermarché estonien) du coin et nous nous installons pour remplir l’administratif.

D’abord et obligatoirement s’inscrire en ligne sur le site de l’administration estonienne. On obtient un numéro valide pour aller dans un vaste parking d’attente de douane (il était vide). A l’heure indiquée, nous devons retraverser la ville (c’est tout petit) et nous mettre en position devant la barrière. Pour notre numéro, c’était 11h et si nous n’y étions pas, l’heure suivante possible était 21h !

Le portail métallique télécommandé s’ouvre, on passe la frontière Estonienne en cinq minutes.

Nous prenons cette route entre les grilles et arrivons côté russe.

Et là !  Passeport : ok. Visa : ok

Deuxième étape : la moto et le document rempli en anglais que nous avions imprimé avant de partir de France.

La douanière parle, parle et on ne comprend rien. Tatillonne, elle montre à Jean-Luc une case puis montre la carte grise et dit : niet, niet.

Euréka Jean-Luc comprend. Il a indiqué la cylindrée : 1200 et ben, niet, c’est 1199 en position P.1 sur la carte grise et il faut recommencer la totalité du document. Souffler, garder le sourire et rester calme. C’est bon !

Une autre jolie douanière, ravissante avec sa chapka bleue marine vient vérifier les bagages. Je sors mon sésame, la liste du contenant de chaque bagage, traduite en anglais, en russe, en japonais. Merci Google.

Elle rit et nous fait à peine entrouvrir la sacoche de réservoir.

Elle nous dit que nous pouvons entrer en Russie !

Spassiba !

On a tellement lu d’épopées sur cette frontière, des gens qui ont mis trois jours pour passer, d’autres huit heures, d’autres refoulés et redirigés sur une autre frontière cent km au sud, que nous sommes ravis.

En 2 h tout est fait, on range soigneusement notre minuscule papier de migration obligatoire pour ressortir et « à nous la Russie !». Il est  13 h et nous allons directement à St Pétersbourg qui n’est qu’à 160 km.

Saint Pétersbourg

Quand on arrive par le ciel, au milieu des petits nuages blancs, qu’on prend le taxi ou un bus depuis l’aéroport et le centre-ville, tout doit paraître joli, gai, soigné et raffiné.

La route entre Narva et St Pétersbourg est parfaitement rectiligne et sèche avec de temps à autre des nids de poule. Même si nous voulons nous arrêter, c’est impossible ou alors possible  pour des 4×4 ou des camions ou même des voitures équipées neige. Les accotements ne sont que boue ou neige, alors, on roule…

Pauvre, pauvre campagne désolée. Des isbas de bois humide et noir encloses dans des jardinets détrempés, grands comme des mouchoirs de poche. Et la plaine immense couverte de neige et d’étangs gelés. Parfois, au milieu de cette solitude glacée, jaillit une église d’un bleu si vif qu’on ressent une pointe de soulagement. Exactement comme je l’imaginais.

Saint-Petersburg: 39 km. Super on arrive bientôt, c’est rien 39 km…

Ce sont les faubourgs et ce sont 39 km de tours, de barres d’immeubles, partout aussi loin que porte le regard. Tours-barres, barres, tours. La route est bordée d’arbres dénudés, c’est dimanche et peut-être que les gens sont restés blottis au chaud. Comment savoir, tout est vide de circulation.

Barres-tours-autopont-barres-tours et brusquement, le revêtement devient bon, les barres d’immeubles disparaissent, la route devient avenue avec des lampadaires élégants, la circulation s’amplifie et on a l’impression d’entrer en trombe dans la ville, pour de bon.

Nous sommes bien à la vitesse autorisée (50km) mais les autres sont des fous, qui foncent, slaloment et filent avant de freiner net au feu rouge.

Et le miracle s’accomplit. On trouve notre hôtel avec parking. Bien situé, tout près de l’Ermitage, de la perspective Nevsky.

 

 

Jean-Luc, t’es vraiment un champion !

Place aux photos de cette ville raffinée, majestueuse et si belle que j’en ai rarement vu de telle dans ma vie. Palais, cathédrales, églises, musées, avenues, fleuve, canaux, tout est beau.

Le palais de l’Ermitage

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La Basilique Saint Sauveur

 

L’immeuble Singer devenu Grande Librairie

 

Les canaux, certains encore gelés

 

 

Le Palais Yusupof ( là ou s’est fait dézinguer Raspoutine en décembre 1916)

 

La Cathédrale Saint Nicolas
(Dostoïevski a habité juste à côté et a situé Crime et Châtiment dans ce quartier)

 

La Cathédrale de Kazan

Et la Cathédrale Saint Isaac
Avec comme beaucoup de bâtiments en rénovation, un Spoutnik au sommet!

Les arcades de la rue de Rivoli !

Le Théâtre Mariinsky
Pour les mélomanes

 

Depuis plus de deux jours nous sommes des randonneurs urbains. Il fait un temps magnifique et que dire de plus…

Ce que nous avons aimé :

–          Toute la ville…

–          Regarder dériver les plaques de glace sur les canaux, au soleil et observer la facilité qu’avaient les mouettes pour éviter les gros glaçons.

–          La Neva si bleue

 

–          Les gens, hommes et femmes confondus, tous si élégants, pommettes hautes, regard clair ou sombre, bien vêtus, si branchés que, tous les deux, villageois de Savenay, sommes vraiment des touristes-ploucs, c’est drôle.

–          Ne strictement rien comprendre, ni ce qui est dit, ni ce qui est écrit.

–          Découvrir des mets inconnus au nom imprononçable.

–          Pour Jean-Luc boire une bière Baltika n°7, parait que la meilleure est la 3.

–          Prendre des photos de n’importe quoi.

 

 

Pneus à clous !

–          L’impression furtive d’une ressemblance avec Buenos Aires (la chaleur en moins), due sans doute à l’époque de construction de certains palais.

–          Dire fièrement : spassiba et zdrassvouitié et dassvidania et dobre et paca et même que paca, ça fait beaucoup rire. On va tenter de s’améliorer !

 

Ce que nous n’avons pas aimé :

–          Trouver une sacoche latérale vidée et tout bien déposé sur la selle, dans le parking privé (vol des fameuses clés que nous avions peiné à trouver en Lituanie pour la béquille de la moto)

–          Prendre l’ascenseur (pour Dominique) avec trois immenses gaillards qui, au petit matin, empestaient la sueur et l’alcool. Quel haut le cœur !

–          La vitesse ahurissante de certaines voitures sur les avenues

 

PS : Merci Marie pour la traduction de la boîte de paracétamol et du nom sous la statue via WhatsApp : Mikhaïl Ivanovic Glinka (compositeur russe, fondateur de l’école musicale russe moderne, mort en 1857).