De Vilnius

Le 29 mars 2018

« Quand rien n’est prévu tout est possible »   

Nous avons caracolé prenant de vitesse la neige qu’on nous annonce régulièrement.

Nous commençons à prendre nos marques : quand il nous fallait plus d’une heure et demie pour nous harnacher et charger la moto, il nous faut vingt minutes et nos gestes à l’un et l’autre sont synchrones.

Le rythme aussi est trouvé et nous roulons par périodes d’1h30.  On s’arrête, on tape des pieds, on boit un café ou une soupe du jour et file la journée. On essaie de trouver notre gîte ou d’y arriver avant 15 h, ce qui nous laisse l’après-midi en balade ou repos.

Le thermomètre ne veut décidément pas grimper et nous oscillons chaque jour entre -6 (la nuit, mais nous dormons), -3 quand nous enfourchons la moto. Le soleil réchauffe un peu (c’est surtout dans la tête) et nous atteignons les 4 voire 5 ° autant dire la canicule !

Ainsi, nous avons fait le choix cornélien de découvrir la Pologne sur le chemin du retour où le temps sera forcément clément.

Cela dit, les paysages du nord de la Pologne comblent notre goût de la nature avec ses forêts infinies et ses lacs bleus miroitants.

Nous rentrons sans nous en apercevoir en Lituanie, cette toute petite république balte qui s’étire de la Pologne à la mer baltique et qui frôle à l’est la Biélorussie.

Ici, c’est une longue et large plaine fertile et des futaies profondes. La terre brune encore gelée se prépare pour accueillir le blé et les lupins dorment encore.

La route, parfaite, file, droite et la froidure est…vivifiante.

Ce que nous avons aimé :

–          Les maisons dépourvues de volets, aux toits pentus et aux couleurs éclatantes

–          Les nids de cigognes installés au sommet des poteaux de bois qui attendent les arrivantes

–          Les églises en bois vermoulu

–          Les ajoncs d’un jaune pâle enchâssés dans les marais gelés

–          Les bouleaux dont les troncs blancs scintillent sous la lumière

–          Le froid vif, sec qui porte chaque odeur, celles des pins qui s’infiltrent sous le casque, celle du bois coupé en partance pour les scieries.

–          Prosaïquement, le petit outil pour adapter la béquille et ouf, c’est tellement plus facile maintenant pour s’arrêter.

Ce que nous n’avons pas aimé :

–          La difficulté pour discuter avec les gens, nous ne maîtrisons ni le polonais, ni le lituanien et si l’anglais est pratique pour acheter le pique-nique ou trouver un logis, pour de vrais échanges, c’est impossible et parfois frustrant.

–          La limitation de vitesse en Pologne pas du tout respectée et qui nécessite un surcroît d’attention pour Jean-Luc

–          Si l’autoroute est parfaite elle est souvent close entre des murs anti-bruit (bien pour les habitants) mais, pour nous, quand le regard capte un village, la seconde d’après il a disparu derrière le mur. Nous avons l’autre jour parcouru 200kms entre 2 murs…

 

Vilnius

Quelle jolie ville, large aérée, peu de circulation, peu de monde aussi.

 

 

Une ville si paisible sans une ombre policière ou militaire, ni devant le palais présidentiel, ni devant les ministères, ni dans les rues. Des gens qui flânent, ne courent pas, s’installent aux terrasses ensoleillées. Pas nous, il fait très beau mais 1° en terrasse, ça fait quand même pas envie !

 

 

 

 

 

 

Un temps magnifique, des églises partout, des petits cafés et restaurants aussi, des ruelles aux enseignes remplaçant les néons qui n’ont pas voix de cité. Une capitale à dimension humaine et classée au patrimoine de l’Unesco.

Une architecture néoclassique, baroque, des façades aux tons pastel, des pavés et des rues piétonnes, tout ce qui va bien pour se balader, bonnet sur la tête et gants aux mains (pas l’inverse hein !)

Et la République d’Uzupis ?

 

   

 

 

 

Au cœur de Vilnius, une drôle de République a vu le jour (en 2000), avec son président et ses représentants du gouvernement. Les lois sont différentes, on a le droit d’être moche, de n’avoir aucune culture, de ne pas aimer les chiens ou les chats ou au contraire de les aimer, bref, tout un ensemble de lois marrantes dans ce quartier alternatif ou vivent artistes et marginaux et depuis peu des jeunes branchés qui achètent les maisons et restaurent. Chouette quartier que l’on trouve en passant sur le pont couvert de cadenas au-dessus de la rivière tumultueuse.

Un p’tit peu d’histoire ?

La Lituanie et Vilnius, bien sûr, a souffert des invasions, allemande puis russe et du nazisme, puis du communisme. Cette petite capitale était peuplée avant 1941 par une population juive qui avait offert un rayonnement culturel et économique et avait assuré sa prospérité. Durant la guerre, 95 % de la population a été parquée dans deux ghettos puis exterminée.

Les russes se sont ensuite emparés du pays et des milliers de gens ont été envoyés croupir en Sibérie.

Indépendante depuis 1990, la ville se restaure, s’embellit, les églises sont à nouveau ouvertes, et les gens se réapproprient leur langue interdite jusqu’alors par la Russie.

La visite du musée du KGB et des génocides est éprouvante pour le moral mais ne fait que confirmer l’horreur des extrémismes politiques. La prison au sous-sol de ce magnifique bâtiment fait frémir. De la Gestapo au communisme de l’ex URSS, tous ces milliers de gens, déportés, exterminés, disparus dans les goulags rappellent que le régime de n’importe quelle dictature ne peut être que souffrance pour les hommes. Ainsi les lituaniens ont subi cette vie durant 50 ans et l’année 1990 apporta enfin la liberté. C’était hier et je n’en avais même pas pris conscience…

 

NB : Pour ceux qui aiment l’écrivain Romain Gary, il est d’ici ! Franck Zappa a aussi sa statue!

Pour ceux qui se sont demandé si ça valait le coup de découvrir les pays baltes, nous pouvons dire, déjà, pour la Lituanie, oui, à mille pour cent.

Et pour ceux qui veulent se situer sur la carte, allez dans le l’onglet où en sommes-nous.

PS : merci pour les nombreux messages d’amitiés qui nous arrivent par courriel, et parfois en commentaires. Ça nous touche, chaque fois, comme si vous étiez avec nous.