De Riga

Le 1er avril 2018 et Joyeuses Pâques !

« Pour bien connaître un pays, il faut le boire, le manger et l’entendre chanter »

Je ne crois pas que cela soit possible en si peu de jours, nous avons mangé et bu et écouter la musique et la langue qui semble remplit de “z” et c’est déjà tellement bien…

Riga est la capitale d’une aussi petite république (qui a fêté son indépendance en 1991) que sa voisine la Lituanie.

On dit Latjiva pour Lettonie.

Nous avons quitté Vilnius sous la neige et sommes arrivés juste à temps, la neige tourbillonnante tapissait déjà les rues.

Vilnius, on repart

On vient tout juste de garer la moto et c’est la neige

Alors, les pavés striés des rails des trams plus la neige, imaginez mon effroi !! Mais Jean-Luc, a comme d’habitude, super piloté la moto.

Vers la rue Tirgonu

La route de la Lituanie à la Lettonie est presque toute droite, aux très légères collines, dans un paysage tout blanc, un ciel tout blanc et quelques maisons colorées où sèchent des harengs sur des cordes à linge. Je ne sais pas s’ils sèchent d’ailleurs mais ils congèlent, ça c’est sûr.

Nous choisissons de rester 3 nuits dans la capitale aux hébergements à prix totalement cassés pour ce week-end Pascal !

Notre logis est une chambrette modeste en bout de couloir dans un hôtel très soviétique.

Il y fait bien chaud et c’est le principal.

L’atmosphère de cette jolie ville est étrange.

 

 

En ce long week-end Pascal les habitants ont déserté la ville, les parkings vides sont gratuits, la circulation inexistante. On se croirait à Berlin Est avant la chute du mur.

Quelques passants, quelques groupes de touristes, et tout est presque silencieux.

Au détour d’une ruelle, un violoniste fait pleurer son archer, les doigts gelés, on entend le cri si typique des mouettes avec la mer Baltique toute proche et on a, alors, une ambiance un peu surréaliste.

 

   

 

 

Peu à peu on découvre la vieille ville piétonne sans piétons, les façades baroques, la cathédrale avec son orgue, absolument, merveilleux, la maison des guildes où une histoire de chats montrant leurs postérieurs en représailles de la petite guilde qui n’avait pas le droit d’être avec la grande a failli mal tourner. (La Grande Guilde, au 13ème siècle était une  association de riches marchands allemands célibataires et elle ne voulait pas de la Petite Guilde qui elle, était une association de pêcheurs lettons)

 

Les chats sont tout en haut des clochetons.

C’était pour l’anecdote, les chats montrent leurs museaux aujourd’hui.

Nos pas, battant le pavé nous mènent aussi aux grands hangars destinés autrefois aux zeppelins et reconvertis en un gigantesque marché couvert où c’est une explosion de couleurs, d’odeurs et de saveurs.

 

Hangar aux poissons (ça ne sent pas comme le marché aux poissons de Pondy), hangar aux viandes, aux fruits et aux légumes. Jus de bouleau, caissettes d’airelles, fraises, un festival.

 

 

Et encore, hangar aux épices, sucreries, boulangerie, pâtisseries.

 

 

 

Nous y sommes restés longtemps, pour la douce chaleur, pour l’ambiance, là, il y avait du monde, pour et surtout la curiosité de tous ces produits inconnus.

Je ne peux oublier de vous parler de l’ancien ghetto où nous nous sommes égarés au petit matin.

 

Délaissé sous l’ère soviétique, il est toujours en déshérence et peuplé par les plus modestes. Nous avons marché et marché, passant devant de vieilles maisons de bois, des constructions bétonnées sans charme. Un étrange sentiment de mélancolie et de tristesse dans ces ruelles où nos pieds dérapaient dans la neige fondue et verglacée.

Autre atmosphère le jour d’après : des merveilles architecturales. Dans ce quartier Art Nouveau les immeubles rivalisent de couleur et de sculptures. Comme quoi, si nous connaissions Gaudi à Barcelone, nous n’avions jamais entendu parler d’Eisenstein. C’est du romantique, du néoclassique, néotruc et machin, bref, c’est super beau. Pour plus d’infos, faudra aller sur internet, où mieux venir en vacances ici !

 

 

 

 

Un merci spécial à Rémy pour sa connaissance de la ville. Tu nous a eu une bonne idée de nous parler de la taverne médiévale où Jean-Luc a gouté a une pinte de bière…au miel .

 

 

Ce que Jean-Luc a aimé :

–          Les gâteaux dont je ne peux vous dire les noms

–          Les différentes bières artisanales

–          Observer tous les styles architecturaux

–          Les grandes orgues de la cathédrale Sainte Marie, surtout quand elles tonnent comme ce matin de leurs six mille sept cent dix-huit tuyaux ! On comprend pourquoi Franz Liszt a composé pour la dédicace de cet instrument.

–          La chorale aux voix puissantes et claires lors de l’office Pascal.

Ce que Dominique a aimé

–          Photographier n’importe quoi

–          Les restos Lido style cafétaria campagnarde mais où on peut prendre son temps pour choisir tous ces plats inconnus

–          Les fleurs et les énormes bouquets de chatons de saule

  

 

 

A bientôt pour la suite.

De Vilnius

Le 29 mars 2018

« Quand rien n’est prévu tout est possible »   

Nous avons caracolé prenant de vitesse la neige qu’on nous annonce régulièrement.

Nous commençons à prendre nos marques : quand il nous fallait plus d’une heure et demie pour nous harnacher et charger la moto, il nous faut vingt minutes et nos gestes à l’un et l’autre sont synchrones.

Le rythme aussi est trouvé et nous roulons par périodes d’1h30.  On s’arrête, on tape des pieds, on boit un café ou une soupe du jour et file la journée. On essaie de trouver notre gîte ou d’y arriver avant 15 h, ce qui nous laisse l’après-midi en balade ou repos.

Le thermomètre ne veut décidément pas grimper et nous oscillons chaque jour entre -6 (la nuit, mais nous dormons), -3 quand nous enfourchons la moto. Le soleil réchauffe un peu (c’est surtout dans la tête) et nous atteignons les 4 voire 5 ° autant dire la canicule !

Ainsi, nous avons fait le choix cornélien de découvrir la Pologne sur le chemin du retour où le temps sera forcément clément.

Cela dit, les paysages du nord de la Pologne comblent notre goût de la nature avec ses forêts infinies et ses lacs bleus miroitants.

Nous rentrons sans nous en apercevoir en Lituanie, cette toute petite république balte qui s’étire de la Pologne à la mer baltique et qui frôle à l’est la Biélorussie.

Ici, c’est une longue et large plaine fertile et des futaies profondes. La terre brune encore gelée se prépare pour accueillir le blé et les lupins dorment encore.

La route, parfaite, file, droite et la froidure est…vivifiante.

Ce que nous avons aimé :

–          Les maisons dépourvues de volets, aux toits pentus et aux couleurs éclatantes

–          Les nids de cigognes installés au sommet des poteaux de bois qui attendent les arrivantes

–          Les églises en bois vermoulu

–          Les ajoncs d’un jaune pâle enchâssés dans les marais gelés

–          Les bouleaux dont les troncs blancs scintillent sous la lumière

–          Le froid vif, sec qui porte chaque odeur, celles des pins qui s’infiltrent sous le casque, celle du bois coupé en partance pour les scieries.

–          Prosaïquement, le petit outil pour adapter la béquille et ouf, c’est tellement plus facile maintenant pour s’arrêter.

Ce que nous n’avons pas aimé :

–          La difficulté pour discuter avec les gens, nous ne maîtrisons ni le polonais, ni le lituanien et si l’anglais est pratique pour acheter le pique-nique ou trouver un logis, pour de vrais échanges, c’est impossible et parfois frustrant.

–          La limitation de vitesse en Pologne pas du tout respectée et qui nécessite un surcroît d’attention pour Jean-Luc

–          Si l’autoroute est parfaite elle est souvent close entre des murs anti-bruit (bien pour les habitants) mais, pour nous, quand le regard capte un village, la seconde d’après il a disparu derrière le mur. Nous avons l’autre jour parcouru 200kms entre 2 murs…

 

Vilnius

Quelle jolie ville, large aérée, peu de circulation, peu de monde aussi.

 

 

Une ville si paisible sans une ombre policière ou militaire, ni devant le palais présidentiel, ni devant les ministères, ni dans les rues. Des gens qui flânent, ne courent pas, s’installent aux terrasses ensoleillées. Pas nous, il fait très beau mais 1° en terrasse, ça fait quand même pas envie !

 

 

 

 

 

 

Un temps magnifique, des églises partout, des petits cafés et restaurants aussi, des ruelles aux enseignes remplaçant les néons qui n’ont pas voix de cité. Une capitale à dimension humaine et classée au patrimoine de l’Unesco.

Une architecture néoclassique, baroque, des façades aux tons pastel, des pavés et des rues piétonnes, tout ce qui va bien pour se balader, bonnet sur la tête et gants aux mains (pas l’inverse hein !)

Et la République d’Uzupis ?

 

   

 

 

 

Au cœur de Vilnius, une drôle de République a vu le jour (en 2000), avec son président et ses représentants du gouvernement. Les lois sont différentes, on a le droit d’être moche, de n’avoir aucune culture, de ne pas aimer les chiens ou les chats ou au contraire de les aimer, bref, tout un ensemble de lois marrantes dans ce quartier alternatif ou vivent artistes et marginaux et depuis peu des jeunes branchés qui achètent les maisons et restaurent. Chouette quartier que l’on trouve en passant sur le pont couvert de cadenas au-dessus de la rivière tumultueuse.

Un p’tit peu d’histoire ?

La Lituanie et Vilnius, bien sûr, a souffert des invasions, allemande puis russe et du nazisme, puis du communisme. Cette petite capitale était peuplée avant 1941 par une population juive qui avait offert un rayonnement culturel et économique et avait assuré sa prospérité. Durant la guerre, 95 % de la population a été parquée dans deux ghettos puis exterminée.

Les russes se sont ensuite emparés du pays et des milliers de gens ont été envoyés croupir en Sibérie.

Indépendante depuis 1990, la ville se restaure, s’embellit, les églises sont à nouveau ouvertes, et les gens se réapproprient leur langue interdite jusqu’alors par la Russie.

La visite du musée du KGB et des génocides est éprouvante pour le moral mais ne fait que confirmer l’horreur des extrémismes politiques. La prison au sous-sol de ce magnifique bâtiment fait frémir. De la Gestapo au communisme de l’ex URSS, tous ces milliers de gens, déportés, exterminés, disparus dans les goulags rappellent que le régime de n’importe quelle dictature ne peut être que souffrance pour les hommes. Ainsi les lituaniens ont subi cette vie durant 50 ans et l’année 1990 apporta enfin la liberté. C’était hier et je n’en avais même pas pris conscience…

 

NB : Pour ceux qui aiment l’écrivain Romain Gary, il est d’ici ! Franck Zappa a aussi sa statue!

Pour ceux qui se sont demandé si ça valait le coup de découvrir les pays baltes, nous pouvons dire, déjà, pour la Lituanie, oui, à mille pour cent.

Et pour ceux qui veulent se situer sur la carte, allez dans le l’onglet où en sommes-nous.

PS : merci pour les nombreux messages d’amitiés qui nous arrivent par courriel, et parfois en commentaires. Ça nous touche, chaque fois, comme si vous étiez avec nous.

 

De Prague

Mardi 20 mars
« Instant heureux, le départ vers des terres inconnues »

C’est l’aube.
Nous sommes debout !
Dominique : « Ça serait peut-être mieux d’attendre quelques jours, t’as vu, il fait -2° ! »
Jean-Luc : « Tu as entendu les journalistes ! Ils ne cessent de parler du phénomène météo, le Moscou-Paris. Nous n’avons que la solution d’aller claquer la porte du frigo, alors, on y va… »
Et c’est ainsi que nous quittons notre village avec un merci spécial aux courageuses qui sont venues nous saluer.
Le ciel sans nuage, d’un bleu de cristal, le soleil glacé, nous accompagne jusqu’à Fribourg, notre première étape allemande.
Un stop pique-nique où enlever le casque gèle la tête plus qu’il ne la soulage, un café dans la boutique d’autoroute et go, on repart.
La neige sur les talus se fait présente et je ne cesse de casser les pieds de Jean-Luc en disant : « t’as vu, ça brille, c’est du verglas ! » Et lui, d’une patience d’ange répond : « mais non, c’est juste mouillé, ne t’inquiète pas ».
A Fribourg, nous grimpons la colline jusqu’à l’auberge que nous avions repéré. Une auberge lettone, et ça, nous ne savions pas. Un gîte pour randonneurs dans la verdure et les feuillages…en été.

 
C’est douillet, il fait délicieusement chaud et nous sommes recrus de fatigue. Les flocons serrés tourbillonnent.

     

 


On verra bien demain…
Et c’est ainsi que, jusqu’au 23 mars, nous avons roulé jusqu’à Prague où nous faisons halte ce samedi 24 mars..
Je ne sais qui a dit que, lorsque rien n’était prévu, tout était possible. C’est vraiment ce que nous vivons.
Ce que Jean-Luc a aimé :
– La souplesse et la maniabilité de la moto
– La gratuité des autoroutes allemandes
– La gentillesse et l’accueil chaleureux dans les auberges toutes simples mais faut dire qu’il parle l’allemand
Ce que Dominique a aimé
– La dextérité du pilote.
– Les arrêts pour se réchauffer
– Le confort de la selle de la moto
– Les soupes chaudes
– La campagne blanche et les squelettes gelés des arbres.

Ce que Jean-Luc n’a pas aimé.
– La béquille latérale et la patte qu’il avait rajouté pour plus de stabilité aux arrêts mais qui gêne considérablement pour béquiller. On recherche d’ailleurs l’embout Torx ad hoc pour l’enlever
Ce que Dominique n’a pas aimé
– La noria incessante des camions qui justifie bien l’éco taxe et permet la gratuité pour les petits véhicules et l’entretien du revêtement.
– Les pavés et les rails de tram dans la ville de Prague, sous la pluie (on va tomber, on va tomber, on va tomber !!!!)
Ce que nous avons aimé tous les deux
– Etre ensemble et se parler de ce que nous voyons, dans le micro, en roulant
– Les étapes du soir avec la petite balade dans les villages et le repas réconfortant
– La sensation d’être des héros (oui-oui, c’est la vanité) mais nous n’avons croisé que 5 motards (j’ai compté) et encore, pas fous, eux, ils allaient vers le Sud.

Prague
Pas question de vous faire le guide du Routard ou le Lonely Planet ou Géo, simplement dire que c’est une ville magnifique. Je la connaissais pour y avoir été avec ma fille. Merci encore pour ce cadeau d’il y a 17 ans. C’était en Janvier, il faisait bien plus froid qu’aujourd’hui.
La foule de touriste est inimaginable, à se piétiner sur le Pont Charles et se blesser avec les multitudes de perches à selfies.

 
Cette ville connue pour ses mystères, ses fantômes, (l’horloge astronomique si étrange est en restauration), ses saints et ses martyrs, est un régal de charme et d’élégance, pour ces maisons, ces immeubles, les façades colorées, ces places où baroque et flamboyant se mêlent.
Pâques approche et toute la ville célèbre la fête. Partout des marchés de Pâques où les œufs peints, symbole de la fertilité des femmes, s’offrent en décoration ou en vente. Et, autre symbole surprenant pour notre époque où jamais au grand jamais nul n’oserait revendiquer une telle tradition, les bouquets de verges tressées nouées par un ruban, destinés à fouetter les jeunes filles le lundi de Pâques pour leur donner bonne santé (hum, hum). En tout cas, à l’œil, c’est beau, coloré, joyeux et heureusement que nous sommes à moto et n’avons aucune place, sinon j’aurais acheté tous ces œufs magnifiquement peints.

 

 

 

 

 
Et question gastronomie ?
Le trdelnicky, un ruban de pâte enroulé sur un tube de bois cuit au charbon de bois puis roulé dans le sucre. Nature pour moi ou rempli de crème fouettée pour Jean-Luc, un délice.

  L’incontournable goulash comme en Hongrie mais à la sauce tchèque et ce que j’aime comme en Allemagne ou en Autriche, le Veprovy rizek (escalope tapée et pannée).

Et voilà famille et amis, je crois que j’ai assez écrit hein !
Nous vous disons :
Sbohem et brzy ne uvidime (au revoir et à bientôt)

Le Projet

En 2016, c’était la vue que nous avions  du village d’Ardinashaig sur l’île de Scalpay (Harris) en Écosse.

“Quand rien n’est prévu, tout est possible…”

“Qui a l’habitude de voyager sait qu’il vient toujours un moment où il faut partir…” (Nicolas Bouvier)”

“Un voyage se passe de motifs. Il ne tarde pas à prouver qu’il se suffit à lui-même.” (proverbe tibétain).”

“Le voyage c’est aller de soi à soi en passant par les autres.”

Quelques proverbes et citations qui parlent à nos cœurs de voyageurs.
Ainsi au premier jour du printemps nos roues nous porteront jusqu’au Japon et tranquillement nous reviendrons chez nous en passant par la Mongolie.
Les phrases fusent :

“Vous êtes fous ! la Sibérie, celle des ours, de la vodka et du froid !”

“Votre condition physique n’est pas au top, comment allez-vous gérer?”

“Et si vous êtes malades ?”

“Et si vous avez un accident ?”

Nous pensons qu’il n’arrive que ce qui doit arriver, nous connaissons nos limites et nous savons que si la France ne se résume pas au béret et à la baguette de pain sous le bras, l’immense Russie ne se résume pas à trois clichés.

Ainsi nous partons avec nos rêves, nos interrogations, parfois un peu de crainte mais surtout notre capacité d’émerveillement et notre regard bienveillant sur les Autres.

Départ prévu fin mars 2018