Du Japon – Partie 2 – de Kyoto

Le 1er juin 2018

On continue l’abécédaire dans le désordre ?

P comme Propre

C’est ce qui saute aux yeux quand on arrive au Japon. Tout semble parfait, si propre et étincelant que si on marchait pieds nus, ils resteraient propres.

J’ai lu qu’un Pokemon quand il est content dit « pika, pika », en fait ça veut dire « immaculé ». Parce que la propreté dans l’échelle de valeur est « bien ».

Les camions brillent, les autobus et les bornes à incendie aussi. Tout ce qui est en chantier ou en construction est caché derrière de larges panneaux blancs coulissants. Si on jette un œil dans l’interstice, on voit le grutier qui bosse en chemise blanche. On voit aussi des hommes à genoux sur un trottoir impeccable qui grattent à la brosse métallique une trace de chewing-gum jeté par un impoli. Inutile de dire que fumer est encore plus impossible qu’en Russie mais il y a des coins fumeurs de temps à autre et, paradoxalement il y a beaucoup de restaurants fumeurs.

Borne incendie rutilante, comme la poubelle.
Manœuvrer une pelleteuse en chemise blanche!

 

 

 

Il ne faut pas s’imaginer que les japonais sont parfaits. En roulant dans la montagne, j’ai vu des ravines de déchetteries sauvages. Pourtant, tout est si ordonné, policé, organisé qu’il reste peu de place au hasard.

Cette propreté ahurissante pour nous occidentaux fait partie de la culture nippone qui accorde une place particulière à la purification depuis l’origine du shintoïsme. Je fais un parallèle avec les indiens pour qui purification et propreté vont de pair, sauf que chez eux, ils balaient et nettoient devant leur maison et repoussent les déchets chez le voisin.

Au Japon, c’est une notion de groupe, de communauté, de respect de soi et des autres. Les sento (bain public) et les onsens (source d’eau chaude) relèvent du rite de purification tant du corps que de l’esprit. Finalement un hygiénisme culturalisé.

Quand on rentre dans un appartement ou une petite boutique (en sont exemptés les galeries marchandes et les grands magasins) on enlève sur le palier intérieur ses chaussures. Dans notre studio, c’est l’équivalent d’une marche et nos godillots de motos y prennent toute la place.

Un petit aparté pour les chiens : aucune déjection canine et nulle part, même dans les parcs. Les propriétaires promènent leurs toutous en laisse avec le sac en plastique et la bouteille d’eau. Chien fait pipi sur le trottoir, hop, on rince avec la bouteille, il fait caca, hop le sac ad hoc qui rejoint le plus grand sac plastique qui lui sert à ses propres déchets (mouchoirs en papier, bouteille d’eau vide, tasse en polystyrène etc.)

La salle de bain de notre studio, minuscule, s’utilise comme suit : s’assoir sur un petit tabouret, se savonner en totalité, se rincer soigneusement et ensuite s’installer dans la baignoire, profonde mais courte, les genoux repliés sur la poitrine et tremper ainsi en méditant. L’eau de la baignoire doit rester pure et transparente, peut servir à plusieurs membres de la famille en commençant par le plus âgé et être utilisée plusieurs jours en la couvrant pour maintenir la température de l’eau. Jean-Luc dit que c’est comme une piscine d’appartement.

Douche d’abord et bain ensuite.

Fait-on ainsi ? Bé non. On se douche comme chez nous et on ne rentre même pas dans la baignoire (bouhh les vilains)

Et les toilettes ? On y passerait sa vie ! abattant chauffant, jet d’eau correspondant aux orifices qu’on veut nettoyer, plein de boutons à utiliser.

Vous ne pouviez pas y échapper!

Je laisse intacte votre imagination !

 

P n°2 comme Poubelles (on dit gomi)

Alors là, je peux vous dire que nous nous sommes interrogés.

Il n’y a aucune poubelle dans les rues. Chacun est responsable de ses cochonneries. Certains mettent leurs menus déchets de la journée dans un sac en plastique et dans le panier du vélo. On trouve quand même devant les kombinis (supérettes) des poubelles de tri.

Le ramassage des ordures est quotidien. Dans des sacs transparents. Nous n’avons pas trop compris le tri puisque le verre va avec le carton. Pour le plastique, c’est à part. J’ai lu qu’on triait en fonction de ce qui est combustible et ce qui ne l’est pas. Alors le verre ? On dit que les japonais sont les champions du recyclage. Les poubelles sont nouées puis placées sous des filets bleus arrimés sur le trottoir ou dans des conteneurs d’une blancheur éclatante et verrouillés. Tes ordures ne sont pas mes ordures, non mais !
 

 

Pourtant, s’ils sont champions du recyclage, l’écologie en prend un sacré coup. Comme tout est emballé très élégamment, on se retrouve avec une multicouche d’emballages. Nous cherchions une plaquette de beurre et la trouvant enfin elle est emballée dans un carton décoré, sous le carton, une boite en plastique et pour être vendue encore un plastique.  Ainsi, chaque fruit est emballé soigneusement, chaque aliment idem.

Dans une société fortement industrialisée et urbanisée, se débarrasser des déchets est un réel problème et les japonais en matière environnementale ne sont pas très bien classé. J’ai lu que, à l’est de la mer intérieure de Seto il y avait une île déchets, que le gouvernement a conscience du problème et que l’objectif zéro déchets comme il en existe dans certaines petites villes devraient s’étendre à tout le Japon.

P n°3 comme politesse

Une politesse qui après l’âpre et austère Russie nous a fait un immense plaisir. Même si c’est une politesse de façade, c’est surtout un code de conduite que nous avons bien oublié dans nos pays. Un savoir vivre et un savoir être très plaisant mais aussi pour nous deux la crainte de commettre des impairs. Enfin, on sait quand même que l’on salue le buste droit, pour Jean-luc les mains à plat de chaque côté et une inclinaison de tête, pour moi, les deux mains sur les cuisses et une inclinaison de tête.

J’ai lu aussi qu’on ne dit pas sayonara si célèbre parce que ce mot n’est pas bon et même si les japonais nous pardonnent facilement, eux ne l’utilise pas parce que c’est comme -adieu- et ça coupe le lien entre les êtres. On dit « dewa ogenkidé » qui prend le sens de à la louche « au-revoir, prenez soin de vous jusqu’à notre prochaine rencontre ». Vrai ou pas ? Le jeune d’ici dit sayonara.

Google trad nous proposait moshi-moshi pour bonjour et bé non, ça, c’est comme allo au téléphone. On dit Ohayo le matin jusqu’à 11 h, Konnichiwa l’après-midi.

Merci, c’est aligato suivi de quelque chose qui change à chaque fois et que je n’arrive même pas à prononcer. Mais aligato va très bien et on s’aperçoit que dans tous les pays ne dire ne serait-ce que quelques mots fait plaisir aux gens.

G comme gastronomie
A vos baguettes !
Nous allons au restaurant ou on mange chez nous après avoir fait notre marché.
 

 

 

 

Tout est poésie, les couleurs, la présentation, les formes et c’est si joli que parfois, j’ai l’impression de casser un édifice d’art.

Si nous avions des réticences à manger du poisson cru et des algues, c’est fini parce que c’est délicieux. Le palais est maintenant prêt à recevoir n’importe quelle saveur sauf le wasabi que décidément nos papilles ne veulent pas. Pas pour son piquant, les épices, on aime mais pour son goût.

Bon, si Jean-Luc mange depuis longtemps avec aisance en utilisant ses baguettes, je regrette souvent ma main droite indienne qui tripatouillait allègrement mon riz.

Pour savoir si un restaurant est ouvert, c’est facile, il y a des petits rideaux à mi-hauteur, qu’on appelle norem. S’ils pendent, c’est ouvert et il suffit de soulever pour se laisser surprendre.
 

 

On mange du poisson et c’est normal dans un archipel, du riz, des algues toutes différentes, certaines au gout d’épinards, des nouilles, épaisses, fines, blanche ou ivoire, des œufs, des trucs frits légèrement. Rien n’est gras, tout subjugue. Et on reste interdit devant le choix. Quand il y a une image ou une représentation plastique c’est simple, quand le troquet est tout petit, on y va au pif et c’est bon. Tout est frais et sain, ça se sent, ça se goûte.

Jean-Luc qui déteste le poulpe se laisse séduire par les fines tranches trempées dans la sauce okonomiyaki (j’ai recopié hein faut pas croire !)

Pour les nouilles, c’est fou le choix : ramen, soba, sonem. Les japonais font « slurp » en aspirant leurs nouilles et ça veut dire que c’est bon. Je fais slurp aussi mais c’est parce que je galère avec mes baguettes.

On s’achète aussi des bento (c’est la gamelle que prépare la mère ou l’épouse pour midi) mais qu’on trouve maintenant partout dans les kombinis. Nous avons au bout de notre ruelle un Family Mart, bien pratique.

Tout est si joliment présenté qu’il est finalement impossible de se goinfrer pour ne pas abîmer ce bel agencement.

Ce qui me manque, nous manque, ce sont les fruits si chers. 8 euros les 9 fraises. 1 euro la banane, et tout ainsi. La salade aussi est chère et les tomates pfiuuuu : 2 tomates 4,5 euros. Le fameux concombre poilu n’est pas un concombre mais un légume dont on ne mange que la peau et qui a une terrible amertume. Mais y’a les glaces à tous les parfums et même au … wasabi !

 

C comme carpe.

Les carpes sont très emblématiques. Les carpes Koi arborent des belles couleurs rouge mouchetée de vermillon, on les voit autour des temples dans les étangs. Porte-bonheur ou symbole d’amour et de virilité, elles sont très prisées par les collectionneurs.
 

 

On voit des bannières qu’on appelle koinobori (j’ai cherché) en forme de carpe en l’honneur de la fête des garçons pour qu’ils héritent des vertus de la carpe.

Une carpe portant la vertu de virilité ! ça me fait rire. Aujourd’hui c’est en l’honneur de tous les enfants dont la fête est début mai, voilà pourquoi nous avons vu des bannières de carpes oubliées.

J comme jardin en incluant les forêts.

Dans l’agitation et la foule extrême, les jardins sont à mon sens des nécessités, des havres de paix et de tranquillité. Souvent minimalistes et bien ratissés, toujours harmonisant les formes et les couleurs. Nous avons aimé marcher et nous reposer. Peut-être, les japonais ont-ils besoin de ces espaces de vide et de calme pour supporter l’urbanisation galopante? Peut-être? …

 

Et maintenant

Ce que Jean-Luc aime

  • L’astucieux système sur les fils électriques pour empêcher les oiseaux de se percher

 

  • Les pare vues de chantier

  • Les ouvriers qui, le soir, lavent chacun de leurs outils avant des les ranger dans une boîte elle-même lavée. La toupie à béton est aussi rutilante que si elle était neuve, la pelle de la grue est impeccable
  • La politesse de tous et les sourires si faciles
  • Le riz qui colle mais pas comme celui que je fais quand j’ai oublié le temps de cuisson.
  • Le charme des femmes et hommes en kimonos

 

 

 

 

 

  • La sobriété en tout toujours
  • La beauté des jardins et des temples

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ce que Dominique a aimé

  • Les chaussures des ouvriers et jardiniers comme des guêtres ou comme une deuxième peau avec trois orteils-deux orteils à moins que ce soit un orteil-quatre orteils.

  • La démarche à petits pas des japonaises quand elles portent des geta (tong en bois épais)
  • Etre intriguée et n’avoir pas de réponse pour toutes ces jeunes filles et femmes qui portent des chaussures (mocassins, à talon, baskets ou autre) qui ont l’air d’avoir une pointure en trop. Promis, j’ai bien regardé, on pourrait glisser un doigt entre le talon et la chaussure
  • Les Yukatas, sorte de kimonos qui n’en sont pas, tout fleuris et colorés.

  • Les sushis parce que ça s’attrape facilement avec les baguettes. Tiens, au fait, il parait qu’à certains endroits on mange le poulpe vivant et que ces ventouses se collent au palais !
  • Les parapluies mis à la disposition de chacun, quand la pluie s’abat, devant les boutiques et magasins.

  • Les voitures chihuahuas, celles en jaune surtout.

 

 

  • Les minuscules ruelles aux maisons bordées de pots de fleurs

 

 

 

 

 

  • La beauté des jardins et des temples

  • Photographier n’importe quoi et Jean-Luc s’y met aussi

 

 

 

 

 

 

 

Du braille japonais?

 

Conducteur de taxi masqué!

Ce que Dominique n’aime pas

  • Le Wasabi

  • Que le propriétaire me salue à chaque fois que je sors fumer au coin fumeur et à chaque fois que je rentre. (Du coup je fume moins !)
  • Les vélos qui m’arrivent dans le dos et en règle générale tous les vélos en tout sens parce que je ne sais jamais de quel côté me mettre
  • Me sentir saturée de l’agitation et des foules dans la ville.

 

  • Me dire que je ne connaitrai qu’une si infime particule de ce pays fascinant (oui, je sais, n’est-ce pas déjà une chance inouïe que d’être là?).

PS:
Ce petit blog que nous écrivons à quatre mains est conçu pour notre famille et nos amis mais aussi pour nos mémoires qui déraillent ou défaillent.
Nous n’avons pas indiqué les noms et les lieux des temples, jardins, montagnes etc.. pour deux raisons :

  • La première : il faudrait s’astreindre chaque soir à noter des noms pour nous difficilement prononçables.
  • La deuxième :  tous ceux qui envisagent, qui rêvent ou organisent un voyage au Japon sauront fort bien trouver guide, forum dédié et blog spécifique à ce pays.

Notre grand plaisir et de partager ce qui nous enchante, de ne jamais porter un jugement hâtif ou définitif sur les pays que nous traversons tellement conscients que nous n’en percevons qu’un fragment. Nous croisons une infinité d’hommes, de femmes, d’enfants pour qui nous sommes des gaijins (des étrangers) et qui chaque jour nous apportent aide, sourires et gentillesse.
Un voyage au long cours est émaillé de moments intenses, de temps qui s’étire, nous n’avons rien à chronométrer, à programmer avec une date fixe, c’est une chance.

Nous sommes ravis et heureux de vos commentaires, de vos courriels, des appels Messenger et WhatsApp. Joyeux de vous lire, aligato.

On vous serre tous dans nos grand bras.

Que Nene et Hideyoshi vous assure le bonheur à tous.

 

 

 

Une réflexion sur “Du Japon – Partie 2 – de Kyoto

  1. STEMPIN 7 juin 2018 / 21 h 13 min

    Juste,beaucoup de pensées de notre part et une grosse bise
    Carol et Bernard

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