Depuis Touloun à propos de Novossibirsk

2 mai 2018

Voilà, je prends le temps de vous raconter Novossibirsk parce que ce moment restera pour nous inoubliable.
C’est la capitale de la Sibérie à 2 800 km à l’est de Moscou. C’est la 3ème plus grande ville de Russie et la principale métropole russe à l’est de l’Oural. Ville de contrastes.
 

 

 

  

Vous nous demandez comment avons-nous fait pour passer cette journée en langue française.

L’année dernière dans notre Bourgogne et dans le Morvan est venue Natalia et un groupe d’élèves du Gymnasium 16.

Nous étions allés voir leur spectacle. Une dentelle d’art, de danse et de poésie dans notre belle langue. Nous avions rencontré Natalia et elle nous avait donné son adresse mail et l’adresse du Gymnasium lorsque nous lui avions parlé de notre projet.

Durant le voyage vers Susdal nous lui avons écrit et elle était ravie.

Mais impossible de lui dire 4 000 km avant, le jour précis de notre arrivée. Natalia nous dit qu’elle repart pour une tournée de spectacle du 26 avril au 6 mai …  chez nous ! Nous sommes arrivés le 27 avril … chez elle.

Mais, mais, mais c’était sans compter sur Olivier, professeur de français au Gymnasium qui, au pied levé, a pris le relai! Il vit en Russie depuis 7 ans, sa femme est une scientifique et il n’a nulle intention pour l’heure de revenir en France sauf pour les vacances d’été.

Un grand merci à Olivier qui nous suit fidèlement. Il est venu nous chercher à notre hôtel. Et voilà le gymnasium 16

Nous avons passé la matinée à l’école qui accueille les enfants de l’équivalent du CP jusqu’en troisième. Olivier a organisé une mini conférence où nous avons raconté notre voyage et répondu aux questions des élèves.
 

 

Nous étions heureux et les jeunes étonnés et ravis.

Je suis épatée et ébahie de la qualité du français, de l’aisance que l’on ressent chez eux et au sein de l’école.
 

Tellement de différences avec nos écoles.

Quand les élèves arrivent, ils vont au vestiaire (tout comme dans les autres lieux d’importance, les théâtres, la bibliothèque) et changent de chaussures. Ils ont cours soit le matin, soit l’après-midi et le reste du temps, soit le matin, soit l’après-midi est du temps consacré aux arts, au sport. Nous avons suivi un instant un cours de français d’enfants de dix ans. Il étaient 9 en classe et je comprends pourquoi l’enfant append vite et bien.

Un mot sur Kostia, ce jeune garçon qui s’entraîne 6 jours sur 7 au biathlon, il m’a émue et je ne saurais dire pourquoi. Son sourire, son regard plein de force, je ne sais pas. J’avais une p’tite tour Eiffel porte-clé dans la poche, je lui ai donné, il a mis les mains sur son cœur et a semblé bouleversé autant que moi.

Nous sommes allés au musée de l’école fait par les enfants. Et tout un groupe d’élèves a expliqué le musée Normandie-Niemen à la gloire de l’escadron éponyme. C’était des français. Les élèves récoltent tous les témoignages de cette époque, ils sont exposés dans les vitrines. Je n’imagine même pas un élève français s’impliquer au sein de son école à la création d’un musée !
 

 

 

 

Invités ensuite à la cantine où nous avons déjeuner avec d’autres professeurs, nous en sommes encore tout étonnés.

Le Gymnasium compte 1 500 élèves et la cantine semble petite. On apprend ainsi que la cantine est ouverte dès 9 h du matin et les enfants viennent manger quand ils le veulent, durant les inter cours ou avant de commencer l’école. Les parents peuvent venir manger avec eux s’ils le souhaitent, du reste, il y avait des mamans qui étaient là avec leurs petits.

Puis et encore merci Olivier sans oublier Alice en stage FLE en Sibérie pour 6 semaines, nous nous sommes promenés dans la ville. Le parc de la Victoire où des allées parfaitement rectilignes sont plantés de sapins. Un par héros décoré de l’équivalent de la Croix de guerre. Il y avait un camion avec sa rampe porte missile qu’on appelle « orgues de Staline » (sans les missiles), un avion, un char et c’était surprenant de voir tous ces gamins qui jouaient dessus.
 

Le 9 mai, la fête sera immense, comme dans toute la Russie, avec des parades et des défilés des descendants et parents qui portent la photo en pancarte de ceux tombés à la guerre. Ils sont 25 millions en Russie à être morts ainsi durant la deuxième guerre mondiale et ça me peine de m’apercevoir que l’on parle toujours de l’aide américaine, du débarquement et quasiment jamais de l’aide Russe sur le front de l’Est. Je le savais pour l’avoir appris, mais comme ça, si brièvement.

Et l’après-midi continue. Hop le métro.

Nous nous laissons porter par notre guide chaleureux. Nous avons rendez-vous à la bibliothèque régionale de Sibérie avec le groupe de conversation française.

Un bonheur. Autour de la table plusieurs femmes et un homme et nous bavardons à bâtons rompus, de notre voyage, de notre ressenti. Un débat très ouvert et une véritable curiosité. Du thé, des gâteaux, du chocolat, des rires, des sourires, des questions, les leurs, les nôtres.

 

 

Et l’après-midi court, court. Nous récupérons les anoraks au vestiaire et partons découvrir la ville. Olivier, Alice, Tatiana et deux autres dames du groupe. On a admiré le grand théâtre bien plus majestueux que le Bolchoï, les statues de Lénine et guerrier de la révolution, immenses, massives, un parc d’agrément et de manèges, ainsi que le théâtre où se joue des comédies.

Et n’oublions pas Lénine.

 

 

 

            

 

 

 

J’ai beaucoup parlé avec Tatiana. Son grand-père était un ancien déporté au goulag. Il a rencontré sa grand-mère et depuis la famille s’est construite en Sibérie.

Les gens restent très secrets sur leur vie privée et peu racontent même leur quotidien. Comme si c’était des restes liés à leur Histoire. Cette attitude commune à tous ceux que nous avons rencontré explique en partie, à mon sens, pourquoi d’un prime abord, les russes peuvent sembler froids ce qui n’est pas du tout le cas passé le cap des premiers instants.

C’est volontairement que je ne livre pas ce que l’on m’a confié devant le tombeau des bolcheviques, peut-être que la personne ne souhaite pas que ce soit sur un blog et en tout cas, par respect je ne le dirais pas ici.

En fin de journée nous avons repris le métro et quand Olivier s’est bien assuré que nous retrouverions notre chemin, nous nous sommes séparés.

Une journée superbe grâce à un homme d’une incroyable gentillesse et qui nous a offert tout son temps.

Une bulle de bonheur

Merci Olivier …