De Moscou

Samedi 14 avril 2018

« La vie ce n’est pas seulement respirer, c’est aussi avoir le souffle coupé »

Et voilà nous sommes à Moscou et c’est un plaisir de prendre le clavier pour fixer nos mémoires et pour partager avec vous ce périple qui ne cesse de nous surprendre.

St Pétersbourg-Moscou c’est plus de 700km, alors on a pris notre temps.

D’abord à Novgorod dont on dit que c’est une des plus anciennes villes de la naissance de la Russie.

Une ville que, tous les deux, avons encore plus aimé que St Pétersbourg. Une ville emplie de romantisme. Un très vieux Kremlin, le fleuve qui peu à peu retrouve sa liberté. L’accordéoniste qui joue une mélopée si russe, les gens qui flânent et qui parlent avec nous, l’air clair et bleu et si doux, sa cathédrale dans l’enceinte du Kremlin et quand on s’éloigne loin de là, nos pas qui nous conduisent par hasard vers cette vieille église orthodoxe toute décrépie aux fresques à moitié effacées. Un moment de pur bonheur.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

N’oublions pas Lénine!
Mille ans d’histoire sur ce monument

 

 

 

 

 

On the road again

Et tout est étonnement.

Des fumeroles alignées en bord de route dans l’air glacé et ce sont des successions de samovars posés sur des braseros. Puis des énormes têtes d’ours à vendre, puis, encore des peaux d’ours suspendues à des perches de bois.

Plus loin encore, des marchandes de pommes de terre et des marchandes de miel et des marchandes de fruits (?) en gros bocaux.

Et la route se déroule et si je ne cesse d’observer, de me régaler, Jean-Luc se concentre aussi sur les nids de poules imprévisibles. La succession de ces villages dont les vieilles isbas sont posées là, sur un seul rang, est très émouvante. Certaines déjà écroulées et d’autres que l’on a repeint. Toutes ou presque ont un jardinet avec une petite serre pour les légumes.

On choisit de s’arrêter à Torzhok. Une étape dont on a apprécié la vie locale. Nous sommes descendus à pied jusqu’au fleuve avec la vue sur un monastère.

 

 

 

 

Nous avons fait nos achats dans une petite épicerie et bien rit du quiproquo au tabak. Les bureaux de tabac contrairement à chez nous sont très protégés. On ne voit pas les cigarettes qui sont cachées derrière des volets basculants et la grosse affichette « interdit -18 ans » est bien compréhensible ! Nous demandions à la vendeuse où l’on pouvait voir les ateliers de broderie au fil d’or et la conversation était surréaliste :

  • Moi pointant le doigt sur nous deux : « français »
  • La vendeuse arborant un tee-shirt avec un dessin énorme doré : « Moi, Irma »
  • Moi montrant l’extérieur et la ville d’un geste ample, puis touchant son tee-shirt doré avec un regard interrogatif.
  • Irma ne comprend pas, on s’en doute, alors Jean-Luc montre l’or de son alliance et j’effleure de nouveau le haut du dessin doré.
  • Irma rit et nous dit en russe mais on a bien compris : non, non, je ne suis pas mariée.
  • Bon on laisse tomber et j’ai bien eu l’impression qu’elle imaginait que je lui fourguais mon mari.

On n’a pas trouvé d’atelier.

Depuis, on utilise Google-trad et ça plait beaucoup à tous. Les russes font de même.

Dans la campagne, la neige rendait tout virginal, maintenant, avec la fonte, apparaissent, les plastiques, bouteilles et cochonneries jetées abîmant les abords immédiats des maisonnettes. Nous avons souvent vu, à la campagne, en bord de route des larges panneaux avec le dessin explicite, ne pas jeter, utiliser la poubelle. Ce n’est pas gagné…

Bon, c’est pas l’tout mais nous sommes à Moscou alors sans faire le guide de voyages on vous livre nos impressions presque à chaud, et oui, il fait beau et chaud.

Une ville géante d’une propreté remarquable, on dirait qu’elle fait sa toilette. Les rues sont débarrassées des tas de sable et neige mêlée (les routes et rues ne sont pas salées durant ce long hiver mais sablées), les bancs repeints, les rénovations et restaurations vont bon train. Des machines en nombre lavent les larges trottoirs. Pas un mégot, pas un papier, pas une crotte de chien.

La magnificence d’une capitale.

 

J’imagine ma fille qui a marché sur la Place Rouge, qui s’est promenée au Goum quand elle avait 15 ans et vécu ici durant une année scolaire et je me sens bouleversée. Puis ma petite fille qui était là en novembre.

Nous marchons toute la journée les yeux levés vers les coupoles, les flèches, les façades et rions de ces multitudes de faux cerisiers qui il faut le reconnaître sont du plus bel effet et mieux que les palmiers en plastique ornant les entrées d’oasis en Iran.

 

 

 

 

  

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N’oublions pas Lénine!

 

Ce que Jean-Luc a aimé :
–          Le surdimensionnement en diamètre des descentes de chéneaux et le fil chauffant qui en sort en façade de chaque immeuble. Ça laisse imaginer l’importance du gel et dégel.
–          L’échange avec un motard qui avait rallié St Pétersbourg-Moscou en 10 h sur sa KTM enduro, sans craindre la multitude de radars parce que lui, comme beaucoup d’autres motards a perdu sa plaque. Ce jeune père de famille a vigoureusement serré les mains parce que le lac Baïkal est le lieu de Russie qu’il préfère.
–          Le jeu de piste dans le métro pour trouver la Place Rouge et que c’est pas écrit comme ça!
–          Les jeunes femmes qui se font photographier sous les arbres en plastique.


–          Voir les gens qui, maintenant qu’il n’y a plus de neige, plus de verglas, dévorent des glaces !

Lui, c’est une pâtisserie!

Ce que Dominique a aimé
–          Toutes les coupoles qui brillent.
–          Choisir des plats en questionnant avec Google-trad et recevant les réponses avec le même procédé. Que de rires.
–          Ce couple âgé parlant quelques mots d’anglais et dont la femme nous étreint et nous offre une minuscule icône puis nous bénit d’un signe de croix pour protéger notre voyage.
–          Ces petits qui nous entoure, à peine arrivés, ne parlant que russe et pas nous et voulant tout savoir.  On arrive bien finalement à s’expliquer…
–          Ce week-end les gens ont enlevé les pneus à clous alors, p’têtre que, au moins pour l’oblast (région) de Moscou, la neige est finie ! On verra pour la Sibérie…
–          Surtout pas, descendre dans les entrailles de la terre par des descalator géants dans le métro.


–          Mais surtout photographier n’importe quoi !

 

 

 

Ce que nous n’avons pas aimé :
–          Les préjugés tenaces que nous avions, comme beaucoup sur la Russie :

  • La route est bonne presque partout et en tout cas, comme chez nous.
  • La M10, cette longue route qui relie ces deux grandes villes se fait très facilement et avec plaisir. Les camions ne sont pas plus nombreux qu’ailleurs et sur le tronçon d’autoroute que nous avons emprunté, je n’ai compté que … 10 voitures. (4 euros les 120 km, sont peut-être trop cher pour les russes, no sait !).
  • Il est impressionnant de voir que les piétons sont prioritaires, que les signalisations sont respectées. En fait il n’y a que les motards cacous qui foncent comme des fous.
  • Les feu piétons sont sonores et s’il n’y a pas de feu, mais des zébras au sol, le piéton est prioritaire et ça fonctionne ! (Dans les mégalopoles, c’est le plus souvent passage souterrain)
  • Nous avons vu beaucoup de gays qui se baladaient sans souci (on m’avait tellement dit de trucs sur l’homosexualité vue par les russes), ils ont des boîtes, des clubs et des bars, comme chez nous.

–          Je n’ai pas aimé être dans un bouchon monstrueux sur une quatre voies en arrivant à Moscou. Nous avancions mètre par mètre et la moto chauffait et tout ça parce qu’une camionnette était arrêtée, qu’aucune voiture ne pouvait sortir à droite, que la route, donc, rétrécissait et tout ça parce que deux barbus avaient coupé le moteur, mis leur tapis de prière devant la camionnette et priaient parce que c’était l’heure.

 

Allez ! enfants, familles, amis, on se retrouvera dès qu’on le pourra, (le Wifi est bien capricieux) et nous aurons alors débuté la véritable transsibérienne en passe de devenir aussi célèbre que la route 66 ou la careterra australe.

Et comme je vous le dis à chaque fois, lire vos messages est une vraie joie. Encore merci d’être là.