De Salzbourg

Vendredi 3 août 2018

1°) Les pays de forêts et d’eau

3 000 kms nous séparent de la dernière fois où nous avions écrit ici.
Cette pause dans cette ville autrichienne de toute beauté est bienfaisante et réconfortante.
Notre voyage touche à sa fin et il aurait été injuste de ne pas raconter tous ces derniers jours pour tous ceux qui n’ont ni Facebook, ni WhatsApp et pour nous-mêmes également. Il restera le billet final du bilan pour clore ce chapitre de nos vies.
Les nouvelles alarmantes de Vieille Maman nous ont décidé à poser le choix de rentrer. Parfois c’est le cœur qui parle le plus fort …
Alors nous avons pris le ferry aux Lofoten pour Bodo sur le continent.

 

 

 

 

Une traversée rêvée avec les montagnes plongeant dans la mer. Et puis, nous avons roulé et encore roulé, chaque jour.
Descendant la Norvège, traversant les Alpes du pays par des cols râpés battus par le vent et la pluie, les fjords noyés de brouillard, nous arrivons en Suède et le soleil revient avec une chaleur dont nous avions oublié l’existence. Autour de Kiruna les incendies ont fait rage et nous apprenons que les Samis sont inquiets pour leurs troupeaux. Les éleveurs de rennes ont des cheptels allant de 4 000 à 8000 bêtes. Les rennes se nourrissent l’hiver du lichen qu’ils vont chercher sous la neige. Les lichens, avec les arbres, ont brûlé et il faudra une trentaine d’années pour qu’ils repoussent.
Les éleveurs se demandent où trouver le fourrage pour le long hiver. En Suède, nul ne se rappelle avoir vécu de telles chaleurs, tout comme une telle quantité de neige cet hiver. Un homme nous a dit qu’il y avait eu 1m60 et sur un bord de route nous avons vu une montagne de déblaiement, neige et terre mêlée qui malgré les 35° n’avait pas fini de fondre, l’équivalent d’un immeuble de 4 étages, c’est dire !

De ces deux pays de forêts et d’eau nous n’avons finalement qu’un bref aperçu pour nous permettre un jugement définitif. Il faudrait y vivre des saisons et des saisons pour apprendre, comme pour tous les pays d’ailleurs. Pourtant, si nous avons littéralement adoré la Finlande et son art de vivre, Norvège et Suède aux très beaux paysages nous ont laissé froids. Dans l’imaginaire, nous les pensions très pointus sur l’écologie, l’environnement, l’hygiène, tout çà, tout çà, mais pléthore de détritus en tous genres existe ici aussi hélas. Les supermarchés rivalisent d’utilisation de sac et emballages en plastique, les poubelles de villes n’existent pas et canettes, mégots sont bien là pour le rappeler.
Les petites bourgades sont épargnées et sont très coquettes avec leurs maisons colorées et les jardins tondus au cordeau.

 

Chasseur de baleine devant son trophée!

Nous avons pris l’option du ferry qui traverse depuis la Suède jusqu’à Rostock en Allemagne. Pas de Danemark donc et après tous ces mois de voyage nous savons qu’il ne faut pas avoir de regrets sur ce qui ne se fait pas. Et si l’enthousiasme m’a fait défaut ces derniers jours, il reste encore, et pour tous les deux, l’élan de la découverte.


Cette traversée nocturne en ferry fut vraiment éprouvante. Plus de cabine disponible, nous pensions trouver, au moins, des fauteuils légèrement inclinables comme dans tous les ferry pris jusqu’alors.Et non, rien, nous avons gouté au confort hollandais (compagnie du bateau), un lounge aux raides fauteuils sans dossier coincés entres des tables vissées au sol et une cafeteria avec le panneau -no sleeping area-. Nous étions une trentaine dont 4 motards tchèques venus suivre une conférence théologique à Uppsala et qui rentraient chez eux. Bien déconfits, et plutôt mal que bien nous nous sommes tous installés pour une très courte nuit. Je me suis rappelée mes 18 ans quand j’étais partie au Cap Nord et qu’avec toi, Hélène, nous dormions par terre n’importe où !


Et la route a repris en Allemagne maintenant. Nous passerons par l’Autriche pour ne pas retrouver les axes infernaux de Hambourg-Brème-Düsseldorf comme celui de Nuremberg-Stuttgart où sur des dizaines de kilomètres les camions sont cul à cul avec les bouchons incessants dus aux travaux.

Vous pouvez zoomer, c’est alcool frei !

Heureusement que nous ne sommes pas des œufs!

J’aime beaucoup l’Allemagne. Les villages tous propres aux maisons massives, solides et si fleuries. Et les Biergarten sous les marronniers où l’on mange à l’ombre de la cochonaille arrosée d’une bière légère!
A l’étape d’hier soir, nous avons rencontré des routiers. Faut dire que leur parking était juste à côté d’où nous logions. Des slovènes, des roumains, des tchèques, un hongrois. Quel métier ! Ils sont passionnés et sillonnent l’Europe avec une belle entraide et solidarité entre eux.
Karlman un routier hongrois et gipsy a offert sa tournée et dire que déjà je peinais à finir mon verre…


Lui qui a bourlingué partout ne connaissait pas Nevers pour l’avoir traversé mais pour sa botte nous disait-il en mettent le doigt entre les deux yeux. Et quand nous avons évoqué la transsibérienne et Irkoutsk, il nous a interrompu et a évoqué Michel Strogoff ! Etonnant!
Avec trois mots d’anglais, trois mots d’allemands nous avons refait le monde puis, sur une solide poignée de mains après avoir écrit le lieu de rassemblement des Saintes Marie de la Mer où il ira sûrement un 15 août prochain, chacun a repris sa route, eux pour dormir dans leur camion, nous à l’hôtel.
Ainsi vont les chemins. Cette solidarité entre routiers ressemble un peu à celle des motards. Sur la route, nous nous saluons tous, aux arrêts nous nous garons ensemble, et chacun s’intéresse à l’autre, à son voyage. Finalement la langue n’est pas un obstacle infranchissable, même en Russie d’ailleurs.
De ces rencontres éphémères qui jalonnent un long voyage, il ne reste pas grand-chose, parfois une photo, parfois le souvenir de rires et parfois une émotion que l’on garde précieusement au fond de soi.

2°) Bonjour l’Autriche

Et voilà, nous sommes à Salzbourg que nous avons déjà visité il y a 17 ans lorsque nous étions allés vivre cette concentration irréelle de motards organisée par BMW à Garmisch-Partenkirchen. Un plaisir renouvelé.

Rien de mieux que des vielles pierres pour trouver de la fraîcheur.

Vive les gargouilles modernes !

La maison de W. A. Mozart

On a retrouvé les coréens!
La ville a même construit une passerelle pour que les amoureux accrochent leurs cadenas …

Photo ou vélo sans cadre?

Des couvertures sur les arbres, faudrait pas qu’ils prennent froid!

Le Petit Prince regardant passer les avions?
Tout va bien, Pierre a les clefs.

Pieta de Anna Chromy (1999)
Inspiré par « Don Juan » de Mozart, la pièce de théâtre « Jedermann » d’Hofmannsthal et de la phrase « dans un soupir… je sens l’âme s’échapper… »
La coquille vide est comme un symbole de ce qui nous survit : l’amour que nous avons donné, les œuvres que nous avons créées, les souffrances que nous avons endurées.

Les nouvelles de France sont meilleures, nous restons deux jours pour du repos si nécessaire puis en reprenant le route par Innsbruck et Berne nous arriverons à destination.
Pas de p’tite rubrique « ce que nous avons aimé, pas aimé » Parce que décidément il fait bien trop chaud pour écrire davantage et nous sommes épuisés de longues journées avec blousons, casques, et lourd pantalon sous le soleil implacable. Nous pouvons vous certifier que la couleur noir capte la chaleur! Nous nous surprenons à réaliser que nous résistons bien mieux au froid de la Sibérie du début du voyage qu’aux chaleurs de la Suède, de l’Allemagne et de l’Autriche aujourd’hui.

3°) N’importe quoi? Insolite ou historique

Drôle de fromage!

Toilettes suédoises genrées.
En toute transparence !

Clin d’œil à notre village.

Vive les gargouilles modernes !

Des couvertures sur les arbres, faudrait pas qu’ils prennent froid!

Un tunnel? Non, un parking.

En tout cas, merci encore et toujours de vos courriels, ils nous vont droit au cœur.
Je laisse la place à mon merveilleux pilote pour qu’il intègre les photos. A lui aussi, ici, je dis merci de nous conduire avec une telle sagesse et prudence sur ces Chemins du Monde.

 

Au Nord du Cercle Arctique

1°) de Sallatunturi (Finlande)

Mercredi 11 juillet 2018

« Que faites-vous durant cette pause, perdus dans ce chalet en Laponie ? »
« Rien, voilà, rien. »

Nous sommes absolument seuls, aucun contact avec les gens du cru vivant au village à 10 km de là, si ce n’est les brèves échanges marchands. Et oui, il faut pourvoir au ravitaillement !
 

 

L’occasion de découvrir le nâkkileipa pour de vrai. On connait tous ce pain des pays nordiques sous les noms de Cracotte ou de Wasa. Ici on dit du crackpain. Ici, c’est le pays des baies, myrtilles et airelles, les gens cueillent, cueillent et nous, empotés, ne trouvons rien ! Ont-ils des endroits secrets, comme chez nous pour le muguet ou les girolles ?

Le penseur des rondins!
Z’avez vu le taon au milieu de la photo?

Et gouter au karsjalanpiirakka (il est long ce mot à transcrire mais à prononcer, allez-y !), c’est une galette fourrée aux pommes de terre, carottes et au renne. Et oui, parce que ça se mange aussi le renne, autant que la vache chez nous (qu’on nous dit que c’est du bœuf).
 

Faut avouer que c’est encore plus délicieux de les voir se promener devant le chalet, nonchalamment et sans vraie crainte. Un peu farouches, ils se laissent tout doucement approcher et quand vous êtes à les toucher, hop, ils filent en deux bonds.

Bon, tu te pousses, qu’on puisse sortir.

 

Le temps est chaud, le ciel bleu et les petites balades nous conduisent dans la forêt, dans les aiguilles de pins qui craquent sous les pieds, les sentiers serpentent au bord du lac, passent devant les maisons en rondins, pas de clôtures ni de palissades, encore moins de grilles.
 

 
Les motoneiges sont garées, les saunas en intérieur et les jacuzzis en extérieur attendent la neige abondante et le retour des propriétaires.

Ça, c’est un jacuzzi d’extérieur.
Ça, c’est le tri !
Sauna champêtre?
Ben non!

C’est le silence strié du bourdonnement incessant des taons et des moustiques. Parfois un bivouac avec son chapeau pointu, ses bancs et son âtre au milieu.
 

 

Je touche des fleurs douces et duveteuses comme du coton. Merci Hélène ma botaniste pour reconnaitre la linaigrette des marais et m’apprendre que les trolls en font des réserves pour l’hiver.

Les Trolls ne doivent pas être loin!

 

Nous n’avons pas croisé en chemin les trolls de ce pays, sûrement sont-ils moins nombreux qu’en Norvège où les rennes sont-ils trop nombreux et les auraient-ils piétinés ? Ben non, les trolls ce sont des géants, ils ne risquent rien !

Au-dessus du lac on voit bien les remonte-pentes du ski, il y a même deux pistes noires. C’est amusant parce qu’on apprend que tunturis veut dire collines et ici, elle est haute de 470 mètres ! On dit qu’il y a 700 tunturis en Finlande. Ski de piste, nordique, de fond, raquettes, motoneiges, traîneaux tirés par les rennes, par les huskys sans oublier le Père Noël qui habite à 100 km d’ici à Rovaniemi, on imagine sans peine la foule des passionnés des joies hivernales et quand on voit le nombre de chalets clos l’été, l’hiver la vie humaine doit battre son plein. Les chemins de motoneige sont même jalonnés de réverbères !
 

Pour l’heure c’est le chaud été et nous savourons ce qui s’apparente à une retraite de silence et de repos et c’est parfait, même s’il n’y fait jamais nuit.

Nous n’avons pas vu les aurores boréales parce qu’il faut de la neige. En effet, ce sont les renards polaires qui balayent cette neige avec leur queue touffue pour que cette poussière magique s’envole dans le ciel. Belle légende perpétuée par le peuple Samis !

2°) des îles Lofoten (Norvège)

Jeudi 19 juillet 2018

« Il ne faut pas de tout pour faire un monde, il faut du bonheur et rien d’autre »

C’est ainsi, le cœur rempli de joie que nous quittons la Finlande qui nous a conquis, ses rennes promeneurs aux larges sabots à la démarche pataude, ses 200 000 lacs chatoyants sous le soleil et ses forêts boréales silencieuses.

 

 

 

 

Nous effleurons la Suède pour la traverser et arriver en Norvège.
 

 

Parce que choisir les Lofoten, c’est un peu magique et même si, ici, il faut penser à prendre des élastiques parce que les billets s’envolent, le lapis-lazuli de l’eau, les nuages bas qui s’effilochent sur les flancs des montagnes et celles-ci qui chutent dans la Mer de Norvège valent bien les désagréments du porte-monnaie.

Filet à provisions ou provisions enfilées?
Bon! Ils sont où déjà les vêtements de pluie?

On est là pour notre plaisir !
Bien esseulée elle aussi!

Aujourd’hui il pleut, il fait froid, mon cœur est empli d’inquiétude et de peine à la nouvelle de l’hospitalisation des vieux parents. Mais Jean-Luc est avec moi…

Nous allons prendre la route du retour. D’abord attendre le ferry de dimanche qui nous déposera à Bodo, refiler en Suède et changer les pneus de la moto à Lulea. Ils deviennent dangereux pour notre sécurité, ils nous ont porté si fidèlement durant ces milliers et milliers de kilomètres qu’il serait bien inconscient de croire que nous pourrions arriver à bon port sans incident.

Et ainsi, par le Danemark, l’Allemagne, l’Autriche et la Suisse (Marc et Catherine vous nous accueillez ?) nous serons autour du 20 août chez nous puis … c’est un autre voyage…

Les Lofoten

Incroyable archipel au nord du cercle polaire arctique, entre ciel et mer, celle de Norvège et le Vestfjord. On dit qu’ici l’hiver n’est pas très rigoureux et que l’été, le thermomètre ne monte guère au-dessus de 15°. (68° latitude nord).  Nous sommes arrivés sous le déluge, 9°, brouillard et hallebardes. Voilà une nouvelle occasion de ressortir vêtements chauds et vêtements de pluie. Gardons le moral, essentiel, je crois dans un si long voyage…
 

 

 

 

Après deux jours de pluie incessante, le soleil est là et alors, savourons. Aujourd’hui encore, aux Lofoten, vit une population de pêcheurs-paysans. Au large, la pêche est abondante et assurée de janvier à mars. On pêche la morue skrei dont la période de frai dure trois mois. Ces bancs de poissons attirent les pêcheurs de Tromso et d’ailleurs, c’est ainsi que l’on a construit partout dans l’archipel des fiskevaer (port de pêche) avec des baraquements en bois peints en rouge sur pilotis appuyés sur les appontements, les rorbuer.
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Un rorbu est conçu pour des équipages jusqu’à douze hommes et, aujourd’hui, en dehors de la saison hivernale de pêche, beaucoup sont restaurés, rendus confortables et loués à prix d’or aux touristes durant la période estivale. Le nôtre est sommaire, aux vitres sales, à la propreté douteuse à prix pharaonique norvégien, mais nous sommes au bord du fjord, au bord de l’eau…

Si la morue est encore mise sur des séchoirs en bois, les hjellers, pour être séchée à l’air libre, puis mise en salaison, elle est de plus en plus congelée et préparée sur place dans chaque petit port.

On prépare ainsi les filets, l’huile et les rogues (œufs des femelles prisés par les pêcheurs bretons pour la pêche de la sardine) qu’on mélange aussi à du beurre et qui est vendu en tube, comme le fromage et la confiture.

De Ballstad à Svolvaer la grande ville, à Henningsvaer, aux plages de sable blanc de Haukland, Utakleiv, quand il fait beau, la balade à moto ne devrait être que plaisir.

Mais nous sommes d’affreux sauvages et devant l’afflux écrasant des camping-cars envahissant les minuscules routes menant aux plages, s’installant devant les merveilleux points de vue, garés comme des sardines et bouchant le port (!), nous n’avons qu’une envie, fuir plus haut, plus loin.
Si l’état parfait des routes en Scandinavie permet ces hordes de camions-maison, j’en viens à prier pour que jamais les routes de Russie, de Sibérie, ne soient améliorées, parce que la splendeur de la taïga, du Baïkal en seraient irrémédiablement gâchée.
C’est un coup de gueule pas vraiment tolérant, pardonnez-moi, et vu les prix hôteliers, comme ceux de la nourriture dans les supermarchés, l’afflux des camping-cars aux soutes bourrées de provisions n’est pas prêt de se tarir.
Curieuse expérience de la nature sauvage confrontée à la sauvagerie du consumérisme.

En conclusion, les Lofoten, c’est un grand oui, sans doute hors saison, mais une certitude nous restera en mémoire, la saisissante beauté des paysages.

Ce que nous avons aimé :

  • La paix et la quiétude de la Finlande
  • Les montagnes vertes et écorchées qui tombent dans la mer en Norvège

  • Les eaux turquoise, vertes ou noires au gré du ciel qui déteint.
  • Le ravissement du regard où la surprise se cache derrière chaque virage.
  • En leitmotiv, photographier n’importe quoi.
On a bien fait de s’arrêter sur les 20 cm de goudron qui nous restaient!

 

ça au moins c’est du tag artistique!
Y’a pas que le Slip Français! Y’a aussi …

 

 

 

Peaux de renne en peau de mouton
Cueille airelle

Ce que nous n’avons pas aimé :

  • Les prix scandinaves et surtout norvégiens. Après la Russie, le choc est rude !
  • Voir un camping-car de la taille d’un bus 50 personnes prendre tout le parking du port et n’en voir sortir que 3 personnes.

A bientôt pour notre retour sur le continent. Merci à mes frères de prendre soin des parents en attendant notre retour et merci, immense merci à nos fidèles lecteurs.

 

De Salla

Samedi 7 juillet 2018

« Quand on est habité par une nostalgie incompréhensible, c’est le signe qu’il y a un ailleurs. »
Alors, on y va !

Nous partons vers le Grand Nord et c’est depuis Salla où nous choisissons de nous arrêter une semaine que nous allons rattraper l’énorme retard du blog. Il était temps, n’est-ce pas?
Un temps de repos quasiment nécessaire parce que nous sommes fatigués. Et si nos corps réclament cette pause, nos cœurs persistent à battre de joie et nos yeux à s’émerveiller sans cesse.
 
Nous avons choisi de laisser la Mongolie. Nous sommes à deux sur une moto chargée pour l’hiver et pour l’été et comme je pousse des cris d’orfraie dès que la route se creuse de trous, de sable, d’aiguilles de pin, je suis ravie de notre choix. Jean-Luc est un pilote hors pair et sans doute, seul, il aurait réussi à passer les gués et rouler sur la tôle ondulée, mais nous sommes deux, alors …
 

 

Ouf, chuis descendue!
J’suis forte! J’suis forte! …
Je vous rassure, ce n’est pas tout le temps, c’est juste pour faire baroudeur!

Notre choix est de surcroît judicieux, puisque l’ambassade de Russie à Oulan-Bator refuse aujourd’hui de délivrer des visas, même de transit aux ressortissants français en Mongolie. Nous avons une pensée pour ceux qui étaient avec nous à Vladivostok et dont c’était le projet.
Bref, nous partons à la découverte des pays du Nord.
Mes souvenirs remontent à 47 ans ( Hélène, te souviens-tu de Hans et Uwe qui nous avaient pris en stop depuis Lulea pendant 8 jours ?) et comme Jean-Luc ne connait pas …
Nous traçons une route vers l’inconnu, parce que l’idée de départ n’était pas celle-ci. C’est une des joies du voyage, se laisser surprendre.
A nous les jours éternels, les rennes, les forêts, les lacs, la nature si préservée, les escouades de moustiques et les escadrons de taons !
 

Attention! Rennes.

 

Nous avons abandonné les isbas et leurs fenêtres à dentelle de bois, place aux maisons rouges, aux simples fenêtres encadrées de blanc.
 
Pour arriver jusqu’ici, nous sommes repassé par Velikiy-Novgorod et notre étape glacée de l’aller a fait place au vert brillant des bouleaux et au bleu de la rivière.
Ce n’est pas le Nijni-Novgorod du foot, c’est celui que les russes appellent Novgorod et là, en flânant dans la ville, on ne peux pas deviner qu’il y a la coupe du monde.

Là, c’est servi sans glace.

Vite, c’est l’été! Promenons nous dans les bois …

 

Romantisme??


Nous avons traversé Saint Pétersbourg par la périphérie et Dieu sait que j’appréhendais les huit voies. Quel étonnement de voir les villes nouvelles de tours comme des Lego de couleur pouvant accueillir des dizaines de milliers de personnes et qui semblaient vides.
 

 

  Avant de quitter la Russie et pour savourer les derniers jours de visa, nous sommes restés dans une clairière au milieu des bouleaux dans un chalet prêt d’un lac à Romasky.

Voir sans être vu. Vive la glace sans tain!
D’un côté comme de l’autre, on voit dehors.

 

 

Y’a plus de bouleaux, place aux résineux!

 

 

Il n’y avait que le bruissement des feuilles, quelques cris d’enfants et le temps avait choisi de retourner sa veste. Un grand écart de 30 degrés, de quoi nous prévenir que nous montons au-delà du cercle arctique et que là-haut, l’été n’est pas le nôtre, écrasé de chaleur.

Il fait frais au p’tit matin.
France-Argentine

Nous avons laissé glisser des heures vaporeuses, savouré de longues siestes et le silence des jours. Et go … Nous avons laissé la Russie avec un pincement au cœur et la Finlande nous a accueilli dans la splendeur de ses paysages au gré de routes sans surprise.
 

Dernière maison russe.
En Finlande, des aires d’arrêt, oui, mais avec les taons et les moustiques.

Nous remontons vers la Laponie, la région la plus septentrionale de la Finlande, qui borde la Suède, la Norvège, la Russie et la Mer Baltique.

Bucolique malgré la pluie, non?
Faut vraiment freiner à temps!

Suivez-moi, c’est tout droit!

 

 

 

Eglise ou temple luthérien?

 

Attention! Rennes.

 

Z’ont oublié d’écarter les bras?
Ils ont aussi du bouleau.

Le capitaine du vaisseau.
Baroudeuse
Là aussi, à l’infini …


On dit qu’ici, il y a plus de rennes que d’humains, comme chez nous dans le Morvan où il y a plus de vaches que d’hommes. La sérénité de cette nature sauvage et intacte ne cesse de nous apaiser et de ravir nos yeux.
C’est l’été et la nuit n’existe pas ou si peu, officiellement entre une et deux heures du matin, mais on peut vous certifier que c’est plutôt un clair-obscur. C’est d’ailleurs un peu difficile de trouver le sommeil, car peu d’hébergements sont pourvus de rideaux occultants et comme il n’y a pas de volets …
Ici, c’est le territoire Sami et ce peuple a gardé une langue commune qu’ils vivent en Suède, en Finlande en Norvège ou en Russie. Pour eux, les frontières politiques n’existent pas.
Nous avons choisi de remonter le long de la frontière russe (nous en sommes à 25 km) sur plus de 1 000 km par la Via Karelia et nous nous posons dans un chalet charmant avec sauna, s’il vous plait ! à 10 km de Salla, une bien jolie bourgade, juste après avoir franchi le cercle arctique.

Sallatunturi, au nord du cercle arctique.

Vous connaissez?

C’est pas à côté!

La route parfaite pour nous y mener trace son chemin entre les lacs miroitants et les forêts de pin. Nous roulons ainsi 2 jours sous la pluie et les seuls dangers ne sont pas les camions absents, les voitures rares, mais bien les rennes et les élans qui sont ici chez eux.
Ploc, ploc, ploc, un renne à la dégaine pataude choisi de se mettre devant nous, comme pour nous montrer avec insistance le chemin. Il ne sait pas que nous avons un GPS le bougre ! Quelqu’un d’ici nous a dit que c’était un animal stupide, mais nous, nous aimons bien, comme nos blaireaux du Morvan (à 4 ou 2 pattes !)
 
Parfois, la pluie incessante nous offre des surprises. Ainsi, las d’être trempés, nous stoppons sur un parking de supermarché quand enfin une ville parait. Des motos sont garées et notre esprit grégaire nous pousse à nous garer à côté. Ce sont les motards « Gospel Rider ». Là, sous des parasols jouant pour l’heure le rôle de parapluie, ils jouent et chantent. C’est sympa et l’un d’eux offre à Jean-Luc « la bible des motards » en finnois.

Des motards qui ne parlent pas que de moto!

Il y avait un sens à tout çà?

 

“Voici la route”

Puis, à Kuusamo, nous avons fait notre étape technique :

  • Réparation des lunettes de Jean-Luc qui avaient perdu un appui-nez et
  • Vidange de la moto bien nécessaire après ces milliers de kilomètres. Bien contents de trouver une enseigne Yamaha, même si ce n’était que pour les motoneiges et moteurs hors bords. Surtout quel bonheur de pouvoir se faire comprendre et in fine, régler en € !
Enfin!
C’est pour plus tard.
Oui, vous avez raison, c’est bien 3,1 litres si on ne change pas le filtre et pas 4, comme je pensais. Vous êtes un vrai professionnel.
C’est bien de trouver une langue commune.

Nous voilà bien soulagés pour la suite du voyage.

Ce que Dominique a aimé :

  • Vivre dans la forêt
  • Voir les rennes sur la route
  • Revoir en été les paysages vus cet hiver

 

  • Photographier n’importe-quoi, en fait, c’est surtout pour garder un souvenir de nos étonnements.

Mercerie
Boucherie

Facile de choisir avec le menu!
C’est MA place!

Salade fraîche en pot.
C’est l’été, les porte-manteaux sont vides.
Cà, c’est un jacuzzi, Il y a les mêmes en bord de route, mais ce sont les poubelles de tri!
Ballons d’anniversaire

Ce que Jean-Luc a aimé :

  • Les routes sans mauvaises surprise de la Finlande
  • Avoir un casque intégral, vu les petites et grosses bêtes volantes
  • Faire enfin la vidange de la moto avec l’huile constructeur.
  • Ralentir et éviter les rennes, il n’a pas envie de prendre son élan !

Ce que Dominique n’a pas aimé :

  • Prendre des photos à 100 km/h avec le portable et s’apercevoir le soir qu’il était en mode ‘selfie’

Ce que Jean-Luc n’a pas aimé :

  • Ne pas pouvoir faire le plein en Russie à la frontière, toutes les stations étant fermées et devoir le faire au tarif bien de chez nous en Finlande.
  • Etre contraint de devoir déterminer à l’avance par tranches de 10 € la quantité de carburant à acheter sur les automates de rase campagne forêt.

Avant de se quitter, voici en images notre balade d’hier.
 

 

 

 

C’est la réserve de bois pour le foyer du refuge.

 

  

 

 

Super! Quand le lac n’est pas gelé, on a deux fois plus de paysage!

A la prochaine les amis et la famille. Bonnes vacances pour ceux qui les commencent (Stef,Aurélie,Marie,Cedrick,Rémy,Vanessa). Pour tous, savourez ce bel été. Merci Jean-François de si bien prendre soin de nos abeilles, sans oublier Gérard et Daniel. Merci Tony pour t’occuper de notre jardin er merci à Jacques, Lionel, Christian, Jean-Pierre, Antonia, Marie (celle de Lionel!),Dino, Carol et Bernard, Hélène et tous nos fidèles lecteurs si précieux. Petit clin d’œil à Mamina et Fabricia.

 

Interlude autour de l’Anneau d’Or

Dimanche 24 juin 2018

Pendant que la moto voyage en train, nous nous promenons de petites villes en petites villes en un grand cercle autour de Moscou que l’on appelle l’Anneau d’Or.
Et, pour se promener, quoi de mieux que le train?
 

 
Pas le grand et long transsibérien, simplement des trains qui avancent lentement, s’arrêtent à toutes les gares. Parfois, juste un petit abri, ou un autre un peu plus grand.
 

Les gens montent, descendent, bavardent, regardent leur téléphone. Une vieille femme squelettique, la tête rasée, chargée d’un sac à dos crasseux monte avec son chien. Elle se gratte, se déshabille et, torse nu, époussette son vêtement. Le jeune chien s’affale dans la travée. Le wagon est plein et nul ne s’assoit à côté d’elle. Des jeunes filles en petit short et mini débardeur gloussent comme toutes les ados du monde. On ne comprend rien mais on écoute, on observe, on sourit.
Le train, comme les nôtres qu’on a connu, siffle et chuinte. La forêt défile et engloutit tout le paysage. Les bouleaux que j’aime tant aspirent toute la lumière et se gorgent de soleil. Je crois qu’ils en font provision pour le rude hiver qui suivra.

On devine parfois les isbas derrière les feuillages, parfois les datchas et leurs potagers à l’orée des villes.
Et quand on prend le train, c’est comme un jeu de piste. Trouver la bonne Kacca, celle des trains et pas celle des bus. Trouver le bon train, le bon quai et la bonne heure. Et, l’on s’aperçoit qu’on lit de mieux en mieux. Les interdictions? Elles sont simples à comprendre avec les pictogrammes.
 


Et quand on arrive, il faut rejoindre notre hébergement. Bus, taxi ou pied. On se fait rouler dans la farine, une seule fois, ma foi tant pis. 600 roubles au lieu de 100. Nous sommes bon joueur et la somme n’est pas si grosse. La roublardise, ça vient peut-être de là?
Nous avons savouré le temps et de Rostov à Iaroslavl en passant par Alexandrov, nous avons traîné, ivres de coupoles, de bulbes, d’églises, de Kremlins, en une sorte de vertige de beauté, jamais rassasiés, jamais repus, nos regards sans cesse sollicités.
Nous avons fait le choix de passer deux nuits dans un monastère à Rostov.
La nuit dans un silence absolu, une bulle de paix .

Nous avons regretté de ne pas nous faire comprendre et google trad n’est pas parvenu à nous aider. Le soir, croyant vraiment que le « dîner » était prévu, nous allons vers la maison des repas. Elle était close et un jeune devisant avec un pope nous dit de le suivre et nous laisse à l’étage dans une pièce où était dressée une table pour 6 avec en bout, de toute évidence, la place pour un célébrant ( ? !!!).

Les plats simplissimes étaient prêts, les pommes de terre chaudes et il n’y avait personne. Que faire hein ? On n’allait pas s’installer et manger et, vraiment, ça n’avait pas l’air d’être pour nous. Nous avons attendu et nous sommes partis. Diantre ! J’ai appelé le numéro qui était laissé à l’accueil et mon interlocuteur me répond bien fermement : « Dinner ? Niet » et il a raccroché. Il nous restait pour deux, une banane, un concombre et un morceau de fromage à qui nous avons évité de transpirer plus longtemps dans son plastique. Drôle!

Ainsi, les 10 jours ont filé et la boucle est bouclée.

C’est lui Yaroslavl.

Nous sommes de retour à Sergiyev Posad.
En nous baladant à l’ombre des jardins, écrasés par une folle chaleur, nous nous arrêtons devant le monument du soldat inconnu où brûle une flamme éternelle.


Une cérémonie va commencer. C’est bien de n’être pas pressé. Des soldats de l’armée de terre, de la marine attendent des œillets rouges à la main. Des enfants des écoles aussi, des jeunes filles et jeunes garçons des jeunesses communistes attendent aussi. Il y a la foule, femmes jeunes ou âgées, hommes vieux ou jeunes tous avec trois œillets rouge. Et puis encore le pope de Serguiev, (c’est le chef de l’Eglise orthodoxe de Russie et il vit ici) accompagné de prêtres. Les politiques étaient là aussi, comme le maire de la ville dans son costume bleu qui lui serrait le bide.

 


Les chœurs de l’armée rouge enflent, sortant des enceintes, la télévision et les photographes sont là. Et commence la cérémonie. Une bénédiction du pope, la chorale des prêtres, un discours du maire et après l’hymne national et le dépôt des grandes couronnes de chaque corps constitué, chacun défile et pose les œillets sur la dalle de marbre où l’air vacille autour de la flamme.

Le politique, la religion, l’armée, l’éducation, tout ce qui tient et compose un peuple en condensé pendant cette heure. Nous avons appris par la suite que ce jour du 22 juin est un jour fêté et non férié: c’est le Jour de la Mémoire et du Chagrin dédié au souvenir du début de la Seconde Guerre mondiale, appelée “Grande Guerre patriotique” en Union Soviétique puis en Russie.

La moto est de retour. Nous sommes allés à Moscou au petit matin, en train. Elle était bien là dans sa caisse si bien construite par Andrei et ses gars.
 
Repartis à Sergiyev sous 45 °, nous nous tapons au moins trente kilomètres de bouchons en sortie de Moscou, parce que faire passer de 8 voies à 2 pour refaire la chaussée, ça coince! Et nous retrouvons avec bonheur le calme de la petite ville.
Il nous reste 8 jours en Russie, contrainte du visa oblige, nous devrons quitter ce pays qui a si bien accroché nos cœurs.
On dit souvent la Grande Russie, la Russie Eternelle et, pour nous, c’est surtout une immense découverte, d’un peuple qui au premier abord semble froid et indifférent et, passé le premier moment, s’avère si chaleureux et accueillant et aussi d’un paysage hivernal d’une grande beauté et tellement empreint de mélancolie. Et , et, et, je m’arrête là, d’accord ?
Nous remontons en douceur demain vers la frontière russo-finlandaise et ce sera de nouvelles aventures.
Et pour les accros au n’importe quoi, voilà un florilège …

Canonisé ?
La théière est au chaud sous les jupons!

A tous qui, malgré la longueur de notre voyage, continuent de nous suivre, un grand merci de nous écrire, c’est la cerise sur le gâteau.
On vous embrasse, dasvidania et à bientôt.

De Sergiyev Posad

Samedi 16 juin 2018

« Celui qui voyage sans rencontrer l’autre ne voyage pas, il se déplace »

Contente de vous retrouver pour vous raconter tous ces moments jusqu’à notre arrivée à Sergiyev Posad.

Nous avons quitté le Japon et changé tous nos plans.

Nous avons dû faire le constat que pour nous, la Mongolie ne sera pas. Un choix est toujours un regret et, pourtant, nous avons préféré nous attarder au Japon. En Mongolie, les gens appellent le mois de juin, le Mois de Pluie. Nous sommes chargés et s’il est encore possible pour un motard seul sur sa bécane de traverser ce pays superbe, à deux, c’est trop périlleux. Les gués sont si hauts, que les voyageurs en 4×4 ont l’eau jusqu’au capot. Il faut savoir être sages.

Nous repartons en ferry à Vladivostok. Notre bateau avance à 18 nœuds (à peu près 34 km) et les 1200 km nous laissent deux nuits à bord.

Tatiana, nous a évité les tatamis à 72, a parlementé avec les douanes et la moto a pu embarquer chargée. Si nous étions à l’aller 4 motards, au retour, que de magnifiques rencontres.  Dix motards coréens de BMW qui partent à Garmisch-Partenkirchen en Allemagne, descendent en Italie par les Alpes puis rejoignent le Portugal.

Le plus vieux : 78 ans ! Quel bonheur de le voir et quelle bouffée d’espérance pour nous. Rire et bavardage, ils sont dans une cabine à 8 en face de la notre à 8 aussi. Dans la nôtre, 2 petits français d’une trentaine d’années, baroudeurs en sac à dos depuis plus d’un an et une médecin coréenne qui travaille aussi en Russie (et deux couchettes vides).

On rencontre aussi un motard turc qui roule dans le monde depuis deux ans sur tous les continents. Un homme incroyable au nez camus et une barbichette qui volète dans le vent. Il ne décolère pas de voir Erdogan au pouvoir, élu par la diaspora européenne qui ne vit pas vraiment les préceptes qu’ils imposent aux autochtones.  Et encore, Thomas, à vélo. Thomas a un regard bleu d’une grande fraîcheur, il a 34 ans et a quitté la France il y a 22 mois, sur son vélo. Aujourd’hui, il ressent le besoin de rentrer et sait que son voyage l’a profondément changé. Et encore James et Katy, deux anglais qui viennent de travailler 1 an au Japon après avoir vécu 3 ans en Inde. En Russie James roulera à moto jusqu’à Moscou et Kathy prendra le train. Et encore (si ça vous casse les pieds sauter directement au paragraphe suivant) un couple en 4×4 sur les routes depuis 3ans. Eux vont en Mongolie.

Et encore et surtout Katsura Qi un motard japonais. Katsura est tout petit, les yeux myopes derrière ses lunettes rondes et le sourire accroché dans son regard. Nous avons tellement parlé. Il est patient avec moi pour que je puisse parler dans mon anglais précaire. Jean-Luc et lui échange plus facilement. Il part pour deux mois sur sa petite moto sur la route de Magadan. Nous avions songé à cette route qu’on appelle aussi -la route des os- parce qu’elle a été tracée par les bagnards des goulags et des milliers de déportés sont morts à la tâche. La route est très au Nord, c’est une piste d’ailleurs.

Katsura a roulé dans le monde entier. Il a une femme qui reste à la maison pour s’occuper de leurs chiens et parce qu’elle n’aime pas la moto. Nous avons parlé de l’écriture qui nous est si hermétique. Ainsi quand il a écrit nos noms en expliquant que chaque syllabe correspond à un symbole, je me suis sentie heureuse de voir que mon nom s’associe à la terre, à la mer, à la route. Que celui de Jean-Luc est associé à l’épi de blé nourricier, à l’espérance, à la paix et la sécurité.

Les heures filent vite ainsi sur le ferry et si, quand la houle s’est levée, secouant le bateau entre roulis et tangage, la pluie giflant les ponts, mon estomac n’a pas résisté… Sea-sick ? a dit Katsura. Premier sea-sick de mon existence… Jean-Luc a mieux résisté. Le lendemain la mer s’était apaisée. Les passagers ont pour la plupart rejoints leurs tatamis et d’irréductibles coréens sont restés au pont inférieur à lever des toasts sans discontinuer.

En arrivant à Vladivostok, Svetlana la jeune femme faisant le lien douane a retrouvé tous les motards et 4×4, Youri, qui bosse avec elle, a conduit toute la troupe dans leurs hôtels respectifs avec un RV pour le lendemain pour récupérer les motos.

Le lendemain, les grands vivas ont salué chaque moto qui sortaient de la douane (au Japon, chacun entre et sort sa propre moto du ferry, en Russie, c’est niet, un préposé sort la moto de l’espace des douanes). Et puis, accolades et poignées de mains et chacun a repris sa route. J’ai eu la gorge serrée de voir Katsura enfourcher sa moto et agiter la main.

Au Japon, nous avions pris notre décision et nous avions posé, pesé nos choix. Nous ne referions pas non plus la totalité de la transsibérienne ; le temps permis par le visa nous est compté et nous n’arrivons pas à savoir le réel état de cette fichue route entre Vladivostok et Irkoutsk, surtout autour de Chita et Oulan-Oude où les avis divergent.

Coucher de soleil sur la baie de l’Amour.

Alors, on a trouvé un vol Aéroflot à mini-prix. 8h30 de vol entre Vladivostok et Moscou.

A Vladivostok, nous avions trouvé Andrei qui a mis la moto dans le train. Elle arrivera dans quelques jours.

Et nous pendant ce temps ? Nous nous baladerons dans les toutes petites villes de l’anneau d’or. Villes médiévales dans la Russie rurale. En train et à pied.

C’est vraiment la bonne option et nous nous réjouissons d’avoir, pour une fois, anticipé. Parce que, ici, c’est la coupe du monde de foot. Et qui dit foot, dit businesse. Les prix flambent, se multiplie par presque 100. (Un p’tit appart à Moscou banlieue par Airbnb que nous avions choisi passe le surlendemain après un mail de la jeune femme qui nous le louait de 1 500 roubles à 120 000. On a annulé et Airbnb a remboursé sur le champ, ouf). Toutes les villes où se jouent un match sont inabordables. Quel bonheur d’y être passé dans la froidure et la tranquillité de l’hiver qui ne finissait pas. Mais ne nous leurrons pas, la ‘liesse populaire’ qui nourrit les journalistes, à moins que ce ne soit le contraire, n’existe qu’à la télévision et en cherchant bien qu’autour des stades où sont organisées les rencontres. A Vladivostok, comme à Irkoutsk, ou encore ici à Sergiyev Posad pas de grands panneaux publicitaires et à peine de ventes supplémentaires de drapeaux russes. Mais on s’en fout, ailleurs (c’est-à-dire là où nous sommes), du coup les hébergements sont bradés et ça nous va bien !

Très jeune Volontaire accrédité dans le métro

A Moscou, une femme adorable qu’on a rencontré dans la navette aéroport, nous a pris sous son aile et à fond de train nous a conduit à la bonne gare. Elle ne parlait pas un mot d’anglais, marchait à toute vitesse, se retournait pour voir si nous suivions bien (on peinait avec nos sacs de moto pas du tout adaptées au transport en jambes). Elle voulait même payer les tickets de métro, mais niet, spassiba quand même… Les gens sont vraiment chaleureux et généreux.

C’est ainsi qu’après 8h30 de vol, 40 minutes de navette aéroport-gare de Kiev, ( c’est à Moscou hein !), 30 minutes de métro (ligne 5, vous savez, celles qui a les fameuses stations) 1h30 de train, et 8 heures de décalage horaire nous voilà à Sergiyev Posad. Ouf!

 

Sergiyev Posad

Le charme de la Russie a opéré une nouvelle fois. S’il faisait encore frais dans l’Extrême-Orient russe, ici, l’été est là.

Quel changement ! Je suis stupéfaite de la rapidité avec laquelle la nature se dépêche de croître, d’étirer son feuillage dans le ciel bleu. A l’aller j’étais en amour devant les bouleaux nus et scintillants, la glace et la neige. Tout était enveloppé d’une sorte de nostalgie douce.

Aujourd’hui, le vert rutile, les maisons cachées derrière leurs palissades deviennent encore plus invisibles sous les feuillages. Le train s’arrête dans la forêt : un quai, un banc, une gare minuscule. Et enfin, notre arrêt qu’on a failli le louper d’ailleurs.

Fierté.

Comme au Japon, mais plus large.
Simple mais coquet.

La forteresse fortifiée du monastère Troitse-Sergiev, la Laure de la Sainte Trinité-Saint Serge, (centre spirituel orthodoxe du XIVe siècle, inscrit au patrimoine de l’Unesco. ) des bulbes qui flamboient, des coupoles turquoises, des maisons de bois, un lac bleu vert, des bouleaux qui bruissent dans la légère brise, des envolées de popes et de nonnes, la fontaine où l’eau est sacrée et, une émotion profonde de m’apercevoir que l’on a quitté le shintoïsme pour retrouver la même ferveur chez tous ces pèlerins orthodoxes et que les dieux sont tellement les mêmes partout que les chinois en visite font les mêmes gestes pieux avec l’eau qui coule des branches de la croix plantée dans la fontaine bleue.

Je n’ai pu rentrer dans les églises sans foulard, alors on en acheté un pour demain…

Je ne sais pas comment retenir les heures qui glissent entre les doigts.

Je ne sais pas comment garder en mémoire ces instants enroulés de magie.

Ecrire, grave les heures, les rencontres légères, éphémères et pourtant si intenses.

Parfois, je me dis que je ne pourrais jamais rentrer, et puis, je pense à nos enfants, à nos petits-enfants, à nos parents si fragiles et je sais que nous rentrerons.

 

Ce que nous avons aimé

  • Bavarder avec les motards du monde entier.
  • Réaliser que tant et tant de gens voyagent, apprennent et ouvrent les yeux en grand pour sortir d’une zone de confort si sécurisante et parfois avec si peu de moyens.
  • Nous sentir tout fier que le jeune Turk nous dise que ce sont bien les français (et de tous âges) qui sillonnent le plus le monde.
  • Que chaque pays contient un univers de culture si différent de la nôtre.
  • Que le monde est beau, si beau…
  • Regarder des enfants jouer avec une pelle mécanique dans le sable et ils nous disaient tout un tas de choses et on répondait en français et ils poursuivaient sans même se rendre compte que nous ne comprenions rien. C’était drôle.
Des bâtisseurs.
  • Photographier n’importe quoi, tous les deux maintenant.
Lapin bonheur
Récolte du Lapin Bonheur

HLM à oiseaux
Nichoir pour les canards
Système D.
On aimerait voir les mêmes dans le Bazois!
Sergiyev Posad
C’est bien tous les mêmes!
Historiques!

Ce que nous n’avons pas aimé :
Il faut se creuser la tête !

  • Avoir le mal de mer.
  • Etre accusé du vol de la télécommande de clim dans l’appart loué à Vladivostok, au retour du Japon, ne pas s’être aperçu qu’il y avait une clim et a fortiori une télécommande. Payer 1000 roubles pour un méfait inexistant, comprendre que c’est de l’arnaque (c’est queue dalle 1 000 roubles) et ne pouvoir argumenter par défaut de maîtrise de la langue et surtout par manque de temps pour ne pas rater la navette aéroport.

 

Et pour finir, après cet fin d’hiver si âpre, si rude, si glacée sur notre route sibérienne (nous en avons même la nostalgie, déjà!), nous trouvons une Russie verdoyante, tiède, comme si nous découvrions un nouveau pays.

Maurice, tu as raison il faut faire le chemin dans les deux sens pour en extraire toute la quintessence .

A bientôt fidèles lecteurs-suiveurs-commentateurs. Nous vous embrassons, tous.

Du Japon – Partie 3 – de Sakaiminato

Vendredi 8 juin 2018

Sakaiminato n’est pas seulement le plus grand port de pêche de l’ouest du Japon, ce n’est pas seulement le port d’où part le ferry qui nous ramène en Russie, c’est aussi la ville où à vécu le célèbre mangaka Misuki Shigeru. Nous n’y connaissons rien en mangas et pour tout dire ça ne m’a jamais attiré. En plus, c’est le fondateur des mangas d’horreurs, des monstres et des fantômes (on dit yokai, tengu, kappa) (voir wiki)

Pourtant dès que la pluie, qui tombe en hallebardes ce matin, envisagera de cesser nous enfourcherons nos vélos pour aller dans la rue principale célèbre pour ses statues de bronze qu’on déniche comme un jeu de pistes et dont chacune représente un personnage célèbre des manga de Misuki. (C’est le guide qui dit).
Mise à jour : nous avons bravé le risque d’être trempés et avons enfourché les vélos, nous ne regrettons pas le voyage !

 

Ça ne vous dit rien ?

Ce fut un festival de n’importe quoi!

Ca, c’était aujourd’hui.

Pour le reste, nous ne pouvions pas quitter Kyoto sans aller admirer sa grande gare d’acier et de verre construit par un architecte nippon célèbre dont j’ai oublié le nom. Jardins suspendus au 10ème étage, boutiques de luxe, et des multitudes de restaurants dont les devantures proposent mille menus en plastique plus vrai que nature.

En toiture, un jardin Zen avec chants d’oiseaux projetés par haut parleur.

Voici 30 secondes de zénitude …

Attention aux rapaces qui peuvent prendre vos enfants pour des agnelets!

Ici, lèche-vitrine a peut-être tout son sens, mais ça reste quand même du plastique!

Jean-Luc s’est revu devant le jeu vidéo des Lemmings.

Petite leçon de maintien et de bonne conduite féminine captée sur les écrans géants de la gare, les seules geishas que nous aurons vu …

Et surtout, n’oublions pas le Shinkansen!

Puis il faut partir en douceur, alors nous choisissons une fois encore la route de la montagne, luxuriante, vert profond, aux villages blottis dans les creux de vallées. Il a plu sans interruption toute la journée mais il faisait doux comme une pluie tiède. Jean-Luc m’avait réservé une jolie surprise. Dans un hotel-onsen perdu sur le flan de la colline nous attendait un dîner gastronomique japonais. Merci, merci.

Cà, c’est le onsen des dames

… et çà, c’est à vivre!

Mmmm! Quel menu! Les connaisseurs trouveront la bonne orientation de l’image

 

Une présentation éblouissante, d’un raffinement si parfait que nous ne savions pas par quoi commencer. Un serveur prévenant est venu nous expliquer chaque plat, chaque mets, chaque sauce et tel mets est à marier avec telle sauce etc.

Mes yeux et mes papilles n’oublieront jamais. Certains mets ont été pour moi détonants ! Le truc qui ressemblait à une méduse rose et le joli bol avec un truc qui ressemblait à une giclée de sperme géante qui filait entre mes baguettes ! En revanche les lamelles de bœuf de Kobé étaient fondantes à souhait et j’étais heureuse de goûter cette viande si précieuse dont j’avais vu un reportage sur Arte.

Je laisse la place aux photos qui mieux que mes mots montreront ce raffinement.

En conclusion

Ai-je, avons-nous aimé le Japon ?

Les japonais sont très accueillants, très aimables, très souriants, très polis, très raffinés, très élégants, très respectueux, très serviables, très prévenants.

Le japon est très propre, organisé, policé, strict, beaucoup d’injonctions, déférentes certes, mais incontournables, beaucoup d’interdictions et peu de place à l’imprévu.

Une chouette rencontre avec Phil, un français de deux parents japonais installés à Paris. Lui ne parle pas japonais, il vit et travaille en Australie. Il est à Kyoto pour son travail (en anglais) et il disait que les japonais ne se rendaient pas compte de l’effort qui leur est demandé sans cesse. Ils travaillent de 9 h à 22h ou 23 h et ils considèrent que c’est normal : travail, travail. Phil rajoute que les rencontres sont impossibles en dehors du travail puisqu’il n’y a que peu de temps pour le repos, les soirées, les loisirs. Donc les couples se forment dans l’entreprise et le patron est content, c’est même souvent lui qui va gérer les autorisations de grossesse!

Un motard de Tokyo en 1600 BMW.

J’ai lu que c’était un pays élitiste, où la compétition commence dès la maternelle souvent par un entretien d’entrée avec tests; on a vu que l’école était sur 5 jours et demi.

Alors, je dirais que pour un touriste, le Japon est un rêve, un pays déconcertant qui bouscule notre culture avec plaisir. Mais y vivrais-je ? Je ne crois pas, j’aime trop le bazar, le fouillis, le brouillon râleur de mon pays.

Alors voilà, on racontera de vive voix ce qui nous reviendra à l’esprit sans perdre de vue que presque trois semaines au Japon ne nous fait pas connaître le pays et d’autant plus que nous avons choisi de rester dans le Kansai si montagneux et beau lors que le pays à mille facettes.

Cette fois, pour de vrai Sayonara.

Sans oublier une série de n’importe quoi !

D’abord le coin fumeur!
 

Ensuite, le bac à promenade des enfants de la crèche.

Wouaouh … ça c’est du politiquement correct !

Et 25 secondes de moto bucolique!

La suite en terre russe…

 

 

Du Japon – Partie 2 – de Kyoto

Le 1er juin 2018

On continue l’abécédaire dans le désordre ?

P comme Propre

C’est ce qui saute aux yeux quand on arrive au Japon. Tout semble parfait, si propre et étincelant que si on marchait pieds nus, ils resteraient propres.

J’ai lu qu’un Pokemon quand il est content dit « pika, pika », en fait ça veut dire « immaculé ». Parce que la propreté dans l’échelle de valeur est « bien ».

Les camions brillent, les autobus et les bornes à incendie aussi. Tout ce qui est en chantier ou en construction est caché derrière de larges panneaux blancs coulissants. Si on jette un œil dans l’interstice, on voit le grutier qui bosse en chemise blanche. On voit aussi des hommes à genoux sur un trottoir impeccable qui grattent à la brosse métallique une trace de chewing-gum jeté par un impoli. Inutile de dire que fumer est encore plus impossible qu’en Russie mais il y a des coins fumeurs de temps à autre et, paradoxalement il y a beaucoup de restaurants fumeurs.

Borne incendie rutilante, comme la poubelle.
Manœuvrer une pelleteuse en chemise blanche!

 

 

 

Il ne faut pas s’imaginer que les japonais sont parfaits. En roulant dans la montagne, j’ai vu des ravines de déchetteries sauvages. Pourtant, tout est si ordonné, policé, organisé qu’il reste peu de place au hasard.

Cette propreté ahurissante pour nous occidentaux fait partie de la culture nippone qui accorde une place particulière à la purification depuis l’origine du shintoïsme. Je fais un parallèle avec les indiens pour qui purification et propreté vont de pair, sauf que chez eux, ils balaient et nettoient devant leur maison et repoussent les déchets chez le voisin.

Au Japon, c’est une notion de groupe, de communauté, de respect de soi et des autres. Les sento (bain public) et les onsens (source d’eau chaude) relèvent du rite de purification tant du corps que de l’esprit. Finalement un hygiénisme culturalisé.

Quand on rentre dans un appartement ou une petite boutique (en sont exemptés les galeries marchandes et les grands magasins) on enlève sur le palier intérieur ses chaussures. Dans notre studio, c’est l’équivalent d’une marche et nos godillots de motos y prennent toute la place.

Un petit aparté pour les chiens : aucune déjection canine et nulle part, même dans les parcs. Les propriétaires promènent leurs toutous en laisse avec le sac en plastique et la bouteille d’eau. Chien fait pipi sur le trottoir, hop, on rince avec la bouteille, il fait caca, hop le sac ad hoc qui rejoint le plus grand sac plastique qui lui sert à ses propres déchets (mouchoirs en papier, bouteille d’eau vide, tasse en polystyrène etc.)

La salle de bain de notre studio, minuscule, s’utilise comme suit : s’assoir sur un petit tabouret, se savonner en totalité, se rincer soigneusement et ensuite s’installer dans la baignoire, profonde mais courte, les genoux repliés sur la poitrine et tremper ainsi en méditant. L’eau de la baignoire doit rester pure et transparente, peut servir à plusieurs membres de la famille en commençant par le plus âgé et être utilisée plusieurs jours en la couvrant pour maintenir la température de l’eau. Jean-Luc dit que c’est comme une piscine d’appartement.

Douche d’abord et bain ensuite.

Fait-on ainsi ? Bé non. On se douche comme chez nous et on ne rentre même pas dans la baignoire (bouhh les vilains)

Et les toilettes ? On y passerait sa vie ! abattant chauffant, jet d’eau correspondant aux orifices qu’on veut nettoyer, plein de boutons à utiliser.

Vous ne pouviez pas y échapper!

Je laisse intacte votre imagination !

 

P n°2 comme Poubelles (on dit gomi)

Alors là, je peux vous dire que nous nous sommes interrogés.

Il n’y a aucune poubelle dans les rues. Chacun est responsable de ses cochonneries. Certains mettent leurs menus déchets de la journée dans un sac en plastique et dans le panier du vélo. On trouve quand même devant les kombinis (supérettes) des poubelles de tri.

Le ramassage des ordures est quotidien. Dans des sacs transparents. Nous n’avons pas trop compris le tri puisque le verre va avec le carton. Pour le plastique, c’est à part. J’ai lu qu’on triait en fonction de ce qui est combustible et ce qui ne l’est pas. Alors le verre ? On dit que les japonais sont les champions du recyclage. Les poubelles sont nouées puis placées sous des filets bleus arrimés sur le trottoir ou dans des conteneurs d’une blancheur éclatante et verrouillés. Tes ordures ne sont pas mes ordures, non mais !
 

 

Pourtant, s’ils sont champions du recyclage, l’écologie en prend un sacré coup. Comme tout est emballé très élégamment, on se retrouve avec une multicouche d’emballages. Nous cherchions une plaquette de beurre et la trouvant enfin elle est emballée dans un carton décoré, sous le carton, une boite en plastique et pour être vendue encore un plastique.  Ainsi, chaque fruit est emballé soigneusement, chaque aliment idem.

Dans une société fortement industrialisée et urbanisée, se débarrasser des déchets est un réel problème et les japonais en matière environnementale ne sont pas très bien classé. J’ai lu que, à l’est de la mer intérieure de Seto il y avait une île déchets, que le gouvernement a conscience du problème et que l’objectif zéro déchets comme il en existe dans certaines petites villes devraient s’étendre à tout le Japon.

P n°3 comme politesse

Une politesse qui après l’âpre et austère Russie nous a fait un immense plaisir. Même si c’est une politesse de façade, c’est surtout un code de conduite que nous avons bien oublié dans nos pays. Un savoir vivre et un savoir être très plaisant mais aussi pour nous deux la crainte de commettre des impairs. Enfin, on sait quand même que l’on salue le buste droit, pour Jean-luc les mains à plat de chaque côté et une inclinaison de tête, pour moi, les deux mains sur les cuisses et une inclinaison de tête.

J’ai lu aussi qu’on ne dit pas sayonara si célèbre parce que ce mot n’est pas bon et même si les japonais nous pardonnent facilement, eux ne l’utilise pas parce que c’est comme -adieu- et ça coupe le lien entre les êtres. On dit « dewa ogenkidé » qui prend le sens de à la louche « au-revoir, prenez soin de vous jusqu’à notre prochaine rencontre ». Vrai ou pas ? Le jeune d’ici dit sayonara.

Google trad nous proposait moshi-moshi pour bonjour et bé non, ça, c’est comme allo au téléphone. On dit Ohayo le matin jusqu’à 11 h, Konnichiwa l’après-midi.

Merci, c’est aligato suivi de quelque chose qui change à chaque fois et que je n’arrive même pas à prononcer. Mais aligato va très bien et on s’aperçoit que dans tous les pays ne dire ne serait-ce que quelques mots fait plaisir aux gens.

G comme gastronomie
A vos baguettes !
Nous allons au restaurant ou on mange chez nous après avoir fait notre marché.
 

 

 

 

Tout est poésie, les couleurs, la présentation, les formes et c’est si joli que parfois, j’ai l’impression de casser un édifice d’art.

Si nous avions des réticences à manger du poisson cru et des algues, c’est fini parce que c’est délicieux. Le palais est maintenant prêt à recevoir n’importe quelle saveur sauf le wasabi que décidément nos papilles ne veulent pas. Pas pour son piquant, les épices, on aime mais pour son goût.

Bon, si Jean-Luc mange depuis longtemps avec aisance en utilisant ses baguettes, je regrette souvent ma main droite indienne qui tripatouillait allègrement mon riz.

Pour savoir si un restaurant est ouvert, c’est facile, il y a des petits rideaux à mi-hauteur, qu’on appelle norem. S’ils pendent, c’est ouvert et il suffit de soulever pour se laisser surprendre.
 

 

On mange du poisson et c’est normal dans un archipel, du riz, des algues toutes différentes, certaines au gout d’épinards, des nouilles, épaisses, fines, blanche ou ivoire, des œufs, des trucs frits légèrement. Rien n’est gras, tout subjugue. Et on reste interdit devant le choix. Quand il y a une image ou une représentation plastique c’est simple, quand le troquet est tout petit, on y va au pif et c’est bon. Tout est frais et sain, ça se sent, ça se goûte.

Jean-Luc qui déteste le poulpe se laisse séduire par les fines tranches trempées dans la sauce okonomiyaki (j’ai recopié hein faut pas croire !)

Pour les nouilles, c’est fou le choix : ramen, soba, sonem. Les japonais font « slurp » en aspirant leurs nouilles et ça veut dire que c’est bon. Je fais slurp aussi mais c’est parce que je galère avec mes baguettes.

On s’achète aussi des bento (c’est la gamelle que prépare la mère ou l’épouse pour midi) mais qu’on trouve maintenant partout dans les kombinis. Nous avons au bout de notre ruelle un Family Mart, bien pratique.

Tout est si joliment présenté qu’il est finalement impossible de se goinfrer pour ne pas abîmer ce bel agencement.

Ce qui me manque, nous manque, ce sont les fruits si chers. 8 euros les 9 fraises. 1 euro la banane, et tout ainsi. La salade aussi est chère et les tomates pfiuuuu : 2 tomates 4,5 euros. Le fameux concombre poilu n’est pas un concombre mais un légume dont on ne mange que la peau et qui a une terrible amertume. Mais y’a les glaces à tous les parfums et même au … wasabi !

 

C comme carpe.

Les carpes sont très emblématiques. Les carpes Koi arborent des belles couleurs rouge mouchetée de vermillon, on les voit autour des temples dans les étangs. Porte-bonheur ou symbole d’amour et de virilité, elles sont très prisées par les collectionneurs.
 

 

On voit des bannières qu’on appelle koinobori (j’ai cherché) en forme de carpe en l’honneur de la fête des garçons pour qu’ils héritent des vertus de la carpe.

Une carpe portant la vertu de virilité ! ça me fait rire. Aujourd’hui c’est en l’honneur de tous les enfants dont la fête est début mai, voilà pourquoi nous avons vu des bannières de carpes oubliées.

J comme jardin en incluant les forêts.

Dans l’agitation et la foule extrême, les jardins sont à mon sens des nécessités, des havres de paix et de tranquillité. Souvent minimalistes et bien ratissés, toujours harmonisant les formes et les couleurs. Nous avons aimé marcher et nous reposer. Peut-être, les japonais ont-ils besoin de ces espaces de vide et de calme pour supporter l’urbanisation galopante? Peut-être? …

 

Et maintenant

Ce que Jean-Luc aime

  • L’astucieux système sur les fils électriques pour empêcher les oiseaux de se percher

 

  • Les pare vues de chantier

  • Les ouvriers qui, le soir, lavent chacun de leurs outils avant des les ranger dans une boîte elle-même lavée. La toupie à béton est aussi rutilante que si elle était neuve, la pelle de la grue est impeccable
  • La politesse de tous et les sourires si faciles
  • Le riz qui colle mais pas comme celui que je fais quand j’ai oublié le temps de cuisson.
  • Le charme des femmes et hommes en kimonos

 

 

 

 

 

  • La sobriété en tout toujours
  • La beauté des jardins et des temples

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ce que Dominique a aimé

  • Les chaussures des ouvriers et jardiniers comme des guêtres ou comme une deuxième peau avec trois orteils-deux orteils à moins que ce soit un orteil-quatre orteils.

  • La démarche à petits pas des japonaises quand elles portent des geta (tong en bois épais)
  • Etre intriguée et n’avoir pas de réponse pour toutes ces jeunes filles et femmes qui portent des chaussures (mocassins, à talon, baskets ou autre) qui ont l’air d’avoir une pointure en trop. Promis, j’ai bien regardé, on pourrait glisser un doigt entre le talon et la chaussure
  • Les Yukatas, sorte de kimonos qui n’en sont pas, tout fleuris et colorés.

  • Les sushis parce que ça s’attrape facilement avec les baguettes. Tiens, au fait, il parait qu’à certains endroits on mange le poulpe vivant et que ces ventouses se collent au palais !
  • Les parapluies mis à la disposition de chacun, quand la pluie s’abat, devant les boutiques et magasins.

  • Les voitures chihuahuas, celles en jaune surtout.

 

 

  • Les minuscules ruelles aux maisons bordées de pots de fleurs

 

 

 

 

 

  • La beauté des jardins et des temples

  • Photographier n’importe quoi et Jean-Luc s’y met aussi

 

 

 

 

 

 

 

Du braille japonais?

 

Conducteur de taxi masqué!

Ce que Dominique n’aime pas

  • Le Wasabi

  • Que le propriétaire me salue à chaque fois que je sors fumer au coin fumeur et à chaque fois que je rentre. (Du coup je fume moins !)
  • Les vélos qui m’arrivent dans le dos et en règle générale tous les vélos en tout sens parce que je ne sais jamais de quel côté me mettre
  • Me sentir saturée de l’agitation et des foules dans la ville.

 

  • Me dire que je ne connaitrai qu’une si infime particule de ce pays fascinant (oui, je sais, n’est-ce pas déjà une chance inouïe que d’être là?).

PS:
Ce petit blog que nous écrivons à quatre mains est conçu pour notre famille et nos amis mais aussi pour nos mémoires qui déraillent ou défaillent.
Nous n’avons pas indiqué les noms et les lieux des temples, jardins, montagnes etc.. pour deux raisons :

  • La première : il faudrait s’astreindre chaque soir à noter des noms pour nous difficilement prononçables.
  • La deuxième :  tous ceux qui envisagent, qui rêvent ou organisent un voyage au Japon sauront fort bien trouver guide, forum dédié et blog spécifique à ce pays.

Notre grand plaisir et de partager ce qui nous enchante, de ne jamais porter un jugement hâtif ou définitif sur les pays que nous traversons tellement conscients que nous n’en percevons qu’un fragment. Nous croisons une infinité d’hommes, de femmes, d’enfants pour qui nous sommes des gaijins (des étrangers) et qui chaque jour nous apportent aide, sourires et gentillesse.
Un voyage au long cours est émaillé de moments intenses, de temps qui s’étire, nous n’avons rien à chronométrer, à programmer avec une date fixe, c’est une chance.

Nous sommes ravis et heureux de vos commentaires, de vos courriels, des appels Messenger et WhatsApp. Joyeux de vous lire, aligato.

On vous serre tous dans nos grand bras.

Que Nene et Hideyoshi vous assure le bonheur à tous.

 

 

 

Du Japon – Partie 1 : de Vladivostok à Sakaiminato via Dongae

Le 30 mai 2018

Si « la Russie est un rébus, un mystère au sein d’une énigme » (W. Churchill), et c’est exactement cette impression, ici et maintenant au Japon, c’est un proverbe japonais qui retient l’attention : « On commence à vieillir quand on finit d’apprendre ». Alors, vraiment, on peut l’un et l’autre le dire , nous sommes devenus extrêmement jeunes le temps de traverser la mer du Japon quittant Vladivostok pour arriver à Sakaïminato, au sud de l’archipel.
Après avoir parcouru  15 697 km nous voilà au pays du Soleil Levant.

Tout ne se fait pas en un clin d’œil, on peut vous l’assurer.

Allez, un petit tour en arrière !
 
Nous sommes dans le ferry et on croise les doigts que la moto soit bien avec nous.

En découvrant notre cabine, oups, des tatamis, pas plus épais que les tapis de gym quand mes enfants allaient au gymnase; il y en a quatre, c’est minuscule, mais il y a WC, lavabo et douche. Divine surprise, nous ne serons que tous les deux. Savourons, parce que nous le savons, au retour, c’est cabine à 72 et tatamis multiples, mais nous n’en sommes pas là…
 

 

Attention si t’es pas sage !

Le bateau a fait le plein de coréens, comme des volées de moineaux qui piaillent et quelques visages de type européen. Agréable rencontre avec un jeune couple et leur petit garçon : elle, japonaise, lui, français. C’est la première fois qu’il vient au Japon. Ils partent s’installer à Sapporo.
Et puis Anita et Isa, deux filles absolument incroyables, elles font une course à moto reliant tous les continents, la Grizzly Race. Elles sont quatre femmes, une autrichienne, une suissesse, une américaine et une russe. Sur le ferry, elles ne sont que deux et vont débarquer en Corée pour poursuivre jusqu’à Anchorage, puis arriver à Bilbao. Parties le 6 mai de Zurich, passant par Paris, Londres et Moscou, elles ont couru sur la Transsibérienne et nous sommes le 21 mai !!!! Elles roulent entre 1 200 et 1 400 km par jour, dorment trois heures et repartent. Alors, là, les filles, bravo ! Nous, nous étions morts au bout de 300 km sur les routes chaotiques … Elles ne visitent rien, se reposent si peu. C’est une course autour des continents. Pétillantes, la jeune quarantaine, quelle pèche !

A Dongae, elles nous quittent, nous ne descendons pas à l’escale et nous ne sommes plus que cinq passagers sur le bateau. Merveilleuse sensation. Tout un immense ferry à disposition. Le temps passe vite et par une porte laissée ouverte, nous apercevons la moto, toute seule et bien arrimée sur le pont supérieur réservé aux véhicules.

La Corée (du Sud)
Rêve d’Orient ?

Avec la musique du bateau …

D’autres gens embarquent de nouveau, cette fois beaucoup plus de japonais, plus silencieux et élégants que les brouillons coréens qui me font tellement penser aux enfants qui crient et se chamaillent dans nos cours d’école.

Débarquement à Sakaiminato et formalités douanières : pour nous, en passager, 5 minutes,

pour la moto, 3 heures avec 2 km à pied pour aller chercher un tampon sur le document d’importation temporaire ! Nous prenons directement la mesure de l’organisation nippone, précise et rigoureuse. Jean-Luc a eu du nez de réserver un hôtel dans la marina, parce qu’après 35 heures de ferry, 3 heures d’administratif, 34 degrés, on est vraiment vannés. Sans l’ombre d’une hésitation, il roule bien à gauche (comme s’il retrouvait sa chère Ecosse) et me voilà rassurée.

En candides absolus, de l’histoire, des traditions, de la spiritualité, des codes, de la gastronomie, mais convaincus que c’est essentiel, nous allons jouer à découvrir et à être attentifs. On comprend bien que nous n’aurons qu’un fragment, qu’une petite idée de ce pays qui nous fascine déjà. Nous faisons le choix de rester dans le Kansai, et nous rayonnerons en fixant notre camp de base à Kyoto.

De Sakaiminato à Kyoto, en route…
 

 

 

 

Comme un abécédaire en désordre :

J comme Japon.
L’empereur est Akihito depuis 1989 et le sceau impérial ressemble aux rosaces que je faisais avec le compas quand j’étais enfant : une belle rosace jaune vif. On dit que Akihito est le dernier successeur d’une tradition qui remonte à 660 avant JC (merci Wikipédia). Le régime est une monarchie constitutionnelle. Le pays est un archipel surpeuplé : quand on arrive de Russie avec une superficie de 17,1 millions de km2 et 144 millions d’habitants, et qu’on imagine qu’ici, le pays a 378 000 km2 et 127 millions d’habitants, on imagine sans peine à quel point il y a foule. D’autant qu’il y a 74 % de montagne et que les japonais vivent en majorité sur les côtes et dans les mégapoles comme Tokyo où ils sont 37 millions.

On va s’arrêter là pour la leçon de géographie.

R comme riz.
L’essentiel de la culture, du riz, du riz et encore du riz ! Si plaisant au regard, petites pousses vertes noyées par l’irrigation d’une nature parfaitement domestiquée. On voit souvent des petits lopins de rizière qui entourent la maison, comme chez nous, les potagers avec les pommes de terre.
 

 

Rizières emplies d’eau, pousses drues vert vif, les paysans ne cultivent pas comme en Inde. Pas de saris et de dos courbés pour repiquer le riz. C’est un homme sur un tracteur spécial qui fait le travail. Sur les deux côtés du tracteur, il y a des paquets rectangulaires, bien nets, de pousses à repiquer. Quelques femmes et hommes binent et retournent la terre boueuse.
 

 

 

V comme voiture.
La majorité des voitures japonaises ressemble à des Duplo 1er âge ou à des Chihuahua et çà me ferait presque envie ! Je les trouve marrantes.
 

 

 
Quand on voit la dimension des garages dans les ruelles, on comprend l’adaptation. Puisque nous en sommes aux voitures, parlons un peu de la circulation. Sur la départementale (par analogie à chez nous), on roule au maximum à 60 km/h, mais comme ça tourne, c’est plein de panneaux 50 avec rappels constants peints sur le route. De surcroit, on dirait que les priorités n’existent pas, ce qui fait qu’il y a un feu tricolore tous les 5 km. Jean-Luc a envie de revendre la 5ème et la 6ème vitesse de la moto. Moi, j’aime bien, j’ai le temps de photographier à la volée.

 

 

V 2ème comme vélo.
« Le vélo, c’est bon pour la Santé ». Ben nous, les docteurs y z’ont dit que les vieux faut les faire marcher, alors, on marche. Mais ici, ça pédale et plus qu’à Amsterdam ! Et ça pédale bien équipé, le parapluie ou l’ombrelle glissé sur le côté.
 

 

 


Les jeunes, les vieux, les enfants pédalent, qui avec le masque sur le nez, qui avec un bob à larges bords, qui avec une grande visière comme une paire de lunettes et rabattue jusqu’au menton.

Faudra qu’on m’explique le rapport au temps.

Tout est fait pour pédaler, pistes cyclables, parking à vélo hors du temps (!). Dans les ruelles et les venelles, les bicyclettes sont sagement entreposées au milieu des pots de fleurs.
Tout est petit, étroit, minuscule et tout ce petit côtoie les hauts immeubles de verre, des contrastes sans cesse. Avant-hier dimanche, quand levait les yeux, c’était jour de lessive pour les futons, kimono et T-shirt qui sèchaient dans l’air chaud sur les étroits  balcons.

S comme spiritualité.
Pagodes, monastères bouddhistes, temples et sanctuaires shintô se cueillent sur la route et dans les villes.
 

 

Qu’il reste bien dans sa cage!

 

 

 

Comme un air de chamanisme

 


Tous les dieux d’Asie sont là, ensemble et il convient de les honorer.  Les divinités shintô, par bien des aspects font penser à l’hindouisme. Le bouddhisme lui, vise à réaliser l’impermanence des choses contre la vanité de l’ego. Il paraît qu’au Japon (j’ai lu) il y a 13 écoles de bouddhisme, j’ai retenu le Jodo, école de la terre pure et le Sôtô, école zen qui s’appuie sur la méditation. Je ne peux pas en dire plus, il faudrait des décennies d’apprentissage.
Le shintoïsme, c’est la religion primitive du Japon, pleine de kami (divinités), chiens et renards en font partie. Pour l’anecdote, l’empereur a renoncé (sous la pression des USA) en 1946 à sa nature de divinité incarnée, conservant toutefois son ascendance divine.

Une petite parenthèse dans mes explications historiques (!!). Dans notre premier sanctuaire shintô, il y avait foule et nous avons croisé des couples tenant en laisse des chiens minuscules vêtus de petites robes et arborant des fleurs de tissu en boucle d’oreilles. Mon premier réflexe est de me moquer et rire sous cape. J’ai demandé à une dame qui tenait son caniche élégant dans les bras si elle m’autorisait à photographier son animal. Avec un immense sourire de fierté, elle a accepté, puis pudiquement baissé la tête, ne laissant que son bob bleu visible. Première place au chien.

Ceux d’hier

 

Il faut toujours du recul pour comprendre les choses et les gens. Ce n’est que plusieurs jours plus tard que j’ai compris. J’ai compris que le chien et le renard sont vénérés. Et, à l’instar des kami (les divinités), on met de gracieux vêtements à son chien qui, bien plus qu’un animal de compagnie, est un dieu. Je ne rirais plus sous cape, tout est respectable.

Fin de la parenthèse

Dans la province de Tottori, nous avons découvert sur la route, dans la montagne, au mont Daisen (l’un des 100 monts célèbres du Japon) notre premier temple shintô. Un éblouissement ! Des centaines de marches qui montaient jusqu’au sanctuaire dans une sensation de jungle tropicale. Au parking, nous avions laissé la moto habillée de nos casques, blousons (avec clés dans les poches) et autres boudins et sacoches : le jeune gardien nous avait rappelé que nous étions au Japon et que ça ne risquait rien, ce que nous avons vérifié.

  

 

 

 

Quand on passe le torii, portail en bois laqué rouge et parfois en pierre, que l’on monte vers dans le sanctuaire, on croise une infinité de kami avec leur bavette rouge. Dieux malicieux ou malfaisants, il est bon de les avoir dans la poche pour avoir la vie sereine. Des plaquettes votives sont proposées aux pélerins qui inscrivent à l’encre noire leurs vœux.

Au niveau du temple, le gong résonne tiré par un croyant. Le temple enceint dans sa luxuriante végétation est superbe et nous restons un moment dans ce temps suspendu, entourés des dieux de la nature, de l’air, de la Terre des hommes.

Reprenant la route sinueuse où la montagne est contenue par des ferrures et du béton, comme les larges rivières aussi (tout est fait pour lutter contre les tremblements de terre), nous croiserons des “templiaux”, des autels shinto, des cimetières.
 

 

 

 

 

Si le shintoïsme surprend parce que nous n’en savions rien ou si peu, je me sens depuis toujours plus proche du bouddhisme. L’atmosphère si particulière, si silencieuse et recueillie résonne mieux dans mon âme, p’têtre. Il faut, comme en Inde, enlever les chaussures, les mettre dans un sac en plastique, on s’assoit sur le fin tatami de bambou devant l’autel.
 

On se sent calme et il y a une telle paix que c’est propice à la prière. Qu’importe le Dieu, j’ai eu envie de lui parler de mes amours, mes enfants, mes parents, mes petits-enfants, ceux de Jean-Luc, mes frères, de la vie, de ma vie dans sa totalité …

Et quand, ensuite, nous nous promenons dans un jardin, où tout est harmonie. Que dire de plus.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

… à suivre …

Et n’oublions pas le n’importe quoi !
Konbanwa à tous! (*)

(*) : Bonsoir

Attention il parait qu’on peut perdre son slip par hasard!
Petit déjeuner sur le ferry. Quoi est à qui?

 

 

T’appuies sur le bouton et les voitures s’arrêtent … au bout de 5 minutes!
Des camions tellement propres qu’on se voit dedans.

Hot Dog à la japonaise, la classe!

Les pompes sont au plafond!
Stationnement à sabot. Tu payes, tu peux sortir.
Dur dur sans les photos!
C’est où le 95 ?

De Vladivostok, 2ème partie

Dimanche 20 mai 2018

« La musique, c’est le silence entre les notes ».
Cette jolie phrase de Debussy résonne exactement comme le fait notre voyage.

Ces derniers mille kilomètres nous ont emporté le long du fleuve Amour, juste en face de la Chine. Traversant une Sibérie rurale de grandes fermes privées avec leurs salariés vivant en immeubles rectangulaires et décrépis, des fermettes modestes et ce que j’appelle l’agriville où devant tous les immeubles les gens cultivent des minuscules potagers.

La provodniskya nous annonce l’arrivée proche et, voilà, nous sommes dans une parenthèse enchantée depuis quelques jours à Vladivostok. Une ville portuaire qui surplombe la baie de la Corne d’Or, aux frontières de la Chine et de la Corée du Nord. Une grande ville pleine de lumière sur le Pacifique et si loin du pouvoir central de Moscou que les rumeurs de corruption vont bon train.

Pour nous, étrangers et touristes nous n’en verront rien, ni garde du corps, ni police bardée de gilet pare-balles et aucun sentiment d’insécurité comme dans toute la Russie d’ailleurs. Et au bout de cette ligne transsibérienne si longue, de cette équipée motarde si belle, les clichés des vilains russes violents, poivrots, mafieux s’effritent.  Alors, oui, ils doivent exister, nous ne sommes pas béats-idiots mais surtout nos médias s’accordent à dépeindre un monde de corruption et confondent allègrement gouvernants et peuple.

En arrivant à la gare au petit matin, un peu sonnés des heures paresseuses passées dans le train, nous ne savions pas que nous resterions une semaine dans cette ville de bout du monde.
 

 

Une gare avec un plafond si beau correspond forcément au charme de la ville, et c’est vrai.

Quand on ne prévoit rien, forcément on se laisse surprendre…
Pour exemple, suivez la vidéo suivante jusqu’au bout (avec le son)!

Nous voilà dans un hôtel qui sent le vieux poisson mais avec vue sur la baie. Faut porter le regard loin parce que juste devant c’est, comment dire, très très moche sauf la salle du petit déjeuner au décor improbable.
 

Mais qu’importe demain est un autre jour, on récupère la moto. Si, ils ont dit un jour après notre arrivée. Et on prend les tickets de ferry et on part au Japon.

Trop chouette!

Ne perdons pas de temps, et filons à la gare maritime.

Filez, c’est beaucoup dire, ça grimpe et ça descend les rues de Vladivostok, on est un peu poussifs !

DBS Cruise, Eastern Dream, le nom de la compagnie et celui du bateau.

Olga parle anglais, japonais et russe. Elle est très jolie, très compétente.
« Nous souhaiterions une cabine dite junior », c’est un peu cher mais on sera peinards.
« Voilà, vous êtes enregistré, pas de problème si votre moto n’est pas là demain, on reportera à mercredi prochain »
« Spassiba Olga »
« Maintenant, vous voir avec Svetlana pour la moto et la douane, voilà son numéro de tel »
Svetlana parle anglais, russe et japonais.
« Pas de problème si la moto n’est pas là, on reportera »
« Spassiba Svetlana »
« Il faut vous mettre en relation avec Tatiana qui est au Japon et vous dira les formalités pour l’arrivée, voici son mail »
« Da da, spassiba »

Et le lendemain…pas de moto et on ne sait même pas où elle est. On a un papier et une adresse et un téléphone et un interlocuteur qui ne parle que russe un point c’est tout.
Suspens… on prend un taxi qu’on avait fait appeler par l’hôtel. Le réceptionniste avait écrit : 10 (minutes) et n°133.
On attend, on attend, on attend. Nous sommes les champions de l’attente. Un monsieur à cheveux blancs dans sa voiture bleue nous demande : taxi ?
Mais c’est qui cuilà ? un faux taxi à tous les coups. Niet, niet. L’homme attend dans sa vieille voiture redit taxi ? On redit niet et il s’en va. Je retourne à la réception. « No taxi ». Le réceptionniste appelle, raccroche, écrit sur un papier 133, blue.
Et nous voyons revenir l’homme à la vieille voiture. Immatriculation 133, voiture bleue.
On rit, il rit (jaune je crois) et on roule, on traverse toute la ville, boudiou mais où va-t-on ?

On traverse des voies ferrées bien rouillées, on saute sur les trous de la chaussée et notre chauffeur arrive devant un entrepôt.

Il explique et on comprend fort bien même en russe qu’il nous a attendu, qu’il est revenu, bref que ça fait 300 roubles.  Jean-Luc lui donne 450 et lui demande de rester ½ heure, 4 euros ne va quand même pas nous mettre à plat. L’homme est ravi et veut rendre service. Il cherche quelqu’un pour nous aider devant cet entrepôt où il n’y a pas trace de moto visible. L’homme téléphone, parlemente et nous dit : « moto, demain, 10 h » Il viendra nous chercher à l’hôtel. 133, bleue la voiture. Il nous ramène, n’accepte pas d’argent pour cet interminable retour.

Et on redescend la colline à pied, déconfit, jusqu’à la gare maritime.
« Bonjour Olga, nous pas moto, demain moto »
« Demain trop tard, vous partir mercredi prochain et moi fait le changement des billets et vous voir avec Svetlana et avec Tatiana »
Tap-tap-tap-tap les jolis doigts d’Olga sur l’ordinateur
« Alors, plus de cabine et vous choisir, tatamis avec 72 passagers ou place dans couchettes avec rideaux pour huit personnes »
« Da, da, avec 8 personnes c’est mieux que 72 sur tatamis ! »

Allez, je vous épargne chers lecteurs, on a récupéré la moto en pleine forme. On a trouvé un studio tout propre dans The Street de Vladivostok et, miraculeusement on a un temps précieux pour découvrir la ville du terminus du transsibérien.
 

Séance de Google Trad.

 

 

Alors un p’tit topo de la ville ?

On dit qu’elle est comparée à San Francisco et je trouve que c’est un peu vrai, tout en colline et tout en verdure printanière. Il fait chaud, la baie de l’Amour s’étale devant elle, le pont pourrait être le Golden Gate Bridge en plus petit. Pas de tramways mais un funiculaire.
 

 

Visite du sous-marin

Le doux couinement de la passerelle !

Le Funiculaire près de la Fosse aux Ours, c’est ici, pas à Lyon!
 

La Montée

St Cyril et St Méthode
Regardez bien, il y a deux ponts
La Descente

La ville est restée longtemps fermée tant aux russes eux-mêmes qu’aux étrangers parce que c’était la base militaire de la flotte russe du Pacifique.
 

Jean-Luc a lu sur Courrier International (2009) que les chinois proposaient de louer aux russes une partie de la ville avec douane et tutti quanti. J’ignore si le projet a abouti mais ce qui est certain c’est que coréens et chinois semblent tellement nombreux qu’on dirait qu’il n’y a plus de russes. Ok, ce sont des touristes qui débarquent soit du transsibérien soit des ferries et qui piaillent de joies comme des gamins et qui se baladent au bout d’une perche à soi-même !
 

 

 

 

Les chinois si proches ont de gros atouts dans leur poche pour investir cette ultime partie orientale de la Sibérie : des investisseurs et des sous.

Cela dit, la sensation est bizarre de passer des steppes désolées et pauvres à cette ville où explosent les immeubles neufs, les rues parfaites et si clean, les boutiques luxueuses, des vieux bâtiments parfaitement rénovés, des théâtres, des restaurants et les voitures idem : Lexus, BMW, Mercedes et autres méga Pajero Mitsubishi. La libéralisation a bien fonctionné pour certains …
 

Recyclage !

 

 

Une ville qui bouge, qui vit, qui frétille et la baie si bleue en toile de fond, c’est surprenant.

Alors, on savoure, on se balade sur la promenade des russes, on fait nos courses et on se tape les côtes et les descentes, j’ai un nouveau pantalon et des nouvelles chaussures, les autres baillaient aux corneilles. On déambule dans la jolie rue piétonne Fokina Oulista qui plonge dans la baie.
 

 

 

 

 

 

Chose curieuse: si des ouvriers ont fait la Révolution il y a 100 ans, maintenant, d’autres construisent des cathédrales.
 

On est allé vérifier que la moto était bien derrière les barrières de la douane. On s’est dit que mardi, Jean-Luc serait appelé pour la faire démarrer (vous vous rappeler le problème de la clé qui coinçait ?)
 

Vous avez vu, elle est rutilante! Faut dire qu’un véhicule propre est une exigence niponne et nous avons dû nous y plier…

C’est pas de la neige, c’est du savon!

On a lancé des bravos aux coureurs du semi-marathon, rit avec nos voisins spectateurs. Fait le plein de sommeil, de soleil, de bonheurs avec un ‘s’.
 

 

Départ du 21 km !

Danseuses en herbe!

Tout le monde danse !

Ce que Jean-Luc a aimé

  • Lire que les sanctions européennes ont eu un effet inespéré pour les russes qui frisent l’autosuffisance. Ils exportent depuis 2015, 60 % de leur blé et les agriculteurs sont maintenant subventionnés. Au niveau commerce, on s’est encore une fois bien fait berner par les américains !
  • Sourire de la facilité avec laquelle les russes font la queue. Une file immense rien que pour avoir un maquillage de fête, ou pour avoir des prospectus et des babioles gratuites, c’est vrai on ne voit pas ça en France.
  • Manger des pirojkis, petits chaussons fourrés à la viande version russe des empenadas argentines et finalement propre aux pays où les cultures maraîchères sont insuffisantes à cause du climat.
  • Me photographier photographiant n’importe quoi.

N’oublions pas Lénine!

Ce que Dominique a aimé

  • Avoir enfin un pantalon propre et un autre neuf et à ma taille qui ne tombe pas tout seul parce que j’ai perdu des kilos.
  • Regarder les asiatiques prendre et se prendre en photo.
  • Admirer les affiches de théâtres et rêver de voir Anna Karénine à l’affiche en ce moment. En russe, c’est trop compromis…
  • Visiter le sous-marin C56 qui fut un fleuron de la flotte du Pacifique.

 

 

  • Photographier n’importe quoi.

 

 

 

 

 

 

 

Jean Luc, photographe pour chinois!

A tous, à bientôt en direct du Japon, ne soyez pas inquiet sans nouvelles, on ne sait pas quand, cela dépendra s’il y a du Wifi ou des prises électriques sur le bateau.

Merci d’être si nombreux à nous suivre.  Vive WhatsApp, vive Messenger, vive les courriels et bonjour l’amitié, bonjour la tendresse et merci à cette humanité qui nous entoure et à chaque voyage nous émerveille !

 

De Vladivostok

Le 14 mai 2018

Nous quittons le pays des Bouriates, le lac Baïkal, le monde des chamanes, ses mystères et ses secrets, pour rejoindre Irkoutsk.
 

 

 

 

 

 

 

 
Nous reprenons le même hôtel où une délicate attention nous attendait, l’image d’un motard et écrit « Bienvenue » en français.

Très vite nous renfilons nos vêtements « civils » pour rejoindre le grand Park de la ville où se déroulent les festivités du 9 mai, fête de la victoire avec un jour de décalage avec la France.
Tout le centre-ville est piéton et d’ailleurs, et c’est pour cette raison qu’il a fallu user du JLB GPS pour rejoindre l’hôtel à notre arrivée dans la ville. Nous avons manqué les défilés officiels, puis tous les défilés des familles portant la photo de leurs proches disparus à la guerre au bout d’une pancarte. Nous avons rencontré une dame et sa fille qui avaient perdu père et grand-père.

Elles expliquaient que chaque année, commémorer leurs disparus était faire vivre la mémoire de leur sacrifice. Quelle différence avec notre 8 mai qui n’est devenu qu’un banal jour férié !
La journée est festive et sur une grande scène entourée de gradins aux couleurs de la Russie, se succèdent, musiciens, chanteurs, danseurs dans une ferveur et une liesse bon-enfant.
 

 

 

 

 
Que ça fait du bien de vivre ça !

Dans le parc où les gens agitent une colombe blanche et arborent une cocarde du souvenir, achètent calots et drapeaux au milieu des glaces et autres friandises, nous nous asseyons sur un banc à côté d’un jeune couple et grâce à Google Trad, la discussion va bon train. Ils aiment leur pays, le trouvent trop pauvre, adorent la musique de la langue française et lui, nous avoue élever un ours. Blague ou réalité, nous ne saurons pas !
Ce n’est qu’au soir que nous rejoignons nos pénates, ravis tant des rencontres que de notre journée et nous endormons au son du feu d’artifice.
Chaque hameau, chaque village, aujourd’hui avait accroché à la palissade, qui un drapeau de la Russie, qui un drapeau Rouge.

Et le lendemain …

Nous avons quitté Irkoutsk en direction de Vladivostok, après avoir appris que la route s’avèrerait une terrible épreuve : 1 500 km de piste annoncés, 500 km de travaux sur les 3 800 km qui sont à parcourir, c’est trop énorme comme défi pour l’équipage que nous menons. Nous avons conscience de deux choses : la chance inestimable d’être arrivé jusque là et l’immense fatigue que nous ressentons certains soir, bien peu propice pour supporter de rouler sur une piste des jours entiers.

Le voyage est une métaphore de la vie. Il y a le froid, la fatigue, la crainte du logis du soir, la crainte de l’accident, de la chaussée impitoyable, mais à la fin, il ne nous restera à l’esprit que les isbas noircies, les bouleaux qui en quelque jours éclatent du vert tendre de leur frêle feuillage, la glace bleue du Baïkal, la soupe chaude réconfortante, les pouces levés des gens que nous croisons ou qui nous dépassent, les rencontres éphémères, et nos rires, ensemble quand nous arrivons à l’étape.

Il ne faut pas sacrifier nos rêves, les autres ont besoin de nous, et nous, nous avons besoin de les savoir heureux.
Alors, on vit, on avance vers l’inconnu, on vieillit ensemble sur cette route infinie, par-dessus les ornières, celles du chemin, celles de nos âmes, de nos erreurs et on fait des choix, main dans la main.
Quand on fait des choix, c’est qu’il y a plusieurs options tentantes et c’est donc forcément difficile. Et quand le choix est posé, à deux, on ne se retourne plus dans le regret et on avance.
C’est comme ça que nous sommes passés de la Route Transsibérienne au train Transsibérien qui va à Vladivostok.
 

 

 

Selfie à la mode d’autrefois

 

  
La moto, partie un jour avant nous arrivera un jour plus tard que nous.
Trouver l’endroit du fret, expliquer ce que l’on veut, et réussir, c’est déjà une petite victoire.
 

 

 

 

 

 

 

Trois nuits, quatre jours pour atteindre Vladivostok depuis Irkoutsk.
Un temps propice pour parler, pour rêver, pour regarder ce paysage si vaste, la Taïga encore enneigée, les steppes désertes où sont posés de pauvres villages sur l’herbe qui verdit.
C’est prendre le temps de penser à toutes ces vies qui défilent, à la difficulté de leur survie dans cet environnement qui, s’il nous semble romantique est pourtant certainement hostile.
 

 

 

 

 

 

 

 


Ce n’est pas pour rien que de nombreux goulags ont été installés sur cette route, les premiers pour une fonction économique pour construire la voie ferrée, les suivants, pour le redressement et la punition.

Aux portes d’un goulag, on pouvait lire « D’une poigne de fer, nous conduirons l’humanité vers le bonheur ». Je ne sais pas ce que les zeks en pensaient.
C’est le temps de penser au confort de nos existences et quand nous voyons toutes ces maisonnettes entourées de palissades pour se protéger des loups et des ours, ces maisonnettes avec leur petit potager, le lac et le fleuve pour pêcher, il est facile de comprendre leur vie si rude.

La vie dans le train

Quand on prend le Transsibérien, faut déjà savoir que les horaires sont tous à l’heure de Moscou. Aussi faut-il bien calculer le décalage horaire, au risque de se retrouver à quai à attendre ou à pleurer du train déjà parti ! Qu’on se rassure, nous connaissions la chose !
Chaque Wagon, que ce soit les 3èmes, 2èmes ou 1ères classes ont leur provodnik si c’est un homme, ou leur provodnitsa si c’est une femme. Ils ont l’entière et absolue responsabilité et sécurité de leur wagon et font la pluie et le beau temps.

 

Tenue d’hiver

 

Tenue d’été
Tenue de ménage

La notre, Tania, est très souriante, aimable, dit quelques mots d’anglais et se met en quatre pour nous faciliter la vie et nous vendre toutes ses babioles (glace, tasse à thé, peluche de foot …). Elle passe l’aspirateur entre nos jambes, m’entraîne entre deux wagons pour fumer, chut, chut, c’est interdit ! De toute évidence, elle craint énormément la Police du Rail.

La nuit succède au jour, nous mangeons nos provisions, concombre, tomate, banane, une grosse saucisse fumée, mais à cuire, que Jean-Luc ne gâchera pas ! A une extrémité de chaque wagon, le samovar est bien utile pour le café et les nouilles lyophilisées.

Nous avons choisi d’être en première classe pour avoir la tranquillité d’un compartiment à deux couchettes (n’oublions pas que Jean-Luc ronfle !). C’est quand même mieux que celui à quatre couchettes ou celui à 58 (oui, cinquante-huit !) où, lorsque nous le traversons pour aller au wagon restaurant, les odeurs de pied, de nourriture et de tinette sont très prégnantes.
 

 

Selfie à la mode d’autrefois

 

 

 

Cette parenthèse sur rail est comme un nouveau souffle et le bercement du train, la quiétude feutrée qui y règne nous offre un véritable repos, une sorte de bulle dans laquelle on se laisse porter …

A Khabarovsk, à 300 km du Pacifique. Le train a traversé le fleuve Amour. La campagne a enfin enfilé ses fringues d’été et à l’arrêt, à la gare, sentir maintenant la douceur de l’air est bien agréable.
Nous longeons la Chine depuis un long moment et j’ai pu me rendre compte à quel point notre provodnitsa comme les autres n’aiment pas les chinois. Son visage méprisant et les mots marmonnés en disent long …

Nous sommes à 12 heures de Vladivostok et nous allons terminer nos provisions au repas du soir avant de nous laisser bercer une dernière nuit.

Ce que Jean-Luc a aimé :

  • Voir parfaitement le paysage, tant à droite qu’à gauche sans la crainte de tomber dans un nid de poule par inattention.
  • Piquer un roupillon avec la steppe qui défile derrière lui.
  • Se laisser bercer par les longs mouvements du train.
  • Pouvoir parler tout son sou et pas à travers le micro du casque

Ce que Dominique a aimé :

  • Etre couchée des heures dans sa position favorite de lecture.
  • Regarder la taïga qui défile.
  • Manger du chocolat à n’importe quelle heure.
  • Les jolies tasses à thé du wagon
  • Acheter des pirosky sur le quai de la gare, sorte de beignets fourrés au fromage, très bons, très gras, très caloriques !
  • Photographier n’importe quoi
    Dominique photographiant n’importe quoi

     

Ce que Dominique n’a pas aimé :

  • Devoir attendre entre 3 et 4 heures entre deux gares pour pouvoir fumer sur le quai, seul lieu autorisé.
  • Se faire presque attraper par la Police du Train pour avoir fumé en douce entre deux wagons.
  • Découvrir que la saucisse fumée mériterait d’être cuite. Ça n’a pas dérangé Jean-Luc.

PS n°1 : Merci à tous nos supporters

PS n°2 : Merci à Bruno de Normandie pour l’éloge que nous recevons avec un immense plaisir.

PS n°3 : Tous nos frères et sœurs et enfants, racontez bien nos aventures à nos Vieux Parents.